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Théme 1: Comprendre un régime politique : la démocratie (Axe 1 et 2)
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Dans ce document vous trouverez le cours sur le Thème 1 : Axe 1: - Penser la démocratie : directe ou représentative. Axe 2:- Avancées et reculs des démocratie L'étude conclusive sera une partie à part ainsi que les fiches de révision
1ère
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Hggsp CONTEXTE CONTEXTE Athènes Entre 507 et 338 avant J.-C., la cité d'Athènes invente un nou- veau système politique fondé sur l'égalité des droits des citoyens. Après la monarchie (gouvernement d'un seul) et la tyrannie (gouvernement absolu), l'Athénien Clisthène propose une réorganisation des familles et des clans et dresse la liste des citoyens. Ce sont des hommes libres, ayant exercé leur service mili- taire, nés de parents athéniens: environ 15 % de la population à l'époque de Périclès (fin du ve s.). Ils sont tous égaux devant la loi (isonomie), ont le droit de parole et ont les mêmes devoirs (service une démocratie directe Si l'idéal démocratique repose sur la décision directe du peuple, l'essor démographique et la complexité des affaires publiques rendent sa réalisation difficile. Au Moyen Âge, les assem- blées judiciaires ou de conseil royal, comme la Chambre des com- munes britanniques (1295) ou les États généraux en France (1302), se veulent les représentants des ordres du peuple et regroupent des membres de la noblesse, du clergé et des habitants des villes (bourgeoisie). Aux XVIII et XIXe siècle, la plupart des États européens ont expérimenté des formes d'assemblées, soit représentatives de la seule noblesse, soit des ordres, soit de la population la plus riche, militaire, magistratures tirées au sort). Athènes invente la démo- cratie directe: quatre fois par mois les citoyens se...
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retrouvent pour débattre à l'Assemblée (Ecclésia). Des contre-pouvoirs existent qui vérifient la régularité des décisions ou la bonne appli- cation des lois. Fondée sur la capacité à parler et à convaincre, la démocratie directe athénienne peut être sensible à l'influence des grands orateurs, comme Périclès. Pour éviter le risque de tyrannie, l'exil d'un citoyen jugé trop influent ou menaçant pour la démo- cratie est possible (ostracisme). soit de toute la population. En France, la lle République (1848-1851) et surtout la IIle République (1875-1940), par l'élection au suf- frage universel des députés organise la représentativité complète des citoyens. L'Assemblée élit le président du Conseil, contrôle le gouvernement, décide de l'impôt ou vote les lois. (v. 495-v.429 av. J.-C.) ACTEUR CLÉ Périclès Homme politique athénien, magistrat chargé de la défense de la cité (stratège) pendant trois décennies. Il développe la puissance économique et maritime d'Athènes, élargit l'accès à la citoyenneté et transforme le paysage urbain en rénovant l'Acropole. CONTEXTE Les origines de la démocratie. La démocratie se met en place à Athènes au début du v siècle av. J.-C. à l'issue de réformes politiques et de victoires militaires contre l'envahisseur perse (Marathon, Salamine), à la suite des guerres médiques. Les Athéniens acceptent de gouverner les uns avec les autres et de ne plus réserver le pouvoir à une élite (oligarchie). • L'invention d'un système égalitaire. La démocratie provient de deux principes égalitaires : l'égalité devant la loi (isonomie) et l'égalité de parole (isêgoria) des citoyens à l'Assemblée populaire (Ecclésia). La pratique du pouvoir au sein d'institutions rénovées et ouverte à l'ensemble du démos (corps civique) a fait naître la démocratie notamment à l'époque de Périclès (461-429 av. J.-C.). • La puissance d'Athènes. Forte de son prestige maritime, Athènes domine les autres cités du monde grec qu'elle fédère au sein de la ligue de Délos à partir de 477 av. J.-C. Jusqu'à la fin du ve s. (404 av. J.-C.), les cités amies paient à Athènes un tribut qui finance la cité-État et ses transformations. VOCABULAIRE Cité. En grec: Polis. Type d'État indépendant composé d'un centre urbain, d'un territoire et d'une zone frontière. Oligarchie. Du grec oligos (petit nombre) et arkhê (commandement). Forme de gouvernement où un petit groupe de personnes détient le pouvoir et l'exerce sur la majorité. Il peut s'agit des meilleurs (aristocratie), des plus âgés (gérontocratie), des plus compétents (technocratie) ou des plus riches (ploutocratie). Misthos. Indemnité journalière versée à certains citoyens au ve siècle, à tous au IVe siècle. |||||||||||||||||| |||||||||||||||||| CONTEXTE Les droits et devoirs du citoyen athénien. En plus de leurs fonctions politiques, les citoyens bénéfi- cient de la protection des lois et du statut de proprié- taire. Ils doivent en contrepartie à la cité d'Athènes le service militaire (éphébie), la participation à la guerre et aux dépenses de la ville pour les représentations théâ- trales et les grandes fêtes religieuses (Panathénées). • Un idéal d'égalité à relativiser. Les citoyens com- posent le démos ou corps civique. Il est fermé à la majo- rité des Athéniens qui sont non-citoyens : les femmes, les enfants, les métèques et les esclaves. Tous sont libres sauf les esclaves et les filles de non-citoyens. 1 Une minorité de citoyens Tyrannie. Du grec tyrannos (maître). Forme de gouvernement où le pouvoir absolu est détenu par une seule ATTIQUE : 300 000 à 340 000 habitants CITOYENS 10% FEMMES ET ENFANTS DE CITOYENS ≈ 40 % ETT T I personne qui l'a obtenu de manière illégale, ou pour une durée déterminée en cas de danger pour la cité. MÉTÈQUES ≈ 10% ESCLAVES ≈ 40 % Les adversaires d'Athènes. Pendant le v siècle, l'hégémonie d'Athènes est assurée par la ligue de Délos contre la cité de Sparte, dont le régime est oligarchique. Sparte rallie dans la ligue du Péloponnèse des cités grecques pour affaiblir Athènes et ses alliés. Cependant, la démocratie athénienne survit à ces épreuves et se maintient dans le monde grec jusqu'à la fin du IVe siècle. libres 1 non libres non citoyens 1 Métèque. Étranger résidant à Athènes en contrepartie du métoikion, la taxe de résidence. Il est libre mais non-citoyen. (485-425 av. J.-C.) ACTEUR CLÉ Hérodote Né à Halicarnasse, actuelle Turquie, il a mis à profit les enseignements tirés de ses voyages pour raconter les guerres entre les Grecs et l'Empire perse dans L'Enquête, considéré comme le premier ouvrage qui explique les faits, et ne se contente pas d'en faire le récit. À ce titre il est considéré comme le premier Hggsp CONTEXTE Benjamin Constant une démocratie representative Entre 1815 et sa mort en 1830, Benjamin Constant est un homme politique d'opposition. Marqué par son ralliement à Napoléon lors des Cent-Jours (1815), il perd toute influence lors du rétablisse- ment de la monarchie (Restauration). Louis XVIII (1815-1824) puis Charles X (1824-1830) créent une monarchie parlementaire, mais la Chambre des députés est élue au suffrage censitaire : seuls les riches votent. passé révolutionnaire. Il appelle pour cela à un plus grand contrôle des pouvoirs. En 1819, dans son discours De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, il avertit du risque que courent ceux qui abandonnent leur pouvoir aux représentants sans les contrôler. Élu député en 1819, il siège à gauche, dans l'opposition libérale au pouvoir conservateur. Jusqu'en 1830, il multiplie les discours favo- rables à la liberté de la presse, de religion, des échanges, et contre l'esclavage maintenu dans les Antilles. Très hostile au raidissement du régime monarchique, qui veut contrôler totalement la presse, il favorise, avec La Fayette, la révolution qui renverse Charles X et installe le roi modéré Louis-Philippe ler. Journaliste, il s'oppose aux partisans du rétablissement d'une monarchie absolue Il devient célèbre en 1817 en enquê- tant sur le procès d'un ancien partisan de Robespierre, Wilfrid Regnault, faussement accusé d'avoir assassiné une veuve : il prouve que les juges l'ont condamné non pour les faits mais à cause de son (1767-1830) Benjamin Constant Romancier et homme politique, Benjamin Constant de Rebecque est considéré aujourd'hui comme l'un des grands théoriciens du libéralisme politique et économique. Né en Suisse, républicain, il rejoint Bonaparte en 1799 mais siège dans l'opposition. À partir de 1801, avec Germaine de Staël, fille du banquier réformateur Necker, il anime à Coppet, près de Genève, un cercle d'artistes et d'écrivains, groupe d'adversaires libéraux et romantiques à Napoléon Bonaparte. Opposant libéral à Napoléon puis à Louis XVIII, Constant est élu député en 1819. «J'ai défendu quarante ans le même principe, liberté en tout, en religion, en philosophie, en littérature, en industrie, en politique: et par liberté, j'entends le triomphe de l'individualité, tant sur l'autorité qui voudrait gouverner par le despotisme, que sur les masses qui réclament le droit d'asservir la minorité à la majorité. Le despotisme n'a aucun droit. »> COURS Comment la souveraineté du peuple peut-elle s'exprimer le plus efficacement? VOCABULAIRE Monarchie limitée. Forme de gouvernement où le monarque partage les pouvoirs avec des instances élues, il s'agit d'une monarchie parlementaire ou constitutionnelle. Elle offre donc un cadre démocratique aux citoyens. Démocratie directe. Du grec demos (peuple) et kratos (pouvoir). Forme de gouvernement où l'ensemble des citoyens partagent et exercent directement le pouvoir au sein d'institutions séparées, sans représentants. Penser la démocratie: directe ou représentative? République. Forme de gouvernement au sein de laquelle le pouvoir est exercé par des personnes élues, démocratiquement comme non- démocratiquement. ACTEURS CLÉS 36- THÈME 1 (1632-1704) ■ Penser la démocratie : le modèle athénien La démocratie athénienne du v siècle avant J.