Analyse linéaire : Gargantua, Rabelais (1534), Chapitre 14, « Comment Gargantua fut instruit par un sophiste en lettres latines »

Légende alternative :

durées hyperboliques: Gargantua nécessite un temps monumental pour apprendre son alphabet. - passivité de l'élève (anaphore): il ne réfléchit pas bcp. - énumération de 5 livres de grammaire = inutile, le précepteur est dans la démesure. - les techniques sont absurdes: apprendre à écrire en lettres gothiques, recopier des livres. - C.C cause : la raison donnée est illogique. - comparaison écritoire/pilier + comparaison encrier/tonneau + répétition: narrateur insiste sur les proportions étonnantes, la démesure -> taille et poids très importants. - la description de l'encrier nous fait penser à un forçat. - sorte d'allégorie de l'écritoire : il est pris au piège dans cette éducation -> Rabelais la critique : elle est pénible, lourde et laborieuse. P commence par « puis » : c'est un ajout, une nouvelle étape. Puis il lui lut le De modis significandi, avec les commentaires de - anaphore 2 fois dans le paragraphe = passivité de l'éducation. Heurtebise, de Faquin, de Tropdiceux, de Galehaut, de Jean le Veau, de Billonio, de Brelingandus et d'un tas d'autres. Cela l'occupa plus de dix-huit ans et onze mois. Et il le sut si bien que, mis à l'épreuve, il le récitait par cœur et à l'envers. Il prouvait ainsi sur ses doigts, à sa mère, que de modis significandi non erat scientia. Puis il lui lut le Comput, ce qui l'occupa bien seize - idée de quantité : il lui lit texte + commentaire. - énumération de surnoms comiques traditionnels ridicules: 1) Faquin : insulte -> personnage méprisable et vaniteux 2) Tropdiceux : excès de parole -> dit trop des bêtises 3) Galehaut : maladie 4) Jean le Veau : regard bovin = regard vide -> vivacité d'esprit faible 5) Brelingandus: dissonance comique ans et deux mois, jusqu'à la mort de son précepteur, laquelle survint en l'an mille-quatre-cent-vingt, d'une vérole qui lui vint. Après, il eut un autre vieux tousseur, nommé Maître Jobelin Bridé, qui lui lut Hugutio, Hébrard, le Grecisme, le Doctrinal, les Pars, le Quid est, le Supplementum, Mannotret, De moribus in mensa servandis, Seneca de quatuor virtubitus cardinalibus, Passaventus cum commento, le Dormi secure pour les fêtes. Et quelques autres de la même farine, à la lecture desquels il devint tellement sage que jamais plus nous n'en avons enfourné de pareils. - on retrouve la lourdeur de l'éducation lorsqu'il généralise son propos: l'expression comique clôt l'énumération = l'auteur se moque de l'éducation scolastique du précepteur. - on retrouve la passivité de cette dernière en plus des durées interminables. - l'éducation présente un caractère ridicule et inutile. l'éducation est basée sur des méthodes enfantines. - compter se rapporte à la science mais ici c'est pour de la grammaire. - anaphore + répétirion : passivité de l'éducation -> elle provoque l'ennuie de l'élève. - insistance sur le caractère infini de l'éducation scolastique. - lecture d'un calendrier : montre l'absurdité de l'éducation. - comique de situation («< jusqu'à la mort de son précepteur, laquelle survint en l'an mille-quatre-cent-vingt, d'une vérole qui lui vint. ») : mort précepteur = chute est placée dans la même phrase que l'éducation. mort d'une IST montre la ridiculité du personnage. II) 1.16 à 1.21: La satire de Maître Jobelin Bridé, le successeur de Thubal Holoferne : -AN se moque du nouveau précepteur de Gargantua. périphrase : il évoque la similitude avec son prédécesseur : le nouveau est pareil que l'ancien = c'est une caractéristique commune à tous les précepteurs -> on comprend qu'ils sont tous vieux et fragiles. - prénom et nom de famille humoristique : idiot à qui on a passé une bride = Rabelais se moque encore une fois des précepteurs. - oxymore: portrait amusant décalé. - énumération tires ouvrages, manuels scolaires de l'époque portant sur les bonnes manières, la piété, la rhétorique = la pédagogie est la même, éducation traditionnelle. - titres en latin = éducation s'appuie sur des ouvrages datés, anciens. - lecture = passivité = monotonie de la situation -> on ne l'invite pas à réfléchir. - ouvrages sont associés indirectement à des mauvaises personnes. - dernière phrase : on comprend que les livres lus sont mauvais, nocifs pour Gargantua : << tellement sage >> (hyperbole qui insiste sur ce fait) = idiot -> il se moque de l'éducation scolastique. L'ironie est fondée sur un jeu de mot. Introduction : L'humanisme est un mouvement littéraire et culturel qui s'est développé en Europe au XVIème siècle durant la Renaissance. Ce mouvement propose de renouer avec les valeurs, la philosophie, la littérature et l'art de l'Antiquité classique qu'il considère comme le fondement de la connaissance. François Rabelais est un écrivain humaniste français du XVIème siècle dont l'objectif est d'instruire par le rire. Il écrit Gargantua est publié en 1534. Cette œuvre narre l'histoire du personnage éponyme (nom = titre œuvre), un jeune géant dont nous suivons l'éducation et les aventures. Rabelais affirme dès le début le double objectif de son roman : divertir le lecteur et lui faire découvrir le sens philosophique de l'œuvre. En effet, il propose une conception humaniste de l'éducation, de la politique et de la religion. Nous allons étudier un extrait du chapitre 14 qui s'intitule « Comment Gargantua fut instruit par un sophiste en lettres latines >>. Les 1ers chapitres rapportent l'enfance de Gargantua. Grandgousier, impressionné par son intelligence, décide de lui donner un précepteur pour l'instruire. Il choisit Maître Thubal Holoferne et sa méthode scolastique. LECTURE Ainsi, dans cet extrait, le narrateur nous résume l'éducation des sophistes. Nous allons donc voir en quoi cette parodie de l'éducation scolastique montre que cette dernière sera remplacé par l'éducation humaniste. En ce sens, nous montrerons d'abord, de la ligne 1 à la ligne 15, que l'éducation de Thubal Holoferne est monotone et en échec. Puis, nous aborderons la satire de Maître Jobelin Bridé, le successeur de Thubal Holoferne de la ligne 16 à la ligne 21. Conclusion : Rabelais critique sévèrement l'éducation scolastique car elle se contente de cumuler des quantités astronomiques de connaissances par un apprentissage par cœur sans raisons ni réflexions. Tout cela semble stérile et inutile. La satire est efficace car il se moque cruellement des maitres et de leurs méthodes. Il rit du faux savoir et d'un vernis de savoir, un savoir superficiel. Les humanistes considèrent que l'accumulation de connaissances mal-digérées, mal-comprises est dangereuse car elle conduit à l'ignorance et la pédanterie. Elargissement : L'éducation du précepteur humaniste Pornocrates, décrite au chapitre 23, prendra le contrepied de l'éducation scolastique, en privilégiant un programme éducatif complet alliant l'exercice intellectuel et physique. Parodie : La parodie reprend les codes d'un genre d'un ouvrage pour s'en moquer. Scolastique : La scolastique est une philosophie du Moyen-Age qui associe l'héritage antique (d'Aristote notamment) et la théorie chrétienne. C'est également une méthode d'enseignement fondée sur l'érudition (= accumulation de connaissances précises).