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Le Malade imaginaire

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Molière
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LE MALADE IMAGINAIRE, MOLIÈRE
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siè
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Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siè
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Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siè

Molière DISSERTATION - LE MALADE IMAGINAIRE, MOLIÈRE Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siècle, qui se rattache au mouvement du classicisme. Également acteur et directeur de troupe, cet homme de théâtre complet est la figure de proue de la comédie classique qu'il hausse au rang de la tragédie. S'il excelle dans un premier temps avec la farce, c'est dans la comédie, plus profonde, où la peinture satirique des vices humains se colore d'une visée morale, qu'il se distinguera. Protégé par Louis XIV, Molière est pourtant de nombreuses fois attaquées, notamment par les religieux pour ses critiques des faux-dévots dans Tartuffe. Il meurt en 1673, après une représentation du Malade imaginaire. Le Malade imaginaire Dernière oeuvre de Molière Le Malade imaginaire est la dernière pièce de Molière, créée le 10 février 1673 au théatre du Palais-Royal: Molière, qui joue le role d'Argan, meurt juste après la quatrième représentation, le février. 17 Comme le diagnostic Toinette (texte 2), il était atteint d'une maladie des poumons : une tuberculose pulmonaire. La portée philosophique du spectacle comme divertissement (oublier la peur de la mort), prend donc tout son sens. Le rire et la maladie, un pari audacieux. Comme nous l'explique Émile Faguet dans En lisant Molière, Argan est, "vingt-quatre heures par jour, l'homme qui ne veut pas mourir. [...] le malade imaginaire s'inflige l'état valétudinaire...

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de peur de devenir malade". On retrouve dans cette pièce tout ce qui caractérise son théatre, depuis les emprunts à la commedia dell'arte ou le ballet, jusqu'aux attaques en règle contre les mariages arrangés et les médecins. Comédie brillante par les fastes qu'elle déploie comme par la synthèse théatrale qu'elle réalise, Le Malade imaginaire réaffirme plus que jamais les deux préceptes qui guidaient Molière : la volonté de plaire et la liberté de critiquer. Résumé Dans le prologue, des personnages antiques chantent le retour victorieux de Louis XIV de sa campagne guerrière contre la Hollande. Dans l'acte I, Argan, hypocondriaque invétéré, compte ses traitements et s'affronte avec sa servante Toinette qui le met en garde contre l'apothicaire M. Fleurant et le médecin M. Purgon qui ne font que tirer profit de lui, sans le soigner. Angélique, la fille d'Argan, confie à Toinette son amour pour Cléante. Mais, pour réduire ses frais médicaux, Argan veut marier sa fille à un médecin, Thomas Diafoirus. Toinette s'oppose à ce mariage tandis que Béline, la seconde femme d'Argan et belle-mère d'Angélique, défend le projet de son mari et pousse ce dernier à rédiger un testament en sa faveur. Lors du premier intermède musical, Polichinelle chante sa douleur face à l'inflexibilité de son amante Toinette et se fait rouer de coups de bâton dans une scène de commedia dell'arte. À l'acte II, Cléante s'introduit dans la maison familiale en se faisant passer pour le remplaçant du professeur de musique d'Angélique. Le père Diaforus et son fils arrivent, mais la scène de compliments est cocasse: Thomas Diaforus confond Angélique avec sa belle-mère. Sur la demande d'Argan, Cléante donne une leçon de chant à Angélique. Les deux jeunes amants profitent de cet opéra improvisé pour mettre en abyme leur situation et se déclarer leur amour indirectement. Angélique fait savoir son peu d'empressement pour son mariage avec Thomas Diaforus et critique le mariage d'intérêt en visant Béline. Argan apprendre par sa cadette, Louison, la présence d'un jeune homme à la porte de la chambre d'Angélique. Furieux, il déclare qu'Angélique ira au couvent si elle ne veut pas épouser Thomas Diaforus. Béralde, le frère d'Argan, intervient et propose, pour calmer son frère, un intermède de danses d'Égyptiennes (le deuxième intermède). Dans l'acte III, Béralde tente en vain de raisonner son frère. Il renvoie M. Fleurant, l'apothicaire venu donner un lavement à Argan, ce qui provoque la colère du médecin M. Purgon qui menace Argan de terribles maladies. Toinette se déguise en médecin pour tromper Argan et ridiculiser la profession de ces faux sachants. Puis, Toinette décide d'utiliser un subterfuge pour faire émerger la vérité. Elle propose à Argan de contrefaire la mort pour voir la réaction de sa femme. Cette dernière tombe dans le piège: elle se réjouit du décès de son époux tandis qu'Angélique est accablée par cette annonce. Les masques tombent donc. Argan s'éveille et accepte qu'Angélique épouse Cléante si ce dernier devient médecin. Béralde propose une meilleure solution : Pourquoi Argan ne se ferait-il pas médecin lui-même ? La pièce se clôt sur la cérémonie d'intronisation d'Argan au troisième intermède. Les thèmes La médecine Le principal point de mire de cette comédie intitulée Le Malade imaginaire est bien sûr constitué par les excès des médecins. Molière dresse dans Le Malade imaginaire une satire féroce de la médecine. || Au XVIIe siècle, l'Europe connaît des avancées majeures en médecine car, sous l'impulsion de René Descartes, elle se dote de méthodes scientifiques. Les médecins que nous voyons dans le Malade imaginaire sont des personnages prétentieux, dissimulant leur ignorance derrière des mots savants et un latin de cuisine. Ce sont des pédants et des rhétoriqueurs plutôt que des scientifiques. Leurs pratiques qui remontent à l'Antiquité, comme le lavement et la saignée, sont non seulement incapables de guérir, mais précipitent la mort des patients. Molière en croque tous les défauts, depuis le pédantisme bien (ou mal) appris du jeune Thomas Diafoirus jusqu'à l'ignorance crasse et dangereuse du médecin joué par Toinette (qui, à tout symptome énoncé répond « le poumon » et à toute ordonnance prescrite par ses pairs s'exclame << ignorant », III, 10) en passant par l'autoritarisme despotique de Monsieur Purgon. <<MONSIEUR PURGON- Un attentat énorme contre la médecine » Celui-ci ne mache pas ses mots en qualifiant la désobéissance d'Argan d' « attentat contre la médecine »,et passe du ton d'un juge proférant une sentence à celui d'un sorcier lançant une malédiction (III, 5). «<MONSIEUR PURGON - Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours vous deveniez dans un état incurable ». La satire des mauvais médecins culmine dans la savoureuse parodie offerte par le dernier intermède, dans lequel des comédiens jouent des médecins et imitent leur parlure savante par un mélange de mots latins, français et de termes francais latinisés de façon fantaisiste. Le médecin n'impressionne que par son habit et ses discours savants. Ainsi, à la fin de la pièce, il suffit à Argan de revêtir la tunique pour être intronisé médecin : «ARGAN-Quoi! L'on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ? BÉRALDE- Oui. L'on n'a qu'à parler; avec une robe et un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient raison >> La critique est à son paroxysme dans l'intermède final, aussi grotesque que virulent, quand Argan est adoubé médecin par une confrérie de pacotille. À chaque question destinée à valider son diplôme de médecine, il répond: << Clysterium donare, postea siagnare, ensuita purgare » (utiliser le clystère, puis siagner et enfin purger). Il faut dire que les médecins ont tendance) abuser de ces trois traitements, qui laissent leurs patients aussi exsangues que soumis. Lien avec une autre œuvre : Le comte Cosnac et Arthur Bertrand dans les Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV : le marquis de Sourches rapporte l'anecdote suivante : un courtisan du roi, trop pressé de