-C. représente le premier modèle démo- cratique pour l'Occident. «Pouvoir du peuple», la démocratie ne représente pas seule- ment la mise en place d'institutions politiques réunissant les fonctions citoyennes, elle implique une manière de vivre plus égalitaire dans tous les domaines de la vie sociale. L'exclusion des femmes et des étrangers de la vie civique manifeste cependant les limites de ce régime égalitaire qui autorise par ailleurs l'esclavage. Ainsi, le mythe de la démo- cratie athénienne véhiculée dans nos sociétés modernes a-t-il omis ces réalités. Lors de la Renaissance du XVI° siècle, les références à l'Antiquité idéalisée refleurissent et l'idéal démocratique se développe en Europe. Seul le royaume d'Angleterre avait déjà envisagé une limitation des pouvoirs du monarque. En 1215, la Magna Carta donne aux barons anglais des prérogatives nouvelles, limitant quelque temps la centralisation du pouvoir royal et établissant une monarchie limitée. Au sein du christianisme, l'élection de l'abbé dans les monastères, ou l'élection du pape à Rome, s'organisent librement. Seule expé- rience de démocratie directe, plusieurs villes suisses décident, dès lexve siècle, l'assem- blée de tous les citoyens plusieurs fois par an. ■Penser et pratiquer la démocratie représentative Les démocraties occidentales sont nées de révolutions remettant en cause la monarchie absolue et instaurant le principe d'égalité des droits. Après deux révolutions, le royaume d'Angleterre met en place le premier régime démocratique garantissant les libertés fon- damentales. Deux textes protègent désormais les principes démocratiques. L'Habeas Corpus fixe l'interdiction des arrestations arbitraires en 1679 et la Déclaration des Droits (Bill of Rights) donne des pouvoirs au Parlement qui limite ceux du souverain à partir de 1689. Fort de ces évolutions, des philosophes comme John Locke ou des juristes comme Montesquieu ou Hobbes s'interrogent sur le rôle de l'État dans sa relation aux citoyens. Un siècle plus tard en 1776, la création des États-Unis d'Amérique s'élabore sur le modèle démocratique et instaure une république tandis que la Révolution française célèbre la John Locke Philosophe anglais, pionnier du libéralisme, il a montré l'importance des droits individuels dans le cadre de la monarchie parlementaire naissant en Angleterre, notamment dans l'ouvrage Du Gouvernement civil (1690). (1689-1755) Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu Philosophe des Lumières, écrivain et juriste, il analyse la société de son temps et les institutions politiques. Il publie De l'Esprit des Lois en 1748: il y définit l'État comme une « société où il y a des lois », société dans laquelle le citoyen est tenu désormais non plus d'obéir à un roi de droit divin mais à des textes de lois que l'autorité doit exécuter. Celle-ci est organisée selon la séparation des pouvoirs. souveraineté nationale en 1789. Elle encadre les droits et libertés fondamentales du citoyen (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen) et abolit les privilèges de la noblesse et du clergé. Tout au long du xixe siècle, les réflexions d'un Benjamin Constant ou d'un Tocqueville continuent d'interroger l'efficacité des organisations politiques. Le système démocratique représentatif complet n'est adopté qu'à partir de 1879, au moment où la II République applique la séparation des pouvoirs et reconnaît les pre- miers droits sociaux. Ce système reste néanmoins masculin: comme à Athènes, les Fran- çaises sont exclues de la vie civique jusqu'à l'ordonnance d'avril 1944. Au-delà des pratiques démocratiques,-élections libres, suffrage universel ou référendum-, la démocratie implique une culture où les libertés et les droits individuels deviennent cen- traux. Cette culture dépasse le cadre des régimes politiques. La Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) est signée par les membres des Nations unies et marque la reconnaissance par tous les États signataires, démocratiques comme non démocratiques, des principes tels que l'égalité entre sexes, le droit à la vie ou l'égalité devant la loi. La démocratie est un régime fragile Au début du xx siècle, la démocratie devient plus qu'un régime politique, elle représente un modèle de pensée au sein duquel la liberté prévaut. La démocratie libérale naît du mariage du régime politique démocratique et de l'idéologie libérale. Elle est donc deve- nue une manière de penser le monde. Seulement, si elle se positionne en modèle en Occident, elle subit deux grandes crises. La première correspond à la montée des régimes totalitaires à partir des années 1920 en Europe. Le fascisme, le stalinisme et le nazisme combattent l'essence de tous les principes démocratiques. Après la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre de la guerre froide, le modèle de la démocratie libérale défen- du par les États-Unis s'oppose à celui du communisme totalitaire. La chute du mur de Berlin en 1989 marque finalement la victoire du modèle occidental. Les pays d'Amérique latine se démocratisent dans les années 1980, les anciens pays soviétiques d'Europe de l'Est dans les années 1990, et en 2011, les Printemps arabes permettent à la Tunisie de devenir une démocratie. Mais parallèlement, à partir des années 1980, la mon- tée des inégalités économiques et sociales produit la seconde crise du modèle, celle de la représentativité. Les citoyens ne se sentent plus représentés de manière juste par leurs élus. Le mouvement des Indignés en 2011, le Mouvement 5 étoiles en Italie ou celui des gilets jaunes fin 2018 en France, souligne la soif de démocratie directe instillée par les réseaux sociaux. DATES CLÉS 479-404 1215 1679 1689 1789 1848 av. J.-C. +++ Apogée de la Magna Carta: Bill of Grande Charte Rights démocratie en Angleterre athénienne Habeas 26 juillet: Corpus Déclaration +++ des droits de l'homme et du citoyen en France NEW Suffrage universel masculin en France 1944 Suffrage universel masculin et féminin en France TEVIATHAS 1948 739 NOT VOCABULAIRE Souveraineté nationale. Principe selon lequel la source de l'autorité politique est la nation, formée par l'ensemble des citoyens. Démocratie représentative ou indirecte. Forme de gouvernement où l'ensemble des citoyens est représenté par une ou des assemblée(s) élue(s). Démocratie libérale. Idéologie et for de gouvernement qui associent le fonctionnement de la démocratie aux principes du libéralisme (protection des libertés individuelles, liberté d'entreprendre, d'être propriétaire). Régime totalitaire. Forme de gouvernement dirigé par un chef qui contrôle un parti unique, doté de polices de répression organisées, ciblant des ennemis à abattre et ne donnant aucune liberté, publique ou privée, aux individus. Frontispice du Leviathan de Thomas Hobbes (1651) Les hommes délèguent leur droit naturel à un souverain qui utilise la force absolue pour imposer la paix civile. Contre cette idée de monarchie absolue naturelle, Locke et Montesquieu théorisent l'existence de contre-pouvoirs parmi lesquels l'assemblée représentative. 1980- 1990 1991 Années 1990 2011 ++ + Déclaration Démocratisation Chute de Démocratisation universelle de l'Amérique I'URSS des pays des droits latine et victoire de l'Est du modèle de la démocratie libérale de l'homme Début des printemps arabes AXE 1- Penser la démocratie: directe ou représentative ? - Hggsp CONTEXTE CONTEXTE Tocqueville une démocratie tyrannique La démocratie libérale au début du xx siècle Au début du XXe siècle, le régime politique de la démocratie libé- rale ne s'est imposé que dans un nombre très limité de pays, qui ont connu un développement économique certain et qui possé- daient des structures sociales et une identité culturelle proches (États-Unis, Royaume-Uni, etc.). En effet, le concept de démocratie libérale, qui fait la synthèse de deux notions antagonistes, le libé- ralisme et la démocratie, n'a réellement émergé qu'au XIXe siècle. Le monde était alors dominé par les régimes autoritaires, qu'ils La démocratie libérale au xxx siècle Certains politologues (Francis Fukuyama) et historiens pensaient qu'à la fin de la guerre froide (1991), la démocratie libérale allait nécessairement s'imposer sur l'ensemble de la planète, au détri- ment des autres idéologies politiques. S'il est indéniable que le nombre d'États démocratiques a augmenté depuis 1914, ce régime ne s'est pas généralisé à l'ensemble des pays, loin s'en faut. En 2018, on compte 76 pays ayant adopté la démocratie libé- rale. On observe qu'elle est majoritaire sur le continent américain soient des empires (Russie, Chine) ou des monarchies. Ils étaient alors les plus nombreux, majoritaires en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'en Asie. En 1914, on ne compte qu'une quinzaine d'États démocratiques dans le monde. et en Europe; mais ce n'est pas