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08/02/2022
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LA NUIT D'AMOUR Recueil « Le rouge et le noir » de Stendhal en 1830 INTRODUCTION → Stendhal, écrivain français. Siècle du Réalisme. → Cet extrait appartient au chapitre 15 intitulé « Le chant du coq » de la première partie du roman. → Sujet : Julien, fils de charpentier, est enseignant des enfants de M. de Rênal (maire de Verrières) et de Mme de Rênal (couple d'aristocrates) PROBLÉMATIQUE Comment se manifeste l'ironie du narrateur dans cette scène de nuit d'amour ? EXPLICATION LINÉAIRE I. Les hésitations de Julien (L1-10) Interprétation 1 : Nous allons voir avec ce premier paragraphe que Julien a peur de rejoindre Louise dans sa chambre et a besoin de se donner du courage Le verbe introducteur « je lui ai dit que » qui introduit un DI = nous permet d'accéder aux pensées de Julien La forme «ais » qui ressemble à un conditionnel = Julien fait un retour en arrière et évoque la promesse qu'il a faite, lors de leur dernière rencontre, à Mme de Rênal qu'il irait la retrouver Le gérondif << en se levant » (CC de manière) = montre que sa résolution se mue enfin en action, se parler lui a donné du courage Les adjectifs péjoratifs << inexpérimenté et grossier », « fils d'un paysan »> = donnent à comprendre...
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néanmoins que si Julien temporise, c'est qu'il souffre de sa condition sociale de fils de paysan ou plus exactement de fils de charpentier et qu'il doit lutter contre ce sentiment d'infériorité L'adverbe « assez »> = indique justement que sa condition sociale lui est très souvent rappelée, notamment par Mme Derville, l'amie de Mme de Rênal Le futur de certitude assorti d'une négation « je ne serais pas faible » (presque une litote) = indique qu'il n'en n'est peut-être pas aussi certain que cela (il aurait pu dire: << je serai fort >>) Interprétation 2: Entre le vouloir et le pouvoir, il y a un fossé, nous l'avons vu. Nous allons voir maintenant que le narrateur pose sur notre héros un regard ironique Le passage à la 3ème personne << Julien »> = montre que nous repassons en focalisation zéro ou au point de vue omniscient Le modalisateur << avait raison »> = indique que le narrateur commente la phrase précédente en prenant parti pour son héros L'adverbe « jamais » placé à l'initiale = permet d'insister sur le caractère unique de ce que le personnage entreprend Interprétation 3 : Le narrateur évoque maintenant le trajet jusqu'à la chambre de Mme de Rênal et poursuit son travail de sape en ridiculisant son héros en proie à des pensées contradictoires II. Le comparatif << plus pénible»> = souligne la violence que Julien s'inflige L'expression << s'applaudir de son courage »> = laisse percevoir néanmoins une certaine ironie Les nombreuses assonances en «ant »> = mettent en évidence les manifestations physiques de la peur renforcées par les assonances en « ant >> La phrase << ses genoux se dérobaient sous lui » et l'emploi du participe passé de sens passif << forcé de s'appuyer »> = nous donnent une vision dégradée du héros qui rêvait d'être courageux et se retrouve à trembler comme une femmelette 2 Le GN avec la négation lexicale << sans »> = montre que Julien n'en est pas à un ridicule près et a pris ses précautions pour ne pas faire de bruit L'adjectif « désolé » qui a un sens plus fort qu'aujourd'hui doit être pris au pied de la lettre, Julien semble regretter que M. de Rênal dorme, on imagine la mine dépitée de Julien en écoutant les ronflements du maire de Verrières La phrase contient une double négation « n'...plus...ne pas »> = nous fait de nouveau entendre le discours intérieur du personnage L'interjection avec exclamation << grand Dieu ! » le conditionnel et la question rhétorique « qu'y ferait-il ? »> = indiquent la peur de Julien atteint son apogée La confrontation entre Julien et Mme de Rênal (L11-19) Interprétation 1 : Le héros est décrit non comme un noble chevalier se préparant à l'assaut de la chambre de la femme aimée mais comme un condamné à mort qui avance vers l'échafaud L'hyperbole << souffrant... mille fois » renforcée par la comparaison « que s'il eût marché à la mort »> = nous fait ressentir de l'intérieur