se prosterner devant sa majesté, heurta violemment le coude de son voisin. Son nez se mit à saigner abondamment. Appelé pour le soigner, le médecin de la cour lui prescrit une saignée ! À noter qu'Argan n'est pas tout à fait guéri à la fin de la pièce, il passe de faux malade à faux médecin. Au contraire, il sombre même dans l'illusion la plus complète, et si la comédie finale qu'on lui fait jouer à lui-même n'a pas le pouvoir de soigner sa névrose, elle a eu au moins le mérite de le détourner de la peur de la mort. Il s'agit bien au sens étymologique, d'un divertissement. ||| Une réflexion philosophique La critique de Molière envers la médecine est moins comique qu'il n'y paraît. Ou du moins, elle n'est pas exclusivement comique. En effet, Molière, lorsqu'il rédige la pièce, se bat depuis plusieurs années déjà contre la maladie, et il a eu tout le loisir de fonder son opinion sur l'inefficacité des médecines de son temps. << BERALDE - Les ressorts de notre machine sont des mystères, jusques ici, où les hommes ne voient goutte, et (...) la nature nous a mis au-devant des yeux des voiles trop épais pour y connaître quelque chose. »> Par ailleurs, s'il s'autorise de telles incursions dans le milieu médical, c'est qu'il le connaît bien non seulement deux de ses amis proches sont médecins (Jean Armand de Mauvillain et François Bernier), on suppose aussi qu'il a lu un ouvrage destiné aux étudiants en médecine, Les Œuvres de La Framboisière. Ainsi, le comique de Molière s'appuie sur un discours tout à fait cohérent et documenté, ce qui rend la critique d'autant plus efficace. On notera que le développement de Beralde sur la capacité des hommes à se soigner par eux- mêmes découle d'une pensée philosophique initié par Lucrèce sur la conception du corps humain comme une machine complexe, capable de se soigner seule. «< BÉRALDE – je ne vois rien de plus ridicule qu'un homme qui se veut mêler d'en guérir un autre. » Le mariage Le Malade imaginaire confronte quatre types de mariages possibles : Le mariage avec Dieu : c'est la menace que fait Argan à sa fille Angélique d'aller au couvent. - - - Le mariage d'intérêt : celui que Béline a contracté avec Argan. Le mariage arrangé (ou mariage de raison): celui d'Angélique et Thomas Diaforus. Le mariage fondé sur les sentiments (ou mariage d'amour): celui d'Angélique et de Cléante. Avec le quiproquo de Thomas Diaforus qui confond au départ sa future femme Angélique avec sa belle-mère, Molière critique ironiquement le mariage de raison fodé sur des personnes interchangeables. << THOMAS DIAFOIRUS, à Angélique - Madame, c'est avec justice que le Ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l'on... ARGAN - Ce n'est pas ma femme, c'est ma fille à qui vous parlez »>. Le mariage d'intérêt est également blâmé à travers le subterfuge utilisé par Toinette pour révéler les intentions vénales de Béline. Certes, il s'agit de s'amuser, mais aussi, par le rire, d'amener les hommes à se corriger de leurs défauts en les leur montrant sur la scène. IV La critique des mariages d'intérêt, sujet central de bien des farces, est une constante des pièces de Molière. Elle redouble cependant d'intensité ici en se dédoublant : deux mariages servent de cible, celui projeté par Argan de sa fille Angélique avec le jeune médecin Thomas Diafoirus et celui d'Argan lui-même avec la vénale Béline. Toinette puis Béralde tentent de le convaincre de ne pas marier Angélique dans son intérêt, mais dans celui de sa fille. La réplique finale de Béralde dans la scène 3 de l'acte III prend même le tour d'une brève moralité : << je vous dirai que [...] pour le choix d'un gendre, il ne faut pas suivre aveuglément la passion qui vous emporte, et qu'on doit, sur cette matière, s'accommoder un peu à l'inclination d'une fille, puisque c'est pour toute la vie, et que de là dépend tout le bonheur d'un mariage ». La critique des mariages d'intérêt atteint son acmé lorsque Argan, contrefaisant le mort, découvre que, loin de le pleurer, Béline se réjouit de son décès et ne songe qu'à s'emparer de son argent (III, 12). << BÉLINE - Il y a des papiers, il a de l'argent donc je me veux saisir, et il n'est pas juste que j'aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années ». Le mariage d'amour est mis à rude épreuve à travers la figure paternelle qui utilise ses enfants pour servir ses propres intérêts, mais c'est la sincérité qui finira par triompher. Le divertissement Ce mot vient du latin « divertere » qui signifie « détourner ». Au XVe siècle, il désiganit l'action financière consistant à détourner à son profit (ou distraire) une part de l'héritage. Pour le philosophe Pascal, contemporain de Molière, le divertissement est la recherche désespérée d'une consolation face à « notre condition faible et mortelle ». Il s'est ensuite associé à l'idée de plaisir et de loisir. Le divertissement est une thématique fondamentale du Malade imaginaire. En effet, cette comédie-ballet est un spectacle total qui intègre la musique, le chant et la danse. Les intermèdes occupent une part importante de la pièce, en termes de temps et d'investissements dramaturgiques (musique réalisée par le compositeur Marc-Antoine Charpentier, costumes, décors, chorégraphie). Par ces intermèdes qui chantent le triomphe de l'amour ou de la joie, Molière cherche avant tout à plaire aux goûts du public de son temps. Ces intermèdes font également partie d'un décorum de cour qui montre la puissance du règne de Louis XIV et visent à s'attirer les bonnes grâces du roi. 1. Un spectacle total Comédie-ballet melant théatre, musique et danse, Le Malade imaginaire offre un spectacle total à son public : pour la création de la pièce, Molière s'entoure du chorégraphe Beauchamp avec lequel il a déjà travaillé plusieurs fois et du jeune compositeur Marc-Antoine Charpentier, qui signe alors sa seconde collaboration avec lui. V Danse et musique s'entremêlent ainsi à la comédie : un prologue ouvre la pièce tandis que chacun des trois actes est suivi d'un intermède chanté et dansé. Ces scènes de ballet empruntent toutes à des univers littéraires connus du public : le prologue met en scène le monde de la pastorale, le premier intermède s'inscrit dans le sillage de la commedia dell'arte et de la farce, le deuxième puise dans la mode de l'orientalisme qui s'installe peu à peu en France et le dernier exploite la tradition du carnaval. Molière use des divers moyens artistiques et styles littéraires à sa portée afin de faire de cette comédie un modèle de divertissement. 2. Le plaisir, la meilleure ordonnance qui soit Il écrit en effet cette pièce à l'occasion du carnaval, c'est-à-dire pour une fête dont les mots d'ordre sont liesse et exubérance. En outre, cette comédie-ballet a explicitement pour intention de « délasser [le roi] de ses nobles travaux » : « Après les glorieuses fatigues et les exploits victorieux de notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux qui se mêlent d'écrire travaillent ou à ses louanges, ou à son divertissement » («< prologue »). Depuis 1672, Louis XIV est en guerre contre la Hollande. Le Malade imaginaire affiche de la sorte une volonté délibérée d'amuser et de divertir. Dans une mise en abyme joliment orchestrée, le frère d'Argan, Béralde, fait valoir les bienfaits du divertissement : « Je vous amène ici un divertissement, que j'ai rencontré, qui dissipera votre chagrin, et vous rendra l'ame mieux disposée aux choses que nous avons à dire. [...] et cela vaudra bien une ordonnance de Monsieur Purgon » (II, 9). Le divertissement égale l'« ordonnance » : c'est affirmer que, loin d'être anodin, le théatre peut guérir de bien des maux : la pièce est donc aussi un éloge du théatre 3. Les caractéristiques de l'écriture Le Malade imaginaire est avant tout une comédie qui utilise tous les ressorts comiques traditionnels : Le comique de mots, notamment avec le latin de cuisine lors du 3e intermède qui n'a rien à voir avec le latin spécialisé du vocabulaire médical. Le comique de répétition dans l'affrontement entre Toinette et Argan à propos du mariage d'Angélique et de la menace de la faire entrer dans un couvent : «< - Non ?