le cas en Afrique et en Asie, où les régimes autoritaires sont les plus nombreux. On constate même, ponctuellement, un recul du nombre d'États démocratiques; ainsi la Russie depuis 2012 et la Mauritanie depuis 2015 ont perdu ce statut. Certains auteurs utilisent les notions de «démocratures >> (construite à partir de «démocratie» et «dictature») ou de « démocraties illlibérales » (Fareed Zakaria). CONTEXTE (1805-1859) • Un observateur critique. L'approche de Tocqueville est originale car il est d'abord un obser- vateur. Il saisit, durant son voyage en Amérique en 1830, que la « révolution démocratique » est un «fait irrésistible». Les États-Unis lui apparaissent comme l'objet d'étude permettant de com- prendre la modernité, qu'il voit comme le passage inéluctable d'un monde aristocratique à un monde démocratique, où dominera l'égalité des conditions. ● La démocratie américaine est pour lui un laboratoire de la démocratie et de l'égali- sation des conditions. Il analyse les particularités de l'histoire, la société, l'organisation politique, et les mœurs des États-Unis de l'époque pour comprendre pourquoi la démocratie moderne s'y est développée, et en déduire les caractéristiques de ce qu'il appelle l'esprit démocratique, qu'il pense destiné à se généraliser notamment en Europe. Alexis de Tocqueville Né dans une famille de petite noblesse normande antirévolutionnaire, devenu magistrat, il soutient Louis-Philippe ler lors de la révolution de 1830 et part étudier le système carcéral américain pour le compte du gouvernement français. Il en tire De la Démocratie en Amérique, qui paraît entre 1835 et 1840. Député de la Manche en 1839, il s'oppose au conservatisme du roi et rejoint les partisans de la lle République en 1848. Conservateur, il devient ministre des Affaires étrangères du président Louis-Napoléon Bonaparte, mais s'oppose à son coup d'État (1851). Il meurt de la tuberculose en 1859, en laissant inachevés L'Ancien Régime et la Révolution et ses Souvenirs, réflexions sur la révolution de 1848. Son œuvre est redécouverte par le philosophe et politologue Raymond Aron, qui voit en lui un des fondateurs de la sociologie politique; Tocqueville est devenu une référence pour les historiens de la Révolution et de la naissance de l'idée démocratique, comme François Furet. CONTEXTE En 1840, le 2e volume de De la Démocratie en Amérique s'emploie surtout à analyser les aspects négatifs du modèle améri- cain et de la «révolution démocratique»> Tocqueville met en garde ses concitoyens contre «les périls» que courent les socié- tés démocratiques. Parmi ces périls, Tocqueville voit le danger de la «tyrannie de la majorité », prévoit le gouvernement de l'opinion, et prédit l'abaissement du langage et de la capacité critique. Il met enfin en garde contre le triomphe de l'individualisme, qui ouvre la voie aux démagogues et aux populistes. Démagogie. Pratique politique par laquelle le dirigeant manipule le peuple par un discours flatteur ou utilisant les peurs ou les frustrations du peuple. Pour la vie politique, Tocqueville décrit la possibilité d'un nouveau type de despotisme propre aux sociétés démocratiques Profitant du désintérêt des citoyens pour leurs devoirs politiques, des ambitieux sans scrupule, ou des factions parlant «au nom d'une foule absente et inattentive », pourraient installer un pouvoir décrit comme une tyrannie douce. Populisme. Pratique Despotisme. Régime politique qui oppose le peuple aux élites élues et représentatives, considérées comme éloignées de ses intérêts. politique dans lequel le dirigeant gouverne sur tout et sur tous, par la peur, sans limites rationnelles. Hggsp CONTEXTE Le Chili est une démocratie depuis 1925, avec l'adoption d'une Constitution d'inspiration démocratique et libérale. Dès les années 1930, des gouvernements issus d'élections libres se suc- cèdent, sans difficultés majeures. Le système des partis est relativement stable. En 1969, six partis de gauche (Parti commu- niste, socialiste...) et du centre gauche concluent une alliance qui permet la création de l'Unité populaire (UP), qui soutient Salvador Allende à l'élection présidentielle du 4 septembre 1970. Au cours de l'année 1973, la situation économique du Chili est catastrophique; le PNB diminue, l'inflation explose et la dette externe s'élève à plusieurs centaines de millions de dollars. Ces difficultés entraînent une crispation de la vie politique, avec des affrontements verbaux violents entre les différents partis politiques. De plus, la situation est très tendue dans les uni- versités où des groupes étudiants manifestent contre un projet d'unification du système universitaire. Au sein de l'armée, Allende (1915-2006) Augusto Pinochet Le Chili Celui-ci l'emporte, avec une majorité relative. Il obtient 36,3 % des voix, Alessandri le candidat de la droite, 34,9 % et Tomic, celui de la démocratie-chrétienne, 27,8 %. Allende souhaitait construire une nouvelle société basée sur le socialisme, dans le cadre d'une démocratie. Malgré les réformes entreprises, les difficultés économiques génèrent de la violence dans tout le pays. Cette situation instable amène un putsch militaire le 11 septembre 1973, dirigé notamment par Augusto Pinochet. Militaire, il prend le pouvoir au Chili, à la faveur d'un coup d'État dont il est l'un est de plus en plus contesté, malgré le soutien de quelques géné- raux. Une tentative de putsch militaire a lieu en juin, finalement avortée. En août 1973, l'amiral Merino (marine), le général Leigh (aviation) convainquent le général Pinochet, récemment nommé commandant en chef, de se joindre à eux pour réaliser un coup d'État, indirectement soutenu par Washington. Ils forment une junte militaire qui prend le pouvoir le 11 septembre 1973. Allende se suicide plutôt que d'être arrêté par les putschistes. des instigateurs. Il exerce de 1973 à 1990 une dictature qui s'illustre par de nombreux crimes (pratique de la torture, exécutions sommaires). (1908-1973) Salvador Allende Homme d'État chilien. Il se lance dans l'action politique alors qu'il est étudiant en médecine, contestant la dictature de Carlos del Campo. Médecin dans les bidonvilles, il côtoie la grande misère des classes populaires. Il cofonde le Parti socialiste chilien en 1933 dans le but de traiter les nombreux problèmes sociaux du pays. Député, sénateur, ministre, il échoue trois fois à l'élection présidentielle chilienne (1952, 1958, 1964) mais finit par la remporter en 1970. Il se suicide lors du coup d'État du 11 septembre 1973. Hggsp CONTEXTE w‒‒‒‒‒‒‒ Le Portugal Le 25 avril 1974, un coup d'État organisé par une partie de l'armée renverse la dictature ins- taurée par Antonio Salazar (1932-1968) et poursuivie par Marcelo Caetano. Dans un contexte de difficultés économiques et d'une grande lassitude née des guerres de décolonisation (Angola, Mozambique) la «révolution des Œillets» se déroule quasiment sans effusion de sang. Mais certains capitaines comme Otelo de Carvalho et le nouveau président, Antonio Spinola, se heurtent à l'opposition des partis politiques. De plus, un putsch conservateur échoue le 11 mars 1975, ce qui montre que la mise en place du régime démocratique est très fragile. Les premières élections libres se déroulent le 25 avril 1975, remportées par les socialistes. Des officiers d'extrême gauche orchestrent à leur tour une tentative de coup d'État, rapidement avortée. Une nouvelle Constitution est promulguée le 2 avril 1976. Le Parti socialiste gagne les élections législatives du 25 avril 1976. En juin, le général Ramalho Eanes est élu, au suffrage universel, président de la République. (1924-2017) ACTEUR CLÉ Mario Soares Homme d'État portugais. Il s'oppose à la dictature de Salazar puis à celle de Caetano. Exilé en France, il devient l'un des principaux cadres du Parti socialiste portugais. Après la révolution des Œillets (1974), il est nommé ministre des Affaires étrangères au sein d'un gouvernement provisoire. Lors de la victoire des socialistes aux élections législatives de 1976, il est nommé Premier ministre. En 1986, Soares est élu président de la République portugaise, puis réélu pour un second mandat jusqu'en 1996. Hggsp CONTEXTE L'Espagne Le dictateur espagnol Francisco Franco meurt le 20 novembre 1975. Deux jours après, le prince Juan Carlos de Borbón est proclamé roi d'Espagne et devient le nou- veau chef de l'État. Il était considéré par beaucoup d'Espagnols comme une marionnette de Franco, il va pourtant être l'artisan de la transition démocratique Le 3 juillet 1976, Adolfo Suárez est nommé chef du gouvernement; il entend également faire de l'Espagne une véritable démocratie. En juin 1977, les Espagnols (Né en 1938-) Juan Carlos Ier Homme d'État espagnol. Roi d'Espagne de 1975 à 2014, il a notamment été l'artisan, avec Adolfo Suárez, de la transition démocratique dans ce pays. Il abdique, en faveur de son fils, le prince Felipe, en juin 2014. doivent choisir les députés de l'assemblée constituante. L'Union du centre démocratique (UCD), le parti de Suárez, l'emporte. La nou- velle Constitution est approuvée, par référendum, le 6 décembre 1978. Le 23 février 1981, le lieutenant-colonel Tejero entreprend un putsch; celui-ci échoue. Les élections législatives d'octobre 1982 sont gagnées par le Parti socialiste espagnol (PSOE); cette alter- nance politique montre que les institutions démocratiques sont