La satire de la médecine dans le théâtre de Molière atteint son apogée dans Le Malade Imaginaire, particulièrement dans l'analyse de la scène 14 de l'Acte III. Cette scène cruciale met en lumière la critique mordante que fait Molière de la profession médicale au XVIIe siècle.
Dans cette scène mémorable, Toinette et B persuadent A de devenir médecin à travers une série d'arguments comiques et absurdes. La servante Toinette, déguisée en médecin, incarne la caricature parfaite des docteurs de l'époque avec leur jargon pompeux et leurs diagnostics fantaisistes. Elle utilise un latin approximatif et des termes médicaux inventés pour impressionner Argan, démontrant ainsi la superficialité des connaissances médicales de l'époque. Cette mascarade révèle la crédulité d'Argan qui, malgré l'absurdité évidente de la situation, se laisse convaincre par ce spectacle ridicule.
La scène illustre brillamment la critique sociale de Molière envers la médecine de son temps. L'auteur dénonce l'ignorance des médecins qui cachent leur incompétence derrière un vocabulaire complexe et des cérémonies grandiloquentes. Le comique de situation est renforcé par le fait qu'Argan, obsédé par sa santé imaginaire, ne reconnaît même pas sa propre servante déguisée. Cette scène sert également à montrer comment la médecine de l'époque reposait plus sur l'apparence et le cérémonial que sur de véritables connaissances scientifiques. À travers le personnage de Toinette, Molière parvient à exposer les failles d'un système médical basé sur la tradition plutôt que sur l'observation et l'expérimentation.