- Non ». Ou lorsque Toinette se déguise en médecin et répète le diagnostic «< Le poumon » quel que soit le symptôme énoncé par Argan. Ou encore lorsqu'Argan imite la clochette << - Drelin, drelin ! ». Le comique de caractère, avec des personnages types et caricaturaux: Argan le barbon hypocondriaque, Toinette la servante insolente. Le comique de situation, notamment dans le troisième intermède lorsque Argan est fait médecin dans « Une cérémonie burlesque ») où alternent récits, latin improvisé, chants et danse qui n'ont pas grand-chose à voir avec une soutenance de thèse de médecine. Le trait est satirique : les médecins sont caricaturaux et l'ironie de Toinette bouscule la hiérarchie sociale entre maîtres et servants << TOINETTE- Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. »> VI Une pièce à la croisée des une comédie-ballet et un spectacle mélant farce et grande comédie. 1. Une comédie-ballet genres Spectacle mélant théâtre, musique et danse, la comédie-ballet naït en 1661 sous l'impulsion de Molière et du compositeur italien Lully qui travaillent avec le chorégraphe Beauchamp à la création des Fâcheux. Ensemble, ils vont ainsi créer une petite dizaine d'oeuvres dont certaines connaissent un grand succès comme Monsieur de Pourceaugnac (1669) et Le Bourgeois gentilhomme (1670). Mais en 1672, Lully rachète le privilège de l'Académie royale de musique et obtient ainsi le monopole sur tous les spectacles musicaux, délivrant l'autorisation ou non à d'autres d'en créer. Molière en est donc réduit à demander au roi la permission de travailler avec seulement quelques musiciens (six chanteurs et douze violons) pour Le Malade imaginaire en 1673. 2. L'influence de la farce : Comme il l'explique dans son prologue, Le Malade imaginaire fut écrit par Molière pour délasser le roi "de ses nobles travaux". Marc Antoine Charpentier en composa la musique et La Musique dans la comédie de Molière de Julien Tiersot nous rappelle que la pièce, donnée au sein du théatre du Palais Royal, mobilisa des moyens exceptionnels (spectacle) : "Les frais du Malade imaginaire ont été grands à cause du prologue et des intermèdes remplis de danses, musique et ustensiles". La farce est un genre théâtral né au Moyen Age, qui a pour but de faire rire et qui a souvent des caractéristiques grossières. Du latin "farsa", petit intermède comique introduit dans une pièce sérieuse. Ancêtre des comédies modernes, la farce est apparue à la fin du XIVe siècle. C'est une comédie souvent courte et en vers, et dont le niveau de langue est familier. Le but est de faire rire le public au moyen d'un comique grossier (bons mots, injures, coups, bas corporel etc.) Les personnages de la farce sont peu nombreux, et l'intrigue est généralement simple et repose sur la tromperie : mari trompé et femme infidèle, médecin charlatan, trompeur trompé etc. Au commencement du XVIIe siècle en France, les trois genres dramatiques reflétaient les strictes divisions des classes sociales à cette époque: la tragédie était associée à la noblesse, la comédie à la bourgeoisie, la farce au peuple. Les grands changements apparaissent en France au XVIIe siècle, avec les apports de la commedia dell'arte et son influence sur la farce française. En parcourant la France, Molière rencontre des acteurs de la commedia. Inspiré des techniques de ce genre théatral, Molière commence à écrire des farces, en employant les dispositifs littéraires utilisés par la commedia dell'arte comme le lazzi (acrobatie verbale et gestuelle), le quiproquo et l'humour bouffon. Il utilise aussi des noms de personnages très similaires à ceux des pièces de la commedia dell'arte, comme Sganarelle et Lucinde. VII En écrivant ses farces, Molière a non seulement rétabli la farce en France, mais il lui a aussi donné la respectabilite. La nouvelle farce française est plus drole et amusante que la comédie traditionnelle et n'est plus seulement destinée au peuple. La stricte division entre les genres dramatiques tend à s'estomper. À la même époque, Corneille crée un nouveau genre théatral, la comédie de moeurs, qui rompt avec la farce grossière et bouffonne en vogue. 3. L'influence de la commedia dell'arte La commedia dell'arte apparaît en Italie au xvie siècle et conquiert l'Europe et même la Russie. Il s'agit d'un théatre d'improvisation les comédiens s'attribuent un personnage et improvisent à partir d'un canevas (une trame) simple, en inventant de petites scènes ou des lazzi (intermèdes comiques mimés, accompagnés parfois d'un maigre dialogue, sans rapport avec l'intrigue). Les histoires varient ainsi au gré des représentations. La commedia dell'arte met en scène des personnages types parmi lesquels on trouve les zanni (valets) tels qu'Arlequin ou Scapin, le vieillard avare et libidineux nommé Pantalon, le soldat fanfaron nommé Capitan, etc. La commedia dell'arte constitue une véritable source d'inspiration pour Molière et le théatre français. 4. Le théâtre dans le théâtre : des spectacles dans le spectacle Dans cette pièce, le spectacle est aussi celui qu'organisent les personnages eux-mêmes. Toinette est, de ce point de vue, le metteur en scène de nombreuses scènes de théâtre dans le théâtre. La plus frappante est la mise en scène de la fausse mort d'Argan qui permet de démasquer la vénalité de Béline et de révéler la loyauté d'Angélique. Béralde joue le rôle d'organisateur de spectacles car c'est souvent lui qui introduit les intermèdes, comme lorsqu'il annonce les danseurs mores pour calmer la colère d'Argan : « Je vous amène ici un divertissement que j'ai rencontré, qui dissipera votre chagrin ». Plus généralement, le procédé de théâtre dans le théâtre est abondamment utilisé dans la pièce, par exemple lorsque Louison fait semblant d'être morte, quand Cléante et Angélique se déclarent leur amour à travers un opéra improvisé, quand Toinette se déguise en médecin ou lorsque Molière se met lui-même en abyme dans l'échange polémique entre Argan et Béralde: << ARGAN - C'est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies » (III). Ces procédés de mise en abyme accentuent l'effet comique car ils donnent une légèreté à la pièce et dédramatisent l'intrigue. Se jouer des limites ou la liberté de tout jouer = le genre de la comédie au service de la liberté d'expression 1. L'art de contourner la censure Sans cesse, Molière a été confronté à de violentes oppositions lors de la création de ses comédies. Au fil du temps, il a développé un art de contourner la censure dont il semble offrir une démonstration dans cette pièce. Afin de parvenir à parler à Angélique malgré la surveillance d'Argan, Cléante, déguisé en maître de musique, a l'idée de chanter avec elle «< un petit opéra qu'on a fait depuis peu » (II, 5) et qui est en réalité une invention personnelle : des « vers libres, tels que la passion et la nécessité peuvent faire trouver à deux personnes qui disent les choses d'eux-mêmes, et parlent sur-le-champ >> VIII explique-t-il à Argan dans un discours à double sens qui expose à Angélique le fonctionnement de son ingénieux système de communication. Ce faisant, il parvient non seulement à déclarer son amour à Angélique, mais aussi à obtenir d'elle l'assurance du sien, lui faisant répéter à l'envi des « je vous aime » et allant jusqu'à décrire clairement leur situation avant d'éveiller les soupçons d'Argan. Difficile de ne pas voir dans cette scène une mise en abyme de l'art d'esquiver la censure. 