désormais bien ancrées dans le pays. VOCABULAIRE Transition démocratique. Processus ayant permis la sortie du franquisme et la mise en place d'un régime démocratique en Espagne (1975-1978). COURS Avancées et reculs des démocraties (milieu du XIXe siècle-années 1980) Dans quelle mesure le contexte international favorise-t-il l'émergence de régimes démocratiques? VOCABULAIRE Démocratie libérale. Voir p. 37. Régime autoritaire. Régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par un leader ou un petit groupe de personnes, avec ou sans idéologie élaborée, mais qui impose une soumission forcée à la population par le biais de divers moyens (propagande, répression). ACTEURS CLÉS 52-THEME 1 (1932-2014) Au XIXe siècle, une lente progression de l'idée démocratique En 1835 et 1840, Alexis de Tocqueville publie les deux tomes de son ouvrage, De la Démo- cratie en Amérique. Il est convaincu que l'évolution des sociétés humaines va les conduire, inéluctablement, à adopter un système démocratique. Pour autant, il ne considère pas la démocratie comme un régime parfait : celle-ci comporte des risques, notamment la tyran- nie de la majorité. Le deuxième risque est que les hommes soient prêts à s'abandonner à un pouvoir qui leur assurerait le bien-être et l'égalité, y compris s'il venait à leur supprimer les libertés. Lorsque Tocqueville rédige son ouvrage, la majorité des pays du monde sont des monarchies ou des empires de type autoritaire; très peu d'États ont adopté la démo- cratie libérale qui est alors un concept politique récent. On dénombre ainsi une quin- zaine d'États démocratiques en 1914. L'Amérique centrale et du Sud, de même que l'Asie, ne comptent que des régimes autoritaires à la veille de la Grande Guerre. Entre 1914 et les années 1970, le temps des régimes autoritaires Après les régimes totalitaires des années 1930 en Europe et au Japon, la fin de la Seconde Guerre mondiale va provoquer d'importants bouleversements géopolitiques; le pro- cessus de décolonisation entraîne l'apparition de nouveaux États. La majorité d'entre eux deviennent des régimes autoritaires, quelques-uns, comme l'Inde, des pays démo- cratiques. La forte croissance économique des années 1950 et 1960 a consolidé la démocratie dans les pays où elle s'était imposée et fait naître de timides exigences démocratiques dans Adolfo Suárez Homme politique espagnol, président du gouvernement de 1976 à 1981. Il mène avec le roi Juan Carlos la transition démocratique en Espagne, marquée par la restauration de libertés fondamentales et l'adoption de la nouvelle Constitution en 1978. (1892-1975) Francisco Franco Militaire espagnol, chef du camp nationaliste qui s'impose au détriment des républicains durant la guerre d'Espagne (1936-1939), il met en place une dictature qu'il dirige de 1939 à sa mort. Sous son régime, la répression politique très forte s'accompagne d'un relatif essor économique notamment grâce à l'ouverture au tourisme dans les années 1960. les dictatures. Pour autant, cette période n'est pas marquée par une multiplication des régimes démocratiques. Les démocraties populaires d'Europe de l'Est sont toujours dirigées d'une main de fer par des gouvernements communistes. Au Portugal, Salazar est au pouvoir entre 1932 et 1968; en Espagne, Franco entre 1939 et 1975. En Asie (Chine, Corée du Nord), en Amérique centrale et du Sud (Brésil, Bolivie), les régimes autoritaires sont toujours les plus nombreux. Des pays démocratiques, à la faveur de coups d'État, deviennent des dictatures militaires, comme la Grèce (1967) ou le Chili (1973). Dans les années 1970, les crises pétrolières entraînent un ralentissement de la croissance; or, celle-ci avait joué un rôle essentiel dans la consolidation des démocraties existantes. Cette crise économique ne remet pas directement en cause leur régime politique, mais interroge sur les types de politiques à mettre en œuvre (social-démocratie ou libéra- lisme ?). Dans les régimes autoritaires, les dictateurs sont de plus en plus contestés. Depuis les années 1980, naissance et consolidation des démocraties en Europe La période des années 1980, est marquée, en Europe, par la fin de régimes dictatoriaux longs et violents (Portugal, Grèce, Espagne). Leurs nouveaux gouvernements mettent en œuvre un processus de transition démocratique; en effet, ils connaissent tous un contexte politique troublé, marqué, entre autres, par des luttes intenses entre les par- tis politiques à nouveau autorisés et ceux nouvellement créés. En outre, les dirigeants doivent faire face à de fréquentes tentatives de coup d'État, comme en Espagne en 1981, d'où l'urgence d'ériger des institutions démocratiques solides et pérennes. Celles-ci vont être notamment instaurées par Mario Soares au Portugal, Konstantínos Karamanlís en Grèce et Adolfo Suárez en Espagne. L'intégration de ces trois pays à la Communauté économique européenne (CEE) couronne leur processus de transition démocratique. La Grèce y entre en 1981, les deux autres en 1986. La participation à un espace qui fait de l'obligation démocratique le principal critère d'adhésion confirme leur ancrage dans ce type de régime politique. Dans le reste du monde, les situations politiques et économiques très difficiles que connaissent la plupart des pays d'Afrique et d'Asie ne permettent pas l'émergence d'un processus démocratique viable. Des régimes autoritaires, anciens et très coercitifs, se maintiennent : en juin 1989, la Chine écrase des manifestations étudiantes favorables à plus de libertés (massacres de la place Tian'anmen à Pékin), alors qu'en novembre la désagrégation du rideau de fer et du mur de Berlin libère les peuples d'Europe de l'Est des dictatures communistes. DATES CLÉS 1835-1840 Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique 1967 + coup d'État militaire en Grèce 1973 coup d'État militaire au Chili 1974 révolution des Œillets au Portugal; chute de la dictature militaire en Grèce 1975 + mort de Franco, fin de la dictature en Espagne 1981 entrée de la Grèce dans la CEE VOCABULAIRE Dictature. Régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite. Démocraties populaires. Type de régime apparu dans les pays d'Europe de l'Est, satellites de l'URSS, entre 1947 et 1949. Il se caractérisait par la prédominance d'un parti unique, la présence d'une police politique et la planification de l'économie. 1986 entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE 1989 Chute du mur de Berlin AXE 2- Avancées et reculs des démocraties -
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Théme 1: Comprendre un régime politique : la démocratie (Axe 1 et 2)
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Dans ce document vous trouverez le cours sur le Thème 1 : Axe 1: - Penser la démocratie : directe ou représentative. Axe 2:- Avancées et reculs des démocratie L'étude conclusive sera une partie à part ainsi que les fiches de révision
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HGSP Démocratie lexique
HGGSP
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Chili, 1973
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HGGSP - Comprendre un régime politique : la démocratie
Introduction : la démocratie, les démocraties : quelles caractéristiques aujourd'hui ? Axe 1 : Penser la démocratie : démocratie directe et démocratie indirecte Axe 2 : Avancées et reculs des démocraties OTC ( conclusion ) : L'UE et la démocratie
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Avancées et reculs des démocraties
hey :)👋🏼 Voici l’axe 2 du thème 1 en HGGSP : comprendre un régime politique la démocratie. Désolé du retard de cette publication :( 🙏🏼 j’espère que ça t’aideras quand même bonne révisons ;)
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HGGSP 1ère - La démocratie
carte mentale sur la démocratie, thème HGGSP 1ère
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Cour complet démocratie
Fiche de révision sur le thème "la démocratie" en HGGSP
Hggsp CONTEXTE CONTEXTE Athènes Entre 507 et 338 avant J.-C., la cité d'Athènes invente un nou- veau système politique fondé sur l'égalité des droits des citoyens. Après la monarchie (gouvernement d'un seul) et la tyrannie (gouvernement absolu), l'Athénien Clisthène propose une réorganisation des familles et des clans et dresse la liste des citoyens. Ce sont des hommes libres, ayant exercé leur service mili- taire, nés de parents athéniens: environ 15 % de la population à l'époque de Périclès (fin du ve s.). Ils sont tous égaux devant la loi (isonomie), ont le droit de parole et ont les mêmes devoirs (service une démocratie directe Si l'idéal démocratique repose sur la décision directe du peuple, l'essor démographique et la complexité des affaires publiques rendent sa réalisation difficile. Au Moyen Âge, les assem- blées judiciaires ou de conseil royal, comme la Chambre des com- munes britanniques (1295) ou les États généraux en France (1302), se veulent les représentants des ordres du peuple et regroupent des membres de la noblesse, du clergé et des habitants des villes (bourgeoisie). Aux XVIII et XIXe siècle, la plupart des États européens ont expérimenté des formes d'assemblées, soit représentatives de la seule noblesse, soit des ordres, soit de la population la plus riche, militaire, magistratures tirées au sort). Athènes invente la démo- cratie directe: quatre fois par mois les citoyens se...
