Le regard rétrospectif et l'annonce des transgressions
Dans le troisième mouvement de cet extrait de Manon Lescaut, l'Abbé Prévost utilise la technique du regard rétrospectif pour annoncer les transgressions futures et donner une dimension tragique à cette rencontre amoureuse.
Le narrateur, Des Grieux, porte un jugement sur ses actions passées :
Citation : "Hélas ! j'étais bien jeune et bien peu sensé. Je ne savais pas qu'il ne faut qu'un moment pour changer notre condition du meilleur au pire état du monde."
Cette réflexion introduit une rupture dans le récit, passant du temps de la narration au temps de l'énonciation. Ce procédé permet à l'Abbé Prévost de créer une tension dramatique en annonçant les malheurs à venir.
Highlight : L'utilisation de l'interjection "Hélas !" et la répétition de l'adverbe "bien" soulignent le regret et l'amertume du narrateur.
Cette perspective rétrospective donne une dimension tragique à la scène de coup de foudre, transformant ce qui pourrait être un moment de bonheur en prélude à une série de malheurs.
L'auteur insiste sur la rapidité avec laquelle la vie de Des Grieux va basculer :
Citation : "il ne faut qu'un moment pour changer notre condition du meilleur au pire état du monde"
Cette réflexion générale sur la fragilité de la condition humaine s'inscrit dans la tradition du roman d'apprentissage, où le héros acquiert de la sagesse à travers ses expériences.
Enfin, l'Abbé Prévost annonce les transgressions à venir :
Exemple : Des Grieux évoque sa décision d'abandonner ses études et de suivre Manon, allant ainsi à l'encontre des attentes de sa famille et de la société.
Cette annonce des futures transgressions sociales et morales est caractéristique du topos romanesque de Manon Lescaut. Elle prépare le lecteur aux rebondissements et aux conflits qui constitueront le cœur du roman.
En conclusion, cette analyse linéaire de la rencontre entre Des Grieux et Manon révèle comment l'Abbé Prévost exploite le topos de la rencontre amoureuse tout en y insufflant une dimension tragique. Cette scène emblématique pose les bases du conflit entre passion et devoir qui animera l'ensemble du roman.