2. Défense de la liberté d'expression Molière va encore plus loin dans la scène 3 de l'acte III : par un autre effet de mise en abyme, Béralde conseille à Argan d'aller voir les comédies de Molière. C'est l'occasion pour Molière auteur de répondre à ses détracteurs en expliquant, par l'entremise de Béralde, l'objet exact de ses railleries : « Ce ne sont point les médecins qu'il joue, mais le ridicule de la médecine », puis en revendiquant le droit à la satire. BÉRALDE- - Ce que j'en dis n'est qu'entre nous, et j'aurais souhaité pouvoir un peu vous tirer de l'erreur où vous êtes, et, pour vous divertir, mener voir sur ce chapitre quelqu'une des comédies de Molière. » << Par un extraordinaire pied de nez, en jouant Argan, c'est-à-dire un personnage représentant ses adversaires qui dénigre à n'en plus finir ses comédies, Molière comédien ridiculise ces mêmes adversaires en même temps qu'il désamorce leurs critiques. Il fait ainsi miroiter en les réconciliant les divers sens de (se) jouer (de): s'amuser, interpréter un rôle, se moquer, comme il le rappelle dans un clin d'oeil à la scène 13 de l'acte III (il feint d'être mort), avant un dernier intermède de théâtre dans le théâtre. Le sens du parcours : spectacle et comédie Étymologies Spectacle // théatre = regarder Spectacle du latin spectaculum, issu de spectare = regarder Théatre: du latin theatrum, issu du grec ancien théatron = « lieu où l'on regarde »> = d'abord lieu spécifique un : théatre antique -> référence à un spectacle précis, et à la mise en scène Spectacle définitions du CNRTL A - Ce qui se présente au regard ; vue d'ensemble qui attire l'attention et/ou éveille des réactions - Fait de voir, de contempler, d'observer une chose, un ensemble d'éléments qui s'inscrit dans une durée, dans un processus - Figuré : Ensemble de faits, d'événements, de phénomènes qui se présentent à l'observation, à l'étude. B - Représentation de théatre, de danse, de cinéma, d'opéra, de numéros de variétés, qui est donnée en public. IX Représentation artistique considérée du point de vue de la vie culturelle, mondaine mise [Avec le sens de »] Loc. << en scène -> À grand spectacle. Où l'on déploie une mise en scène, des effets impressionnants, importants. Titre du parcours 1. Spectacle : Ce que l'on voit, ce que l'on regarde, avec l'idée que ce qui est représenté produit un effet, une réaction capte l'attention, seulement = mais pas -> au sens large = spectacle / spectaculaire = ce qui impressionne, produit un effet, une réaction L'importance des effets comiques rire - Importance de la mise en scène = comédiens (voix, gestes, expressions, costumes, accessoires), décor, lumière spectacle) Le théatre dans le (redouble le - Un spectacle total : le genre de la comédie-ballet implique musique et danse 2. Comédie : théatre évolution comédie (se Aristote distingue les 2 genres comédie / tragédie. -> histoire littéraire : héritage Antiquité. La fonction de la comédie = divertir et instruire. rapproche tragédie) 3. Spectacle et comédie -> indissociables = de faire la La comédie est considérée comme un genre populaire, moins savant, inférieur à la tragédie. Mais dès l'origine, sa fonction n'est pas seulement de faire rire, elle est aussi satirique. Origine Antiquité, lien avec fêtes en l'honneur de Dionysos, lien avec le carnaval. "grande comédie" = fonction satirique "castigat ridendo mores" = instruire par le rire, "corriger les moeurs" = corriger les hommes en les faisant rire du spectacle de leurs défauts = dimension satirique X Le parcours pose quelques questions : Qu'apporte le spectacle à la comédie ? Quel role joue-t-il pour le comique ? Est-ce que le spectacle ajoute comique au ? Au divertissement ? Quel role le spectacle joue-t-il dans l'évolution du genre ? Aux origines de la comédie Le mot "comédie" vient du grec "komos", le cortège et "odè", le chant : il s'agit sans doute, à l'origine, d'un rituel de fertilité, donnant lieu à une procession en l'honneur du dieu Dionysos. Elle est alors menée par les "phallophores", ainsi nommés parce qu'ils portent un costume rembourré, avec un faux ventre pourvu d'un énorme phallus postiche... Ivres, dans une sorte de transe, ils lancent toutes sortes de plaisanteries, souvent grossières, et leur passage s'accompagne de débats et de combats cocasses. Cette origine explique les constantes du genre de la comédie : Son langage familier, voire vulgaire qui abonde en insulte et ne recule pas devant l'obescénité; Le choix de personnages qui appartiennent au peuple, et souvent stéréotypés : le vieillard amoureux, le jeune homme naif, l'esclave... La place prise par les "débats", supports de la critique sociale, et par les "combats" plaisants; L'excès dans les gestes et les paroles, donc le role de la caricature. Ces caractéristiques expliquent les fonctions traditionnelles de la comédie, que résume Molière, dans son premier "Placet au Roi" à propos de Tartuffe : << le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que dans l'emploi où je me trouvais, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules, les vices de mon siècle »>. Il lui assigne nettement un double role, « corriger les hommes en les divertissant », reprise de la formule latine, « castigat ridendo mores ». Ainsi l'intitulé du parcours, « Spectacle et comédie », conduit à mettre en relation un genre particulier, la << comédie » avec sa mise en scène, c'est-à-dire l'effet sur le spectateur. Qu'ajoute donc le « spectacle » aux fonctions traditionnellement assignées à la « comédie >> ? -> renforcer le divertissement = plaisir du spectacle, qui capte l'attention, et permet donc de divertir efficacement -> plaisir mais aussi divertissement plus profond = détourner des pensées douloureuses, voire, au sens pascalien, de la pensée de la mort (voir la fonction de la cérémonie burlesque d'intronisation d'Argan) (cf. texte 3 pour l'oral) -> accentuer le comique = par les costumes, les gestes, les déplacements, le décor. XI Exemple de dissertation Sujet La comédie Le Malade imaginaire n'est-elle qu'un divertissement ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur Le Malade imaginaire de Molière ainsi que sur vos lectures personnelles. -> Double sens du mot "divertissement" -> plan dialectique (Oui "divertissement" / Mais "instruire"/ Synthèse "divertissement au sens profond") ou plan mixte (Oui "divertissement sens 1" / Oui "divertissement sens 2" / Mais aussi : "instruire par le rire") I_Un divertissement : au sens de plaire et amuser Citer le Prologue : "divertir" le roi "pour le délasser de ses nobles travaux" -- musique et danse (Prologue et intermède) et aussi héritage de la comédia dell'arte (Premier intermède) -- comique de farce, du bas corporel, -- comique de caractère : naïveté, et folie d'Argan Transition: pas seulement faire rire, mais transmettre un enseignement : fonction de la grande comédie, héritée de l'Antiquité : castigat ridendo mores instruire par le rire II_Mais la comédie cherche aussi à instruire par le rire -- la portée satirique de la pièce, mettre en garde contre la médecine : cf parodie de consultation médicale (sc du poumon), personnages caricaturaux ridicule de Thomas Diafoirus (+ noms Fleurant, Purgon, Diafoirus...) -- et faire l'éloge du théatre = la meilleure médecine cf citations de Béralde, dénouement de la pièce Transition: instruire sur les moeurs, mettre en garde les spectateurs de l'époque contre la médecine. Mais la pièce instruit aussi sur la nature humaine (et peut s'adresser au spectateur d'aujourd'hui) III_La pièce est un divertissement au sens profond : détourner de l'angoisse de la maladie et de la mort -- cf progression de la pièce (Argan seul au début, peur de la mort = citer I, 1) puis théatre dans le théatre au dénouement qui réunit tout le monde (parler du Troisième intermède) = guérir Argan de son obsession, pas seulement se moquer de la médecine. -- La mise en abyme : un éloge du théatre et de la comédie comme le meilleur "divertissement" au sens pascalien du mot. XII

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Molière
DISSERTATION
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LE MALADE IMAGINAIRE, MOLIÈRE
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siè

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Le Malade imaginaire

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Mon cours complet sur le livre Le Malade imaginaire de Molière au programme de 1ere. Ma fiche englobe toutes les connaissances à connaître et éventuellement réutiliser à l’oral comme à l’écrit.

