La dualité entre spleen et idéal dans Les Fleurs du Mal est un thème central qui traverse l'œuvre de Baudelaire.
Dans son célèbre poème "L'Albatros", Baudelaire développe une métaphore de l'albatros dans la poésie qui symbolise parfaitement la condition du poète dans la société. L'oiseau majestueux, roi des cieux quand il plane au-dessus des mers, devient gauche et pitoyable une fois au sol, moqué par les marins. Cette image puissante illustre la position du poète : sublime dans sa création artistique mais inadapté à la vie terrestre et aux contraintes sociales. L'analyse du poème L'albatros de Baudelaire révèle cette tension permanente entre l'élévation spirituelle et l'ancrage dans la réalité matérielle.
Cette dualité se retrouve dans l'ensemble des Fleurs du Mal, où Baudelaire oppose constamment la beauté idéale à la laideur du réel, l'aspiration vers le ciel à l'enlisement dans la boue parisienne. Le spleen représente l'ennui profond, la mélancolie et le dégoût de l'existence quotidienne, tandis que l'idéal incarne l'élévation spirituelle, la quête de beauté et la création poétique. À travers ses vers, le poète exprime cette déchirure permanente entre ces deux pôles, créant une tension créatrice qui nourrit son œuvre. La figure de l'albatros devient ainsi le symbole parfait de cette condition poétique : être condamné à vivre dans un monde prosaïque tout en aspirant aux hauteurs de l'art et de la beauté. Cette dualité fondamentale fait de Baudelaire l'un des plus grands poètes de la modernité, capable de transformer le mal-être existentiel en une poésie d'une beauté sublime.