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retrouvent pour débattre à l'Assemblée (Ecclésia). Des contre-pouvoirs existent qui vérifient la régularité des décisions ou la bonne appli- cation des lois. Fondée sur la capacité à parler et à convaincre, la démocratie directe athénienne peut être sensible à l'influence des grands orateurs, comme Périclès. Pour éviter le risque de tyrannie, l'exil d'un citoyen jugé trop influent ou menaçant pour la démo- cratie est possible (ostracisme). soit de toute la population. En France, la lle République (1848-1851) et surtout la IIle République (1875-1940), par l'élection au suf- frage universel des députés organise la représentativité complète des citoyens. L'Assemblée élit le président du Conseil, contrôle le gouvernement, décide de l'impôt ou vote les lois. (v. 495-v.429 av. J.-C.) ACTEUR CLÉ Périclès Homme politique athénien, magistrat chargé de la défense de la cité (stratège) pendant trois décennies. Il développe la puissance économique et maritime d'Athènes, élargit l'accès à la citoyenneté et transforme le paysage urbain en rénovant l'Acropole. CONTEXTE Les origines de la démocratie. La démocratie se met en place à Athènes au début du v siècle av. J.-C. à l'issue de réformes politiques et de victoires militaires contre l'envahisseur perse (Marathon, Salamine), à la suite des guerres médiques. Les Athéniens acceptent de gouverner les uns avec les autres et de ne plus réserver le pouvoir à une élite (oligarchie). • L'invention d'un système égalitaire. La démocratie provient de deux principes égalitaires : l'égalité devant la loi (isonomie) et l'égalité de parole (isêgoria) des citoyens à l'Assemblée populaire (Ecclésia). La pratique du pouvoir au sein d'institutions rénovées et ouverte à l'ensemble du démos (corps civique) a fait naître la démocratie notamment à l'époque de Périclès (461-429 av. J.-C.). • La puissance d'Athènes. Forte de son prestige maritime, Athènes domine les autres cités du monde grec qu'elle fédère au sein de la ligue de Délos à partir de 477 av. J.-C. Jusqu'à la fin du ve s. (404 av. J.-C.), les cités amies paient à Athènes un tribut qui finance la cité-État et ses transformations. VOCABULAIRE Cité. En grec: Polis. Type d'État indépendant composé d'un centre urbain, d'un territoire et d'une zone frontière. Oligarchie. Du grec oligos (petit nombre) et arkhê (commandement). Forme de gouvernement où un petit groupe de personnes détient le pouvoir et l'exerce sur la majorité. Il peut s'agit des meilleurs (aristocratie), des plus âgés (gérontocratie), des plus compétents (technocratie) ou des plus riches (ploutocratie). Misthos. Indemnité journalière versée à certains citoyens au ve siècle, à tous au IVe siècle. |||||||||||||||||| |||||||||||||||||| CONTEXTE Les droits et devoirs du citoyen athénien. En plus de leurs fonctions politiques, les citoyens bénéfi- cient de la protection des lois et du statut de proprié- taire. Ils doivent en contrepartie à la cité d'Athènes le service militaire (éphébie), la participation à la guerre et aux dépenses de la ville pour les représentations théâ- trales et les grandes fêtes religieuses (Panathénées). • Un idéal d'égalité à relativiser. Les citoyens com- posent le démos ou corps civique. Il est fermé à la majo- rité des Athéniens qui sont non-citoyens : les femmes, les enfants, les métèques et les esclaves. Tous sont libres sauf les esclaves et les filles de non-citoyens. 1 Une minorité de citoyens Tyrannie. Du grec tyrannos (maître). Forme de gouvernement où le pouvoir absolu est détenu par une seule ATTIQUE : 300 000 à 340 000 habitants CITOYENS 10% FEMMES ET ENFANTS DE CITOYENS ≈ 40 % ETT T I personne qui l'a obtenu de manière illégale, ou pour une durée déterminée en cas de danger pour la cité. MÉTÈQUES ≈ 10% ESCLAVES ≈ 40 % Les adversaires d'Athènes. Pendant le v siècle, l'hégémonie d'Athènes est assurée par la ligue de Délos contre la cité de Sparte, dont le régime est oligarchique. Sparte rallie dans la ligue du Péloponnèse des cités grecques pour affaiblir Athènes et ses alliés. Cependant, la démocratie athénienne survit à ces épreuves et se maintient dans le monde grec jusqu'à la fin du IVe siècle. libres 1 non libres non citoyens 1 Métèque. Étranger résidant à Athènes en contrepartie du métoikion, la taxe de résidence. Il est libre mais non-citoyen. (485-425 av. J.-C.) ACTEUR CLÉ Hérodote Né à Halicarnasse, actuelle Turquie, il a mis à profit les enseignements tirés de ses voyages pour raconter les guerres entre les Grecs et l'Empire perse dans L'Enquête, considéré comme le premier ouvrage qui explique les faits, et ne se contente pas d'en faire le récit. À ce titre il est considéré comme le premier Hggsp CONTEXTE Benjamin Constant une démocratie representative Entre 1815 et sa mort en 1830, Benjamin Constant est un homme politique d'opposition. Marqué par son ralliement à Napoléon lors des Cent-Jours (1815), il perd toute influence lors du rétablisse- ment de la monarchie (Restauration). Louis XVIII (1815-1824) puis Charles X (1824-1830) créent une monarchie parlementaire, mais la Chambre des députés est élue au suffrage censitaire : seuls les riches votent. passé révolutionnaire. Il appelle pour cela à un plus grand contrôle des pouvoirs. En 1819, dans son discours De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, il avertit du risque que courent ceux qui abandonnent leur pouvoir aux représentants sans les contrôler. Élu député en 1819, il siège à gauche, dans l'opposition libérale au pouvoir conservateur. Jusqu'en 1830, il multiplie les discours favo- rables à la liberté de la presse, de religion, des échanges, et contre l'esclavage maintenu dans les Antilles. Très hostile au raidissement du régime monarchique, qui veut contrôler totalement la presse, il favorise, avec La Fayette, la révolution qui renverse Charles X et installe le roi modéré Louis-Philippe ler. Journaliste, il s'oppose aux partisans du rétablissement d'une monarchie absolue Il devient célèbre en 1817 en enquê- tant sur le procès d'un ancien partisan de Robespierre, Wilfrid Regnault, faussement accusé d'avoir assassiné une veuve : il prouve que les juges l'ont condamné non pour les faits mais à cause de son (1767-1830) Benjamin Constant Romancier et homme politique, Benjamin Constant de Rebecque est considéré aujourd'hui comme l'un des grands théoriciens du libéralisme politique et économique. Né en Suisse, républicain, il rejoint Bonaparte en 1799 mais siège dans l'opposition. À partir de 1801, avec Germaine de Staël, fille du banquier réformateur Necker, il anime à Coppet, près de Genève, un cercle d'artistes et d'écrivains, groupe d'adversaires libéraux et romantiques à Napoléon Bonaparte. Opposant libéral à Napoléon puis à Louis XVIII, Constant est élu député en 1819. «J'ai défendu quarante ans le même principe, liberté en tout, en religion, en philosophie, en littérature, en industrie, en politique: et par liberté, j'entends le triomphe de l'individualité, tant sur l'autorité qui voudrait gouverner par le despotisme, que sur les masses qui réclament le droit d'asservir la minorité à la majorité. Le despotisme n'a aucun droit. »> COURS Comment la souveraineté du peuple peut-elle s'exprimer le plus efficacement? VOCABULAIRE Monarchie limitée. Forme de gouvernement où le monarque partage les pouvoirs avec des instances élues, il s'agit d'une monarchie parlementaire ou constitutionnelle. Elle offre donc un cadre démocratique aux citoyens. Démocratie directe. Du grec demos (peuple) et kratos (pouvoir). Forme de gouvernement où l'ensemble des citoyens partagent et exercent directement le pouvoir au sein d'institutions séparées, sans représentants. Penser la démocratie: directe ou représentative? République. Forme de gouvernement au sein de laquelle le pouvoir est exercé par des personnes élues, démocratiquement comme non- démocratiquement. ACTEURS CLÉS 36- THÈME 1 (1632-1704) ■ Penser la démocratie : le modèle athénien La démocratie athénienne du v siècle avant J.