Molière DISSERTATION - LE MALADE IMAGINAIRE, MOLIÈRE Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siècle, qui se rattache au mouvement du classicisme. Également acteur et directeur de troupe, cet homme de théâtre complet est la figure de proue de la comédie classique qu'il hausse au rang de la tragédie. S'il excelle dans un premier temps avec la farce, c'est dans la comédie, plus profonde, où la peinture satirique des vices humains se colore d'une visée morale, qu'il se distinguera. Protégé par Louis XIV, Molière est pourtant de nombreuses fois attaquées, notamment par les religieux pour ses critiques des faux-dévots dans Tartuffe. Il meurt en 1673, après une représentation du Malade imaginaire. Le Malade imaginaire Dernière oeuvre de Molière Le Malade imaginaire est la dernière pièce de Molière, créée le 10 février 1673 au théatre du Palais-Royal: Molière, qui joue le role d'Argan, meurt juste après la quatrième représentation, le février. 17 Comme le diagnostic Toinette (texte 2), il était atteint d'une maladie des poumons : une tuberculose pulmonaire. La portée philosophique du spectacle comme divertissement (oublier la peur de la mort), prend donc tout son sens. Le rire et la maladie, un pari audacieux. Comme nous l'explique Émile Faguet dans En lisant Molière, Argan est, "vingt-quatre heures par jour, l'homme qui ne veut pas mourir. [...] le malade imaginaire s'inflige l'état valétudinaire...

Molière DISSERTATION - LE MALADE IMAGINAIRE, MOLIÈRE Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, est un des plus célèbres dramaturges du XVIIIe siècle, qui se rattache au mouvement du classicisme. Également acteur et directeur de troupe, cet homme de théâtre complet est la figure de proue de la comédie classique qu'il hausse au rang de la tragédie. S'il excelle dans un premier temps avec la farce, c'est dans la comédie, plus profonde, où la peinture satirique des vices humains se colore d'une visée morale, qu'il se distinguera. Protégé par Louis XIV, Molière est pourtant de nombreuses fois attaquées, notamment par les religieux pour ses critiques des faux-dévots dans Tartuffe. Il meurt en 1673, après une représentation du Malade imaginaire. Le Malade imaginaire Dernière oeuvre de Molière Le Malade imaginaire est la dernière pièce de Molière, créée le 10 février 1673 au théatre du Palais-Royal: Molière, qui joue le role d'Argan, meurt juste après la quatrième représentation, le février. 17 Comme le diagnostic Toinette (texte 2), il était atteint d'une maladie des poumons : une tuberculose pulmonaire. La portée philosophique du spectacle comme divertissement (oublier la peur de la mort), prend donc tout son sens. Le rire et la maladie, un pari audacieux. Comme nous l'explique Émile Faguet dans En lisant Molière, Argan est, "vingt-quatre heures par jour, l'homme qui ne veut pas mourir. [...] le malade imaginaire s'inflige l'état valétudinaire...

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de peur de devenir malade". On retrouve dans cette pièce tout ce qui caractérise son théatre, depuis les emprunts à la commedia dell'arte ou le ballet, jusqu'aux attaques en règle contre les mariages arrangés et les médecins. Comédie brillante par les fastes qu'elle déploie comme par la synthèse théatrale qu'elle réalise, Le Malade imaginaire réaffirme plus que jamais les deux préceptes qui guidaient Molière : la volonté de plaire et la liberté de critiquer. Résumé Dans le prologue, des personnages antiques chantent le retour victorieux de Louis XIV de sa campagne guerrière contre la Hollande. Dans l'acte I, Argan, hypocondriaque invétéré, compte ses traitements et s'affronte avec sa servante Toinette qui le met en garde contre l'apothicaire M. Fleurant et le médecin M. Purgon qui ne font que tirer profit de lui, sans le soigner. Angélique, la fille d'Argan, confie à Toinette son amour pour Cléante. Mais, pour réduire ses frais médicaux, Argan veut marier sa fille à un médecin, Thomas Diafoirus. Toinette s'oppose à ce mariage tandis que Béline, la seconde femme d'Argan et belle-mère d'Angélique, défend le projet de son mari et pousse ce dernier à rédiger un testament en sa faveur. Lors du premier intermède musical, Polichinelle chante sa douleur face à l'inflexibilité de son amante Toinette et se fait rouer de coups de bâton dans une scène de commedia dell'arte. À l'acte II, Cléante s'introduit dans la maison familiale en se faisant passer pour le remplaçant du professeur de musique d'Angélique. Le père Diaforus et son fils arrivent, mais la scène de compliments est cocasse: Thomas Diaforus confond Angélique avec sa belle-mère. Sur la demande d'Argan, Cléante donne une leçon de chant à Angélique. Les deux jeunes amants profitent de cet opéra improvisé pour mettre en abyme leur situation et se déclarer leur amour indirectement. Angélique fait savoir son peu d'empressement pour son mariage avec Thomas Diaforus et critique le mariage d'intérêt en visant Béline. Argan apprendre par sa cadette, Louison, la présence d'un jeune homme à la porte de la chambre d'Angélique. Furieux, il déclare qu'Angélique ira au couvent si elle ne veut pas épouser Thomas Diaforus. Béralde, le frère d'Argan, intervient et propose, pour calmer son frère, un intermède de danses d'Égyptiennes (le deuxième intermède). Dans l'acte III, Béralde tente en vain de raisonner son frère. Il renvoie M. Fleurant, l'apothicaire venu donner un lavement à Argan, ce qui provoque la colère du médecin M. Purgon qui menace Argan de terribles maladies. Toinette se déguise en médecin pour tromper Argan et ridiculiser la profession de ces faux sachants. Puis, Toinette décide d'utiliser un subterfuge pour faire émerger la vérité. Elle propose à Argan de contrefaire la mort pour voir la réaction de sa femme. Cette dernière tombe dans le piège: elle se réjouit du décès de son époux tandis qu'Angélique est accablée par cette annonce. Les masques tombent donc. Argan s'éveille et accepte qu'Angélique épouse Cléante si ce dernier devient médecin. Béralde propose une meilleure solution : Pourquoi Argan ne se ferait-il pas médecin lui-même ? La pièce se clôt sur la cérémonie d'intronisation d'Argan au troisième intermède. Les thèmes La médecine Le principal point de mire de cette comédie intitulée Le Malade imaginaire est bien sûr constitué par les excès des médecins. Molière dresse dans Le Malade imaginaire une satire féroce de la médecine. || Au XVIIe siècle, l'Europe connaît des avancées majeures en médecine car, sous l'impulsion de René Descartes, elle se dote de méthodes scientifiques. Les médecins que nous voyons dans le Malade imaginaire sont des personnages prétentieux, dissimulant leur ignorance derrière des mots savants et un latin de cuisine. Ce sont des pédants et des rhétoriqueurs plutôt que des scientifiques. Leurs pratiques qui remontent à l'Antiquité, comme le lavement et la saignée, sont non seulement incapables de guérir, mais précipitent la mort des patients. Molière en croque tous les défauts, depuis le pédantisme bien (ou mal) appris du jeune Thomas Diafoirus jusqu'à l'ignorance crasse et dangereuse du médecin joué par Toinette (qui, à tout symptome énoncé répond « le poumon » et à toute ordonnance prescrite par ses pairs s'exclame << ignorant », III, 10) en passant par l'autoritarisme despotique de Monsieur Purgon. <<MONSIEUR PURGON- Un attentat énorme contre la médecine » Celui-ci ne mache pas ses mots en qualifiant la désobéissance d'Argan d' « attentat contre la médecine »,et passe du ton d'un juge proférant une sentence à celui d'un sorcier lançant une malédiction (III, 5). «<MONSIEUR PURGON - Et je veux qu'avant qu'il soit quatre jours vous deveniez dans un état incurable ». La satire des mauvais médecins culmine dans la savoureuse parodie offerte par le dernier intermède, dans lequel des comédiens jouent des médecins et imitent leur parlure savante par un mélange de mots latins, français et de termes francais latinisés de façon fantaisiste. Le médecin n'impressionne que par son habit et ses discours savants. Ainsi, à la fin de la pièce, il suffit à Argan de revêtir la tunique pour être intronisé médecin : «ARGAN-Quoi! L'on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ? BÉRALDE- Oui. L'on n'a qu'à parler; avec une robe et un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient raison >> La critique est à son paroxysme dans l'intermède final, aussi grotesque que virulent, quand Argan est adoubé médecin par une confrérie de pacotille. À chaque question destinée à valider son diplôme de médecine, il répond: << Clysterium donare, postea siagnare, ensuita purgare » (utiliser le clystère, puis siagner et enfin purger). Il faut dire que les médecins ont tendance) abuser de ces trois traitements, qui laissent leurs patients aussi exsangues que soumis. Lien avec une autre œuvre : Le comte Cosnac et Arthur Bertrand dans les Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV : le marquis de Sourches rapporte l'anecdote suivante : un courtisan du roi, trop pressé de se prosterner devant sa majesté, heurta violemment le coude de son voisin. Son nez se mit à saigner abondamment. Appelé pour le soigner, le médecin de la cour lui prescrit une saignée ! À noter qu'Argan n'est pas tout à fait guéri à la fin de la pièce, il passe de faux malade à faux médecin. Au contraire, il sombre même dans l'illusion la plus complète, et si la comédie finale qu'on lui fait jouer à lui-même n'a pas le pouvoir de soigner sa névrose, elle a eu au moins le mérite de le détourner de la peur de la mort. Il s'agit bien au sens étymologique, d'un divertissement. ||| Une réflexion philosophique La critique de Molière envers la médecine est moins comique qu'il n'y paraît. Ou du moins, elle n'est pas exclusivement comique. En effet, Molière, lorsqu'il rédige la pièce, se bat depuis plusieurs années déjà contre la maladie, et il a eu tout le loisir de fonder son opinion sur l'inefficacité des médecines de son temps. << BERALDE - Les ressorts de notre machine sont des mystères, jusques ici, où les hommes ne voient goutte, et (...) la nature nous a mis au-devant des yeux des voiles trop épais pour y connaître quelque chose. »> Par ailleurs, s'il s'autorise de telles incursions dans le milieu médical, c'est qu'il le connaît bien non seulement deux de ses amis proches sont médecins (Jean Armand de Mauvillain et François Bernier), on suppose aussi qu'il a lu un ouvrage destiné aux étudiants en médecine, Les Œuvres de La Framboisière. Ainsi, le comique de Molière s'appuie sur un discours tout à fait cohérent et documenté, ce qui rend la critique d'autant plus efficace. On notera que le développement de Beralde sur la capacité des hommes à se soigner par eux- mêmes découle d'une pensée philosophique initié par Lucrèce sur la conception du corps humain comme une machine complexe, capable de se soigner seule. «< BÉRALDE – je ne vois rien de plus ridicule qu'un homme qui se veut mêler d'en guérir un autre. » Le mariage Le Malade imaginaire confronte quatre types de mariages possibles : Le mariage avec Dieu : c'est la menace que fait Argan à sa fille Angélique d'aller au couvent. - - - Le mariage d'intérêt : celui que Béline a contracté avec Argan. Le mariage arrangé (ou mariage de raison): celui d'Angélique et Thomas Diaforus. Le mariage fondé sur les sentiments (ou mariage d'amour): celui d'Angélique et de Cléante. Avec le quiproquo de Thomas Diaforus qui confond au départ sa future femme Angélique avec sa belle-mère, Molière critique ironiquement le mariage de raison fodé sur des personnes interchangeables. << THOMAS DIAFOIRUS, à Angélique - Madame, c'est avec justice que le Ciel vous a concédé le nom de belle-mère, puisque l'on... ARGAN - Ce n'est pas ma femme, c'est ma fille à qui vous parlez »>. Le mariage d'intérêt est également blâmé à travers le subterfuge utilisé par Toinette pour révéler les intentions vénales de Béline. Certes, il s'agit de s'amuser, mais aussi, par le rire, d'amener les hommes à se corriger de leurs défauts en les leur montrant sur la scène. IV La critique des mariages d'intérêt, sujet central de bien des farces, est une constante des pièces de Molière. Elle redouble cependant d'intensité ici en se dédoublant : deux mariages servent de cible, celui projeté par Argan de sa fille Angélique avec le jeune médecin Thomas Diafoirus et celui d'Argan lui-même avec la vénale Béline. Toinette puis Béralde tentent de le convaincre de ne pas marier Angélique dans son intérêt, mais dans celui de sa fille. La réplique finale de Béralde dans la scène 3 de l'acte III prend même le tour d'une brève moralité : << je vous dirai que [...] pour le choix d'un gendre, il ne faut pas suivre aveuglément la passion qui vous emporte, et qu'on doit, sur cette matière, s'accommoder un peu à l'inclination d'une fille, puisque c'est pour toute la vie, et que de là dépend tout le bonheur d'un mariage ». La critique des mariages d'intérêt atteint son acmé lorsque Argan, contrefaisant le mort, découvre que, loin de le pleurer, Béline se réjouit de son décès et ne songe qu'à s'emparer de son argent (III, 12). << BÉLINE - Il y a des papiers, il a de l'argent donc je me veux saisir, et il n'est pas juste que j'aie passé sans fruit auprès de lui mes plus belles années ». Le mariage d'amour est mis à rude épreuve à travers la figure paternelle qui utilise ses enfants pour servir ses propres intérêts, mais c'est la sincérité qui finira par triompher. Le divertissement Ce mot vient du latin « divertere » qui signifie « détourner ». Au XVe siècle, il désiganit l'action financière consistant à détourner à son profit (ou distraire) une part de l'héritage. Pour le philosophe Pascal, contemporain de Molière, le divertissement est la recherche désespérée d'une consolation face à « notre condition faible et mortelle ». Il s'est ensuite associé à l'idée de plaisir et de loisir. Le divertissement est une thématique fondamentale du Malade imaginaire. En effet, cette comédie-ballet est un spectacle total qui intègre la musique, le chant et la danse. Les intermèdes occupent une part importante de la pièce, en termes de temps et d'investissements dramaturgiques (musique réalisée par le compositeur Marc-Antoine Charpentier, costumes, décors, chorégraphie). Par ces intermèdes qui chantent le triomphe de l'amour ou de la joie, Molière cherche avant tout à plaire aux goûts du public de son temps. Ces intermèdes font également partie d'un décorum de cour qui montre la puissance du règne de Louis XIV et visent à s'attirer les bonnes grâces du roi. 1. Un spectacle total Comédie-ballet melant théatre, musique et danse, Le Malade imaginaire offre un spectacle total à son public : pour la création de la pièce, Molière s'entoure du chorégraphe Beauchamp avec lequel il a déjà travaillé plusieurs fois et du jeune compositeur Marc-Antoine Charpentier, qui signe alors sa seconde collaboration avec lui. V Danse et musique s'entremêlent ainsi à la comédie : un prologue ouvre la pièce tandis que chacun des trois actes est suivi d'un intermède chanté et dansé. Ces scènes de ballet empruntent toutes à des univers littéraires connus du public : le prologue met en scène le monde de la pastorale, le premier intermède s'inscrit dans le sillage de la commedia dell'arte et de la farce, le deuxième puise dans la mode de l'orientalisme qui s'installe peu à peu en France et le dernier exploite la tradition du carnaval. Molière use des divers moyens artistiques et styles littéraires à sa portée afin de faire de cette comédie un modèle de divertissement. 