L'émancipation créatrice par les métaphores inattendues
Ici, ça devient vraiment moderne ! Les métaphores se succèdent : feuilles, roseaux, ailes, bateaux... Ces mots appartiennent à des champs lexicaux complètement différents et tu ne vois pas immédiatement le rapport avec le regard. C'est volontaire !
À la seconde lecture, tu découvres le lien : ces éléments partagent tous une forme ovale similaire à celle des yeux. Une feuille, la pointe d'un roseau, la courbure d'une aile, la coque d'un navire - tout évoque cette forme ovoïde déjà présente dans l'image du "berceau" du premier mouvement.
Éluard intègre les quatre éléments fondamentaux : terre ("feuille mousse"), air ("roseau du vent, ailes"), eau ("bateau, mer"), feu ("lumière"). Le regard de l'être aimé contient ainsi toutes les forces de la nature et rassemble les merveilles du monde. La structure binaire "chargés du ciel et de la mer" donne à ce regard une dimension illimitée.
Les sens s'entremêlent : "bruits, couleurs, parfums". Ce regard devient "chasseur de bruits" qui apaise, "source des couleurs" qui illumine la vie du poète.
À noter : L'enjambement entre les strophes brise les règles de versification traditionnelle, marquant cette émancipation créatrice.