-C. représente le premier modèle démo- cratique pour l'Occident. «Pouvoir du peuple», la démocratie ne représente pas seule- ment la mise en place d'institutions politiques réunissant les fonctions citoyennes, elle implique une manière de vivre plus égalitaire dans tous les domaines de la vie sociale. L'exclusion des femmes et des étrangers de la vie civique manifeste cependant les limites de ce régime égalitaire qui autorise par ailleurs l'esclavage. Ainsi, le mythe de la démo- cratie athénienne véhiculée dans nos sociétés modernes a-t-il omis ces réalités. Lors de la Renaissance du XVI° siècle, les références à l'Antiquité idéalisée refleurissent et l'idéal démocratique se développe en Europe. Seul le royaume d'Angleterre avait déjà envisagé une limitation des pouvoirs du monarque. En 1215, la Magna Carta donne aux barons anglais des prérogatives nouvelles, limitant quelque temps la centralisation du pouvoir royal et établissant une monarchie limitée. Au sein du christianisme, l'élection de l'abbé dans les monastères, ou l'élection du pape à Rome, s'organisent librement. Seule expé- rience de démocratie directe, plusieurs villes suisses décident, dès lexve siècle, l'assem- blée de tous les citoyens plusieurs fois par an. ■Penser et pratiquer la démocratie représentative Les démocraties occidentales sont nées de révolutions remettant en cause la monarchie absolue et instaurant le principe d'égalité des droits. Après deux révolutions, le royaume d'Angleterre met en place le premier régime démocratique garantissant les libertés fon- damentales. Deux textes protègent désormais les principes démocratiques. L'Habeas Corpus fixe l'interdiction des arrestations arbitraires en 1679 et la Déclaration des Droits (Bill of Rights) donne des pouvoirs au Parlement qui limite ceux du souverain à partir de 1689. Fort de ces évolutions, des philosophes comme John Locke ou des juristes comme Montesquieu ou Hobbes s'interrogent sur le rôle de l'État dans sa relation aux citoyens. Un siècle plus tard en 1776, la création des États-Unis d'Amérique s'élabore sur le modèle démocratique et instaure une république tandis que la Révolution française célèbre la John Locke Philosophe anglais, pionnier du libéralisme, il a montré l'importance des droits individuels dans le cadre de la monarchie parlementaire naissant en Angleterre, notamment dans l'ouvrage Du Gouvernement civil (1690). (1689-1755) Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu Philosophe des Lumières, écrivain et juriste, il analyse la société de son temps et les institutions politiques. Il publie De l'Esprit des Lois en 1748: il y définit l'État comme une « société où il y a des lois », société dans laquelle le citoyen est tenu désormais non plus d'obéir à un roi de droit divin mais à des textes de lois que l'autorité doit exécuter. Celle-ci est organisée selon la séparation des pouvoirs. souveraineté nationale en 1789. Elle encadre les droits et libertés fondamentales du citoyen (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen) et abolit les privilèges de la noblesse et du clergé. Tout au long du xixe siècle, les réflexions d'un Benjamin Constant ou d'un Tocqueville continuent d'interroger l'efficacité des organisations politiques. Le système démocratique représentatif complet n'est adopté qu'à partir de 1879, au moment où la II République applique la séparation des pouvoirs et reconnaît les pre- miers droits sociaux. Ce système reste néanmoins masculin: comme à Athènes, les Fran- çaises sont exclues de la vie civique jusqu'à l'ordonnance d'avril 1944. Au-delà des pratiques démocratiques,-élections libres, suffrage universel ou référendum-, la démocratie implique une culture où les libertés et les droits individuels deviennent cen- traux. Cette culture dépasse le cadre des régimes politiques. La Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) est signée par les membres des Nations unies et marque la reconnaissance par tous les États signataires, démocratiques comme non démocratiques, des principes tels que l'égalité entre sexes, le droit à la vie ou l'égalité devant la loi. La démocratie est un régime fragile Au début du xx siècle, la démocratie devient plus qu'un régime politique, elle représente un modèle de pensée au sein duquel la liberté prévaut. La démocratie libérale naît du mariage du régime politique démocratique et de l'idéologie libérale. Elle est donc deve- nue une manière de penser le monde. Seulement, si elle se positionne en modèle en Occident, elle subit deux grandes crises. La première correspond à la montée des régimes totalitaires à partir des années 1920 en Europe. Le fascisme, le stalinisme et le nazisme combattent l'essence de tous les principes démocratiques. Après la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre de la guerre froide, le modèle de la démocratie libérale défen- du par les États-Unis s'oppose à celui du communisme totalitaire. La chute du mur de Berlin en 1989 marque finalement la victoire du modèle occidental. Les pays d'Amérique latine se démocratisent dans les années 1980, les anciens pays soviétiques d'Europe de l'Est dans les années 1990, et en 2011, les Printemps arabes permettent à la Tunisie de devenir une démocratie. Mais parallèlement, à partir des années 1980, la mon- tée des inégalités économiques et sociales produit la seconde crise du modèle, celle de la représentativité. Les citoyens ne se sentent plus représentés de manière juste par leurs élus. Le mouvement des Indignés en 2011, le Mouvement 5 étoiles en Italie ou celui des gilets jaunes fin 2018 en France, souligne la soif de démocratie directe instillée par les réseaux sociaux. DATES CLÉS 479-404 1215 1679 1689 1789 1848 av. J.-C. +++ Apogée de la Magna Carta: Bill of Grande Charte Rights démocratie en Angleterre athénienne Habeas 26 juillet: Corpus Déclaration +++ des droits de l'homme et du citoyen en France NEW Suffrage universel masculin en France 1944 Suffrage universel masculin et féminin en France TEVIATHAS 1948 739 NOT VOCABULAIRE Souveraineté nationale. Principe selon lequel la source de l'autorité politique est la nation, formée par l'ensemble des citoyens. Démocratie représentative ou indirecte. Forme de gouvernement où l'ensemble des citoyens est représenté par une ou des assemblée(s) élue(s). Démocratie libérale. Idéologie et for de gouvernement qui associent le fonctionnement de la démocratie aux principes du libéralisme (protection des libertés individuelles, liberté d'entreprendre, d'être propriétaire). Régime totalitaire. Forme de gouvernement dirigé par un chef qui contrôle un parti unique, doté de polices de répression organisées, ciblant des ennemis à abattre et ne donnant aucune liberté, publique ou privée, aux individus. Frontispice du Leviathan de Thomas Hobbes (1651) Les hommes délèguent leur droit naturel à un souverain qui utilise la force absolue pour imposer la paix civile. Contre cette idée de monarchie absolue naturelle, Locke et Montesquieu théorisent l'existence de contre-pouvoirs parmi lesquels l'assemblée représentative. 1980- 1990 1991 Années 1990 2011 ++ + Déclaration Démocratisation Chute de Démocratisation universelle de l'Amérique I'URSS des pays des droits latine et victoire de l'Est du modèle de la démocratie libérale de l'homme Début des printemps arabes AXE 1- Penser la démocratie: directe ou représentative ? - Hggsp CONTEXTE CONTEXTE Tocqueville une démocratie tyrannique La démocratie libérale au début du xx siècle Au début du XXe siècle, le régime politique de la démocratie libé- rale ne s'est imposé que dans un nombre très limité de pays, qui ont connu un développement économique certain et qui possé- daient des structures sociales et une identité culturelle proches (États-Unis, Royaume-Uni, etc.). En effet, le concept de démocratie libérale, qui fait la synthèse de deux notions antagonistes, le libé- ralisme et la démocratie, n'a réellement émergé qu'au XIXe siècle. Le monde était alors dominé par les régimes autoritaires, qu'ils La démocratie libérale au xxx siècle Certains politologues (Francis Fukuyama) et historiens pensaient qu'à la fin de la guerre froide (1991), la démocratie libérale allait nécessairement s'imposer sur l'ensemble de la planète, au détri- ment des autres idéologies politiques. S'il est indéniable que le nombre d'États démocratiques