2. Le plaisir, la meilleure ordonnance qui soit Il écrit en effet cette pièce à l'occasion du carnaval, c'est-à-dire pour une fête dont les mots d'ordre sont liesse et exubérance. En outre, cette comédie-ballet a explicitement pour intention de « délasser [le roi] de ses nobles travaux » : « Après les glorieuses fatigues et les exploits victorieux de notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux qui se mêlent d'écrire travaillent ou à ses louanges, ou à son divertissement » («< prologue »). Depuis 1672, Louis XIV est en guerre contre la Hollande. Le Malade imaginaire affiche de la sorte une volonté délibérée d'amuser et de divertir. Dans une mise en abyme joliment orchestrée, le frère d'Argan, Béralde, fait valoir les bienfaits du divertissement : « Je vous amène ici un divertissement, que j'ai rencontré, qui dissipera votre chagrin, et vous rendra l'ame mieux disposée aux choses que nous avons à dire. [...] et cela vaudra bien une ordonnance de Monsieur Purgon » (II, 9). Le divertissement égale l'« ordonnance » : c'est affirmer que, loin d'être anodin, le théatre peut guérir de bien des maux : la pièce est donc aussi un éloge du théatre 3. Les caractéristiques de l'écriture Le Malade imaginaire est avant tout une comédie qui utilise tous les ressorts comiques traditionnels : Le comique de mots, notamment avec le latin de cuisine lors du 3e intermède qui n'a rien à voir avec le latin spécialisé du vocabulaire médical. Le comique de répétition dans l'affrontement entre Toinette et Argan à propos du mariage d'Angélique et de la menace de la faire entrer dans un couvent : «< - Non ?- Non ». Ou lorsque Toinette se déguise en médecin et répète le diagnostic «< Le poumon » quel que soit le symptôme énoncé par Argan. Ou encore lorsqu'Argan imite la clochette << - Drelin, drelin ! ». Le comique de caractère, avec des personnages types et caricaturaux: Argan le barbon hypocondriaque, Toinette la servante insolente. Le comique de situation, notamment dans le troisième intermède lorsque Argan est fait médecin dans « Une cérémonie burlesque ») où alternent récits, latin improvisé, chants et danse qui n'ont pas grand-chose à voir avec une soutenance de thèse de médecine. Le trait est satirique : les médecins sont caricaturaux et l'ironie de Toinette bouscule la hiérarchie sociale entre maîtres et servants << TOINETTE- Quand un maître ne songe pas à ce qu'il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. »> VI Une pièce à la croisée des une comédie-ballet et un spectacle mélant farce et grande comédie. 1. Une comédie-ballet genres Spectacle mélant théâtre, musique et danse, la comédie-ballet naït en 1661 sous l'impulsion de Molière et du compositeur italien Lully qui travaillent avec le chorégraphe Beauchamp à la création des Fâcheux. Ensemble, ils vont ainsi créer une petite dizaine d'oeuvres dont certaines connaissent un grand succès comme Monsieur de Pourceaugnac (1669) et Le Bourgeois gentilhomme (1670). Mais en 1672, Lully rachète le privilège de l'Académie royale de musique et obtient ainsi le monopole sur tous les spectacles musicaux, délivrant l'autorisation ou non à d'autres d'en créer. Molière en est donc réduit à demander au roi la permission de travailler avec seulement quelques musiciens (six chanteurs et douze violons) pour Le Malade imaginaire en 1673. 2. L'influence de la farce : Comme il l'explique dans son prologue, Le Malade imaginaire fut écrit par Molière pour délasser le roi "de ses nobles travaux". Marc Antoine Charpentier en composa la musique et La Musique dans la comédie de Molière de Julien Tiersot nous rappelle que la pièce, donnée au sein du théatre du Palais Royal, mobilisa des moyens exceptionnels (spectacle) : "Les frais du Malade imaginaire ont été grands à cause du prologue et des intermèdes remplis de danses, musique et ustensiles". La farce est un genre théâtral né au Moyen Age, qui a pour but de faire rire et qui a souvent des caractéristiques grossières. Du latin "farsa", petit intermède comique introduit dans une pièce sérieuse. Ancêtre des comédies modernes, la farce est apparue à la fin du XIVe siècle. C'est une comédie souvent courte et en vers, et dont le niveau de langue est familier. Le but est de faire rire le public au moyen d'un comique grossier (bons mots, injures, coups, bas corporel etc.) Les personnages de la farce sont peu nombreux, et l'intrigue est généralement simple et repose sur la tromperie : mari trompé et femme infidèle, médecin charlatan, trompeur trompé etc. Au commencement du XVIIe siècle en France, les trois genres dramatiques reflétaient les strictes divisions des classes sociales à cette époque: la tragédie était associée à la noblesse, la comédie à la bourgeoisie, la farce au peuple. Les grands changements apparaissent en France au XVIIe siècle, avec les apports de la commedia dell'arte et son influence sur la farce française. En parcourant la France, Molière rencontre des acteurs de la commedia. Inspiré des techniques de ce genre théatral, Molière commence à écrire des farces, en employant les dispositifs littéraires utilisés par la commedia dell'arte comme le lazzi (acrobatie verbale et gestuelle), le quiproquo et l'humour bouffon. Il utilise aussi des noms de personnages très similaires à ceux des pièces de la commedia dell'arte, comme Sganarelle et Lucinde. VII En écrivant ses farces, Molière a non seulement rétabli la farce en France, mais il lui a aussi donné la respectabilite. La nouvelle farce française est plus drole et amusante que la comédie traditionnelle et n'est plus seulement destinée au peuple. La stricte division entre les genres dramatiques tend à s'estomper. À la même époque, Corneille crée un nouveau genre théatral, la comédie de moeurs, qui rompt avec la farce grossière et bouffonne en vogue. 3. L'influence de la commedia dell'arte La commedia dell'arte apparaît en Italie au xvie siècle et conquiert l'Europe et même la Russie. Il s'agit d'un théatre d'improvisation les comédiens s'attribuent un personnage et improvisent à partir d'un canevas (une trame) simple, en inventant de petites scènes ou des lazzi (intermèdes comiques mimés, accompagnés parfois d'un maigre dialogue, sans rapport avec l'intrigue). Les histoires varient ainsi au gré des représentations. La commedia dell'arte met en scène des personnages types parmi lesquels on trouve les zanni (valets) tels qu'Arlequin ou Scapin, le vieillard avare et libidineux nommé Pantalon, le soldat fanfaron nommé Capitan, etc. La commedia dell'arte constitue une véritable source d'inspiration pour Molière et le théatre français. 4. Le théâtre dans le théâtre : des spectacles dans le spectacle Dans cette pièce, le spectacle est aussi celui qu'organisent les personnages eux-mêmes. Toinette est, de ce point de vue, le metteur en scène de nombreuses scènes de théâtre dans le théâtre. La plus frappante est la mise en scène de la fausse mort d'Argan qui permet de démasquer la vénalité de Béline et de révéler la loyauté d'Angélique. Béralde joue le rôle d'organisateur de spectacles car c'est souvent lui qui introduit les intermèdes, comme lorsqu'il annonce les danseurs mores pour calmer la colère d'Argan : « Je vous amène ici un divertissement que j'ai rencontré, qui dissipera votre chagrin ». Plus généralement, le procédé de théâtre dans le théâtre est abondamment utilisé dans la pièce, par exemple lorsque Louison fait semblant d'être morte, quand Cléante et Angélique se déclarent leur amour à travers un opéra improvisé, quand Toinette se déguise en médecin ou lorsque Molière se met lui-même en abyme dans l'échange polémique entre Argan et Béralde: << ARGAN - C'est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies » (III). Ces procédés de mise en abyme accentuent l'effet comique car ils donnent une légèreté à la pièce et dédramatisent l'intrigue. Se jouer des limites ou la liberté de tout jouer = le genre de la comédie au service de la liberté d'expression 1. L'art de contourner la censure Sans cesse, Molière a été confronté à de violentes oppositions lors de la création de ses comédies. Au fil du temps, il a développé un art de contourner la censure dont il semble offrir une démonstration dans cette pièce. Afin de parvenir à parler à Angélique malgré la surveillance d'Argan, Cléante, déguisé en maître de musique, a l'idée de chanter avec elle «< un petit opéra qu'on a fait depuis peu » (II, 5) et qui est en réalité une invention personnelle : des « vers libres, tels que la passion et la nécessité peuvent faire trouver à deux personnes qui disent les choses d'eux-mêmes, et parlent sur-le-champ >> VIII explique-t-il à Argan dans un discours à double sens qui expose à Angélique le fonctionnement de son ingénieux système de communication. Ce faisant, il parvient non seulement à déclarer son amour à Angélique, mais aussi à obtenir d'elle l'assurance du sien, lui faisant répéter à l'envi des « je vous aime » et allant jusqu'à décrire clairement leur situation avant d'éveiller les soupçons d'Argan. Difficile de ne pas voir dans cette scène une mise en abyme de l'art d'esquiver la censure. 