Les Animaux Malades de la Peste - Analyse de la deuxième partie
Le blâme de la Cour à travers les discours des animaux
Dans cette partie de la fable aˋpartirduvers36, La Fontaine expose brillamment les mécanismes de l'injustice sociale à travers plusieurs interventions d'animaux.
Le discours du Renard (v.36-45)
Le Renard, symbole du courtisan flatteur, s'adresse au Lion-Roi avec hypocrisie :
- Il utilise des hyperboles comme "trop bon Roi" et "trop de délicatesse" pour flatter le monarque
- Il dévalorise les victimes du Lion en qualifiant les moutons de "canaille" et "sotte espèce"
- Il transforme le crime du roi en honneur : "En les croquant beaucoup d'honneur"
- Il exprime son mépris pour le Berger qui représente le peuple
Concept clé : La flatterie courtisane est illustrée par le vers "Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir" qui montre comment les courtisans s'empressent d'approuver sans réfléchir.
L'intervention de La Fontaine (v.46-50)
Le fabuliste interrompt le récit pour condamner l'attitude des nobles :
- Il évoque "les moins pardonnables offenses" litotedeˊsignantlescrimeslesplusgraves
- Les courtisans "gensquerelleurs" sont ironiquement décrits comme "petits saints"
- La narration souligne l'hypocrisie collective de la Cour
Le discours de l'Âne et sa condamnation (v.51-64)
L'Âne, représentant du peuple, avoue honnêtement sa faute mineure :
- Il reconnaît avoir mangé "la largeur de sa langue" d'herbe dans un pré de moines
- Son discours est sincère : "Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net"
- Sa punition est disproportionnée : "Rien que la mort n'était capable d'expier son forfait"
Leçon morale : La morale explicite v.65−66 dénonce l'inégalité devant la justice : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."
Cette fable, appartenant au genre littéraire de l'apologue, permet à La Fontaine de critiquer les injustices de son époque tout en se protégeant derrière le masque des animaux.