a augmenté depuis 1914, ce régime ne s'est pas généralisé à l'ensemble des pays, loin s'en faut. En 2018, on compte 76 pays ayant adopté la démocratie libé- rale. On observe qu'elle est majoritaire sur le continent américain soient des empires (Russie, Chine) ou des monarchies. Ils étaient alors les plus nombreux, majoritaires en Amérique centrale et du Sud, ainsi qu'en Asie. En 1914, on ne compte qu'une quinzaine d'États démocratiques dans le monde. et en Europe; mais ce n'est pas le cas en Afrique et en Asie, où les régimes autoritaires sont les plus nombreux. On constate même, ponctuellement, un recul du nombre d'États démocratiques; ainsi la Russie depuis 2012 et la Mauritanie depuis 2015 ont perdu ce statut. Certains auteurs utilisent les notions de «démocratures >> (construite à partir de «démocratie» et «dictature») ou de « démocraties illlibérales » (Fareed Zakaria). CONTEXTE (1805-1859) • Un observateur critique. L'approche de Tocqueville est originale car il est d'abord un obser- vateur. Il saisit, durant son voyage en Amérique en 1830, que la « révolution démocratique » est un «fait irrésistible». Les États-Unis lui apparaissent comme l'objet d'étude permettant de com- prendre la modernité, qu'il voit comme le passage inéluctable d'un monde aristocratique à un monde démocratique, où dominera l'égalité des conditions. ● La démocratie américaine est pour lui un laboratoire de la démocratie et de l'égali- sation des conditions. Il analyse les particularités de l'histoire, la société, l'organisation politique, et les mœurs des États-Unis de l'époque pour comprendre pourquoi la démocratie moderne s'y est développée, et en déduire les caractéristiques de ce qu'il appelle l'esprit démocratique, qu'il pense destiné à se généraliser notamment en Europe. Alexis de Tocqueville Né dans une famille de petite noblesse normande antirévolutionnaire, devenu magistrat, il soutient Louis-Philippe ler lors de la révolution de 1830 et part étudier le système carcéral américain pour le compte du gouvernement français. Il en tire De la Démocratie en Amérique, qui paraît entre 1835 et 1840. Député de la Manche en 1839, il s'oppose au conservatisme du roi et rejoint les partisans de la lle République en 1848. Conservateur, il devient ministre des Affaires étrangères du président Louis-Napoléon Bonaparte, mais s'oppose à son coup d'État (1851). Il meurt de la tuberculose en 1859, en laissant inachevés L'Ancien Régime et la Révolution et ses Souvenirs, réflexions sur la révolution de 1848. Son œuvre est redécouverte par le philosophe et politologue Raymond Aron, qui voit en lui un des fondateurs de la sociologie politique; Tocqueville est devenu une référence pour les historiens de la Révolution et de la naissance de l'idée démocratique, comme François Furet. CONTEXTE En 1840, le 2e volume de De la Démocratie en Amérique s'emploie surtout à analyser les aspects négatifs du modèle améri- cain et de la «révolution démocratique»> Tocqueville met en garde ses concitoyens contre «les périls» que courent les socié- tés démocratiques. Parmi ces périls, Tocqueville voit le danger de la «tyrannie de la majorité », prévoit le gouvernement de l'opinion, et prédit l'abaissement du langage et de la capacité critique. Il met enfin en garde contre le triomphe de l'individualisme, qui ouvre la voie aux démagogues et aux populistes. Démagogie. Pratique politique par laquelle le dirigeant manipule le peuple par un discours flatteur ou utilisant les peurs ou les frustrations du peuple. Pour la vie politique, Tocqueville décrit la possibilité d'un nouveau type de despotisme propre aux sociétés démocratiques Profitant du désintérêt des citoyens pour leurs devoirs politiques, des ambitieux sans scrupule, ou des factions parlant «au nom d'une foule absente et inattentive », pourraient installer un pouvoir décrit comme une tyrannie douce. Populisme. Pratique Despotisme. Régime politique qui oppose le peuple aux élites élues et représentatives, considérées comme éloignées de ses intérêts. politique dans lequel le dirigeant gouverne sur tout et sur tous, par la peur, sans limites rationnelles. Hggsp CONTEXTE Le Chili est une démocratie depuis 1925, avec l'adoption d'une Constitution d'inspiration démocratique et libérale. Dès les années 1930, des gouvernements issus d'élections libres se suc- cèdent, sans difficultés majeures. Le système des partis est relativement stable. En 1969, six partis de gauche (Parti commu- niste, socialiste...) et du centre gauche concluent une alliance qui permet la création de l'Unité populaire (UP), qui soutient Salvador Allende à l'élection présidentielle du 4 septembre 1970. Au cours de l'année 1973, la situation économique du Chili est catastrophique; le PNB diminue, l'inflation explose et la dette externe s'élève à plusieurs centaines de millions de dollars. Ces difficultés entraînent une crispation de la vie politique, avec des affrontements verbaux violents entre les différents partis politiques. De plus, la situation est très tendue dans les uni- versités où des groupes étudiants manifestent contre un projet d'unification du système universitaire. Au sein de l'armée, Allende (1915-2006) Augusto Pinochet Le Chili Celui-ci l'emporte, avec une majorité relative. Il obtient 36,3 % des voix, Alessandri le candidat de la droite, 34,9 % et Tomic, celui de la démocratie-chrétienne, 27,8 %. Allende souhaitait construire une nouvelle société basée sur le socialisme, dans le cadre d'une démocratie. Malgré les réformes entreprises, les difficultés économiques génèrent de la violence dans tout le pays. Cette situation instable amène un putsch militaire le 11 septembre 1973, dirigé notamment par Augusto Pinochet. Militaire, il prend le pouvoir au Chili, à la faveur d'un coup d'État dont il est l'un est de plus en plus contesté, malgré le soutien de quelques géné- raux. Une tentative de putsch militaire a lieu en juin, finalement avortée. En août 1973, l'amiral Merino (marine), le général Leigh (aviation) convainquent le général Pinochet, récemment nommé commandant en chef, de se joindre à eux pour réaliser un coup d'État, indirectement soutenu par Washington. Ils forment une junte militaire qui prend le pouvoir le 11 septembre 1973. Allende se suicide plutôt que d'être arrêté par les putschistes. des instigateurs. Il exerce de 1973 à 1990 une dictature qui s'illustre par de nombreux crimes (pratique de la torture, exécutions sommaires). (1908-1973) Salvador Allende Homme d'État chilien. Il se lance dans l'action politique alors qu'il est étudiant en médecine, contestant la dictature de Carlos del Campo. Médecin dans les bidonvilles, il côtoie la grande misère des classes populaires. Il cofonde le Parti socialiste chilien en 1933 dans le but de traiter les nombreux problèmes sociaux du pays. Député, sénateur, ministre, il échoue trois fois à l'élection présidentielle chilienne (1952, 1958, 1964) mais finit par la remporter en 1970. Il se suicide lors du coup d'État du 11 septembre 1973. Hggsp CONTEXTE w‒‒‒‒‒‒‒ Le Portugal Le 25 avril 1974, un coup d'État organisé par une partie de l'armée renverse la dictature ins- taurée par Antonio Salazar (1932-1968) et poursuivie par Marcelo Caetano. Dans un contexte de difficultés économiques et d'une grande lassitude née des guerres de décolonisation (Angola, Mozambique) la «révolution des Œillets» se déroule quasiment sans effusion de sang. Mais certains capitaines comme Otelo de Carvalho et le nouveau président, Antonio Spinola, se heurtent à l'opposition des partis politiques. De plus, un putsch conservateur échoue le 11 mars 1975, ce qui montre que la mise en place du régime démocratique est très fragile. Les premières élections libres se déroulent le 25 avril 1975, remportées par les socialistes. Des officiers d'extrême gauche orchestrent à leur tour une tentative de coup d'État, rapidement avortée. Une nouvelle Constitution est promulguée le 2 avril 1976. Le Parti socialiste gagne les élections législatives du 25 avril 1976. En juin, le général Ramalho Eanes est élu, au suffrage universel, président de la République. (1924-2017) ACTEUR CLÉ Mario Soares Homme d'État portugais. Il s'oppose