2. Défense de la liberté d'expression Molière va encore plus loin dans la scène 3 de l'acte III : par un autre effet de mise en abyme, Béralde conseille à Argan d'aller voir les comédies de Molière. C'est l'occasion pour Molière auteur de répondre à ses détracteurs en expliquant, par l'entremise de Béralde, l'objet exact de ses railleries : « Ce ne sont point les médecins qu'il joue, mais le ridicule de la médecine », puis en revendiquant le droit à la satire. BÉRALDE- - Ce que j'en dis n'est qu'entre nous, et j'aurais souhaité pouvoir un peu vous tirer de l'erreur où vous êtes, et, pour vous divertir, mener voir sur ce chapitre quelqu'une des comédies de Molière. » << Par un extraordinaire pied de nez, en jouant Argan, c'est-à-dire un personnage représentant ses adversaires qui dénigre à n'en plus finir ses comédies, Molière comédien ridiculise ces mêmes adversaires en même temps qu'il désamorce leurs critiques. Il fait ainsi miroiter en les réconciliant les divers sens de (se) jouer (de): s'amuser, interpréter un rôle, se moquer, comme il le rappelle dans un clin d'oeil à la scène 13 de l'acte III (il feint d'être mort), avant un dernier intermède de théâtre dans le théâtre. Le sens du parcours : spectacle et comédie Étymologies Spectacle // théatre = regarder Spectacle du latin spectaculum, issu de spectare = regarder Théatre: du latin theatrum, issu du grec ancien théatron = « lieu où l'on regarde »> = d'abord lieu spécifique un : théatre antique -> référence à un spectacle précis, et à la mise en scène Spectacle définitions du CNRTL A - Ce qui se présente au regard ; vue d'ensemble qui attire l'attention et/ou éveille des réactions - Fait de voir, de contempler, d'observer une chose, un ensemble d'éléments qui s'inscrit dans une durée, dans un processus - Figuré : Ensemble de faits, d'événements, de phénomènes qui se présentent à l'observation, à l'étude. B - Représentation de théatre, de danse, de cinéma, d'opéra, de numéros de variétés, qui est donnée en public. IX Représentation artistique considérée du point de vue de la vie culturelle, mondaine mise [Avec le sens de »] Loc. << en scène -> À grand spectacle. Où l'on déploie une mise en scène, des effets impressionnants, importants. Titre du parcours 1. Spectacle : Ce que l'on voit, ce que l'on regarde, avec l'idée que ce qui est représenté produit un effet, une réaction capte l'attention, seulement = mais pas -> au sens large = spectacle / spectaculaire = ce qui impressionne, produit un effet, une réaction L'importance des effets comiques rire - Importance de la mise en scène = comédiens (voix, gestes, expressions, costumes, accessoires), décor, lumière spectacle) Le théatre dans le (redouble le - Un spectacle total : le genre de la comédie-ballet implique musique et danse 2. Comédie : théatre évolution comédie (se Aristote distingue les 2 genres comédie / tragédie. -> histoire littéraire : héritage Antiquité. La fonction de la comédie = divertir et instruire. rapproche tragédie) 3. Spectacle et comédie -> indissociables = de faire la La comédie est considérée comme un genre populaire, moins savant, inférieur à la tragédie. Mais dès l'origine, sa fonction n'est pas seulement de faire rire, elle est aussi satirique. Origine Antiquité, lien avec fêtes en l'honneur de Dionysos, lien avec le carnaval. "grande comédie" = fonction satirique "castigat ridendo mores" = instruire par le rire, "corriger les moeurs" = corriger les hommes en les faisant rire du spectacle de leurs défauts = dimension satirique X Le parcours pose quelques questions : Qu'apporte le spectacle à la comédie ? Quel role joue-t-il pour le comique ? Est-ce que le spectacle ajoute comique au ? Au divertissement ? Quel role le spectacle joue-t-il dans l'évolution du genre ? Aux origines de la comédie Le mot "comédie" vient du grec "komos", le cortège et "odè", le chant : il s'agit sans doute, à l'origine, d'un rituel de fertilité, donnant lieu à une procession en l'honneur du dieu Dionysos. Elle est alors menée par les "phallophores", ainsi nommés parce qu'ils portent un costume rembourré, avec un faux ventre pourvu d'un énorme phallus postiche... Ivres, dans une sorte de transe, ils lancent toutes sortes de plaisanteries, souvent grossières, et leur passage s'accompagne de débats et de combats cocasses. Cette origine explique les constantes du genre de la comédie : Son langage familier, voire vulgaire qui abonde en insulte et ne recule pas devant l'obescénité; Le choix de personnages qui appartiennent au peuple, et souvent stéréotypés : le vieillard amoureux, le jeune homme naif, l'esclave... La place prise par les "débats", supports de la critique sociale, et par les "combats" plaisants; L'excès dans les gestes et les paroles, donc le role de la caricature. Ces caractéristiques expliquent les fonctions traditionnelles de la comédie, que résume Molière, dans son premier "Placet au Roi" à propos de Tartuffe : << le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que dans l'emploi où je me trouvais, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules, les vices de mon siècle »>. Il lui assigne nettement un double role, « corriger les hommes en les divertissant », reprise de la formule latine, « castigat ridendo mores ». Ainsi l'intitulé du parcours, « Spectacle et comédie », conduit à mettre en relation un genre particulier, la << comédie » avec sa mise en scène, c'est-à-dire l'effet sur le spectateur. Qu'ajoute donc le « spectacle » aux fonctions traditionnellement assignées à la « comédie >> ? -> renforcer le divertissement = plaisir du spectacle, qui capte l'attention, et permet donc de divertir efficacement -> plaisir mais aussi divertissement plus profond = détourner des pensées douloureuses, voire, au sens pascalien, de la pensée de la mort (voir la fonction de la cérémonie burlesque d'intronisation d'Argan) (cf. texte 3 pour l'oral) -> accentuer le comique = par les costumes, les gestes, les déplacements, le décor. XI Exemple de dissertation Sujet La comédie Le Malade imaginaire n'est-elle qu'un divertissement ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur Le Malade imaginaire de Molière ainsi que sur vos lectures personnelles. -> Double sens du mot "divertissement" -> plan dialectique (Oui "divertissement" / Mais "instruire"/ Synthèse "divertissement au sens profond") ou plan mixte (Oui "divertissement sens 1" / Oui "divertissement sens 2" / Mais aussi : "instruire par le rire") I_Un divertissement : au sens de plaire et amuser Citer le Prologue : "divertir" le roi "pour le délasser de ses nobles travaux" -- musique et danse (Prologue et intermède) et aussi héritage de la comédia dell'arte (Premier intermède) -- comique de farce, du bas corporel, -- comique de caractère : naïveté, et folie d'Argan Transition: pas seulement faire rire, mais transmettre un enseignement : fonction de la grande comédie, héritée de l'Antiquité : castigat ridendo mores instruire par le rire II_Mais la comédie cherche aussi à instruire par le rire -- la portée satirique de la pièce, mettre en garde contre la médecine : cf parodie de consultation médicale (sc du poumon), personnages caricaturaux ridicule de Thomas Diafoirus (+ noms Fleurant, Purgon, Diafoirus...) -- et faire l'éloge du théatre = la meilleure médecine cf citations de Béralde, dénouement de la pièce Transition: instruire sur les moeurs, mettre en garde les spectateurs de l'époque contre la médecine. Mais la pièce instruit aussi sur la nature humaine (et peut s'adresser au spectateur d'aujourd'hui) III_La pièce est un divertissement au sens profond : détourner de l'angoisse de la maladie et de la mort -- cf progression de la pièce (Argan seul au début, peur de la mort = citer I, 1) puis théatre dans le théatre au dénouement qui réunit tout le monde (parler du Troisième intermède) = guérir Argan de son obsession, pas seulement se moquer de la médecine. -- La mise en abyme : un éloge du théatre et de la comédie comme le meilleur "divertissement" au sens pascalien du mot. XII