combien cela coûte au héros d'accomplir sa promesse L'expression hyperbolique « un bruit effroyable »> = sonne le glas de toutes ses précautions : Julien tremble tellement qu'il ne peut pas contrôler son geste et va réveiller toute la maison Interprétation 2 : La narration se poursuit en focalisation zéro. Julien est enfin dans la chambre. La réaction insultante de Mme de Rênal va le déterminer à agir enfin mais non sans maladresse. Une phrase complexe composée de deux propositions indépendantes juxtaposées = mettent en relief une corrélation entre << lumière » et « malheur >> Le mot << malheur » est un terme très fort = Julien aurait préféré que Mme de Rênal dorme Le gérondif << en le voyant entrer »> = marque la simultanéité des actions L'adverbe « vivement » accompagné du verbe de mouvement << se jeta »> = souligne la réaction immédiate de Mme de Rênal : indignation et/ou peur Le DD introduit par l'interjection exclamative << Malheureux ! » et le verbe de parole « s'écria >> = indique que la parole se joint au mouvement de Mme de Rênal pour signifier le rejet Le mot << rôle»> connote le théâtre, le jeu = Julien choisi de redevenir ambitieux et conquérant L'adverbe d'intensité << si » placé devant l'adjectif valorisant << charmante >= présente Mme DR de manière élogieuse, J. la voit comme une belle femme, digne de recevoir des hommages Le comparatif de supériorité « le plus grand des malheurs » est une hyperbole = Julien inverse sa perception de la scène 000000000 La négation restrictive << ne...que » (seulement) = montre que Julien ne peut répondre sur le terrain de la parole Le premier gérondif << en se jetant à ses pieds » = connote la soumission du chevalier servant Le second gérondif << en embrassant ses genoux = connote cette fois la déification La proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de cause « comme elle lui parlait avec une extrême dureté » + proposition principale << il fondit en larmes »> = malgré la colère, le refus de Mme de Rênal très vertueuse, Julien persiste dans son attitude mais s'expose dasn toute sa faiblesse, il se comporte comme un enfant III. La victoire de Julien (L20-23) Interprétation 1 : Au narrateur de reconnaître que si les circonstances n'ont d'abord pas aidé Julien à accomplir sa mission, sa pulsion sexuelle a eu raison des dernières résistances de Mme de Rênal. Au sortir de la chambre, il a le sentiment à la fois d'avoir gagné une victoire et de n'avoir plus rien à conquérir. 3 Un CC de temps « quelques heures après » et une proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de temps « quand Julien sortit de la chambre de Mme de Rênal »> = entre les deux nous avons une ellipse temporelle : le narrateur ne raconte pas ce qu'il s'est passé pendant plusieurs heures : la nuit d'amour ! Avec le conditionnel passé « on eût pu dire »> = va annoncer précautionneusement qql chose Le CT de manière « en style de roman »> = désigne la tournure que le narrateur choisit d'utiliser pour décrire l'état d'esprit du Don Juan en herbe qui a assouvi son désir La litote « il n'avait plus rien à désirer »> = est une façon polie de dire que Julien est rassassié maintenant, il a fait tour de Mme de Rênal Le terme fort << victoire » connote le combat = la lutte a été rude pour qu'il arrive à ses fins mais il a gagné comme un soldat peut gagner une bataille L'association des deux substantifs << l'amour » et « l'impression »> = montre que les sentiments éprouvés de part et d'autre sont différents : l'amour sincère éprouvé par Mme de Rênal et les émotions de Julien où se mêlent le sentiment de puissance d'avoir vaincu et assouvi le désir L'oxymore << adresse si maladroite » renforcé par l'adverbe d'intensité « si »> = est ironique et incite le lecteur à ne pas se laisser abuser sur les manœuvres d'un héros qui n'a rien d'héroïque L'adjectif << imprévue »> = prouve en effet que Julien est loin d'être un parfait stratège CONCLUSION L'ironie du narrateur se manifeste parce que le narrateur omniscient se moque de Julien, ses défis orgueilleux, sa peur, son manque de courage, ses hésitations, ses contradictions intérieures. Ces intrusions moqueuses, légèrement comiques, du narrateur qui se moque de son héros sont révélatrices de l'écriture stendhalienne.