à la dictature de Salazar puis à celle de Caetano. Exilé en France, il devient l'un des principaux cadres du Parti socialiste portugais. Après la révolution des Œillets (1974), il est nommé ministre des Affaires étrangères au sein d'un gouvernement provisoire. Lors de la victoire des socialistes aux élections législatives de 1976, il est nommé Premier ministre. En 1986, Soares est élu président de la République portugaise, puis réélu pour un second mandat jusqu'en 1996. Hggsp CONTEXTE L'Espagne Le dictateur espagnol Francisco Franco meurt le 20 novembre 1975. Deux jours après, le prince Juan Carlos de Borbón est proclamé roi d'Espagne et devient le nou- veau chef de l'État. Il était considéré par beaucoup d'Espagnols comme une marionnette de Franco, il va pourtant être l'artisan de la transition démocratique Le 3 juillet 1976, Adolfo Suárez est nommé chef du gouvernement; il entend également faire de l'Espagne une véritable démocratie. En juin 1977, les Espagnols (Né en 1938-) Juan Carlos Ier Homme d'État espagnol. Roi d'Espagne de 1975 à 2014, il a notamment été l'artisan, avec Adolfo Suárez, de la transition démocratique dans ce pays. Il abdique, en faveur de son fils, le prince Felipe, en juin 2014. doivent choisir les députés de l'assemblée constituante. L'Union du centre démocratique (UCD), le parti de Suárez, l'emporte. La nou- velle Constitution est approuvée, par référendum, le 6 décembre 1978. Le 23 février 1981, le lieutenant-colonel Tejero entreprend un putsch; celui-ci échoue. Les élections législatives d'octobre 1982 sont gagnées par le Parti socialiste espagnol (PSOE); cette alter- nance politique montre que les institutions démocratiques sont désormais bien ancrées dans le pays. VOCABULAIRE Transition démocratique. Processus ayant permis la sortie du franquisme et la mise en place d'un régime démocratique en Espagne (1975-1978). COURS Avancées et reculs des démocraties (milieu du XIXe siècle-années 1980) Dans quelle mesure le contexte international favorise-t-il l'émergence de régimes démocratiques? VOCABULAIRE Démocratie libérale. Voir p. 37. Régime autoritaire. Régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par un leader ou un petit groupe de personnes, avec ou sans idéologie élaborée, mais qui impose une soumission forcée à la population par le biais de divers moyens (propagande, répression). ACTEURS CLÉS 52-THEME 1 (1932-2014) Au XIXe siècle, une lente progression de l'idée démocratique En 1835 et 1840, Alexis de Tocqueville publie les deux tomes de son ouvrage, De la Démo- cratie en Amérique. Il est convaincu que l'évolution des sociétés humaines va les conduire, inéluctablement, à adopter un système démocratique. Pour autant, il ne considère pas la démocratie comme un régime parfait : celle-ci comporte des risques, notamment la tyran- nie de la majorité. Le deuxième risque est que les hommes soient prêts à s'abandonner à un pouvoir qui leur assurerait le bien-être et l'égalité, y compris s'il venait à leur supprimer les libertés. Lorsque Tocqueville rédige son ouvrage, la majorité des pays du monde sont des monarchies ou des empires de type autoritaire; très peu d'États ont adopté la démo- cratie libérale qui est alors un concept politique récent. On dénombre ainsi une quin- zaine d'États démocratiques en 1914. L'Amérique centrale et du Sud, de même que l'Asie, ne comptent que des régimes autoritaires à la veille de la Grande Guerre. Entre 1914 et les années 1970, le temps des régimes autoritaires Après les régimes totalitaires des années 1930 en Europe et au Japon, la fin de la Seconde Guerre mondiale va provoquer d'importants bouleversements géopolitiques; le pro- cessus de décolonisation entraîne l'apparition de nouveaux États. La majorité d'entre eux deviennent des régimes autoritaires, quelques-uns, comme l'Inde, des pays démo- cratiques. La forte croissance économique des années 1950 et 1960 a consolidé la démocratie dans les pays où elle s'était imposée et fait naître de timides exigences démocratiques dans Adolfo Suárez Homme politique espagnol, président du gouvernement de 1976 à 1981. Il mène avec le roi Juan Carlos la transition démocratique en Espagne, marquée par la restauration de libertés fondamentales et l'adoption de la nouvelle Constitution en 1978. (1892-1975) Francisco Franco Militaire espagnol, chef du camp nationaliste qui s'impose au détriment des républicains durant la guerre d'Espagne (1936-1939), il met en place une dictature qu'il dirige de 1939 à sa mort. Sous son régime, la répression politique très forte s'accompagne d'un relatif essor économique notamment grâce à l'ouverture au tourisme dans les années 1960. les dictatures. Pour autant, cette période n'est pas marquée par une multiplication des régimes démocratiques. Les démocraties populaires d'Europe de l'Est sont toujours dirigées d'une main de fer par des gouvernements communistes. Au Portugal, Salazar est au pouvoir entre 1932 et 1968; en Espagne, Franco entre 1939 et 1975. En Asie (Chine, Corée du Nord), en Amérique centrale et du Sud (Brésil, Bolivie), les régimes autoritaires sont toujours les plus nombreux. Des pays démocratiques, à la faveur de coups d'État, deviennent des dictatures militaires, comme la Grèce (1967) ou le Chili (1973). Dans les années 1970, les crises pétrolières entraînent un ralentissement de la croissance; or, celle-ci avait joué un rôle essentiel dans la consolidation des démocraties existantes. Cette crise économique ne remet pas directement en cause leur régime politique, mais interroge sur les types de politiques à mettre en œuvre (social-démocratie ou libéra- lisme ?). Dans les régimes autoritaires, les dictateurs sont de plus en plus contestés. Depuis les années 1980, naissance et consolidation des démocraties en Europe La période des années 1980, est marquée, en Europe, par la fin de régimes dictatoriaux longs et violents (Portugal, Grèce, Espagne). Leurs nouveaux gouvernements mettent en œuvre un processus de transition démocratique; en effet, ils connaissent tous un contexte politique troublé, marqué, entre autres, par des luttes intenses entre les par- tis politiques à nouveau autorisés et ceux nouvellement créés. En outre, les dirigeants doivent faire face à de fréquentes tentatives de coup d'État, comme en Espagne en 1981, d'où l'urgence d'ériger des institutions démocratiques solides et pérennes. Celles-ci vont être notamment instaurées par Mario Soares au Portugal, Konstantínos Karamanlís en Grèce et Adolfo Suárez en Espagne. L'intégration de ces trois pays à la Communauté économique européenne (CEE) couronne leur processus de transition démocratique. La Grèce y entre en 1981, les deux autres en 1986. La participation à un espace qui fait de l'obligation démocratique le principal critère d'adhésion confirme leur ancrage dans ce type de régime politique. Dans le reste du monde, les situations politiques et économiques très difficiles que connaissent la plupart des pays d'Afrique et d'Asie ne permettent pas l'émergence d'un processus démocratique viable. Des régimes autoritaires, anciens et très coercitifs, se maintiennent : en juin 1989, la Chine écrase des manifestations étudiantes favorables à plus de libertés (massacres de la place Tian'anmen à Pékin), alors qu'en novembre la désagrégation du rideau de fer et du mur de Berlin libère les peuples d'Europe de l'Est des dictatures communistes. DATES CLÉS 1835-1840 Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique 1967 + coup d'État militaire en Grèce 1973 coup d'État militaire au Chili 1974 révolution des Œillets au Portugal; chute de la dictature militaire en Grèce 1975 + mort de Franco, fin de la dictature en Espagne 1981 entrée de la Grèce dans la CEE VOCABULAIRE Dictature. Régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite. Démocraties populaires. Type de régime apparu dans les pays d'Europe de l'Est, satellites de l'URSS, entre 1947 et 1949. Il se caractérisait par la prédominance d'un parti unique, la présence d'une police politique et la planification de l'économie. 1986 entrée de l'Espagne et du Portugal dans la CEE 1989 Chute du mur de Berlin AXE 2- Avancées et reculs des démocraties -