Analyse linéaire - Manon Lescaut - la première rencontre

Légende alternative :

par un récit rétrospectif. Il permet ainsi d'entremêler le souvenir lui-même et son récit distancié. C'est ce que le lecteur constate dès la première ligne grâce à l'usage du plus-que-parfait -> "j'avais marqué le temps". Le chevalier Des Grieux ne cache aucune émotion quant au souvenir qu'il va relater. En effet, l'utilisation de l'interjection "Hélas !", de la tournure exclamative et du conditionnel passé “j'aurais porté" soulignent d'emblée le regret. Cette première partie définit un cadre spatio-temporel précis, un ancrage dans le réel. Tonalité réaliste autour d'évènements crée l'animation dans une ville de province par l'usage des noms des villes : "Amiens", "Arras" et par le champ lexical du temps : "la veille", "un jour plus tôt" ainsi qu'un cadre urbain : "hôtellerie", "voitures". Ce premier mouvement s'achève sur une observation anodine, comme le soulignent la tournure impersonnelle "il en sortit" et le déterminant indéfini “quelques femmes". -> Les deux amis sont spectateurs d'une scène de rue et le regard du narrateur âgé pique la curiosité du lecteur. II - Description de la 1ère apparition de Manon (l. 8 à 15) Le deuxième mouvement s'ouvre sur la conjonction de coordination "mais" qui fait émerger une femme, vue par DG qui devient spectateur ébloui dans un effet de basculement Manon se détache et n'agit pas de la même façon que les autres : c'est ce que montre l'antithèse entre les verbes "se retirèrent" / "s'arrêta" Cette rencontre est un bouleversement pour le jeune homme comme le souligne la longue phrase construite autour de l'omniprésence de la première personne : "moi qui n'avait jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu d'attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue"-> fait son éloge, il souligne ses qualités : chaste / admirable L'état amoureux dans lequel se trouve le chevalier est intense, comme le montrent l'hyperbole et la métaphore du feu "je me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport"-> il est désormais passionné. III - Naissance du sentiment amoureux (I. 16 à 38) Un dialogue s'instaure entre les deux personnages, rapporté tantôt par le discours indirect: "je lui demandai", "elle me répondit", tantôt par un discours narrativisé : "je combattis la cruelle intention". Le lecteur ressent l'intimité grandissante entre les personnages. La réponse de sa présence est révélée par la proposition subordonnée conjonctive "qu'elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse". La tournure passive de la réponse (<< qu'elle y était envoyée») rappelle les codes dans l'éducation d'une femme, et sa soumission à un ordre familial, de la même manière que Des Grieux est destiné à l'ordre de Malte par son père. La périphrase "maîtresse de mon coeur" souligne que le narrateur est désormais sous la domination d'une femme à laquelle il n'a pas encore parlé-> cela marque le début de la soumission du jeune homme Les modalisateurs : "c'était la volonté du Ciel"exprime le destin. DG présente l'ensemble de cette rencontre comme due au destin. Il ne peut lutter, il est soumis à une force supérieure qui a mis Manon sur sa route. Le narrateur prend du recul avec ces mots pour évoquer le destin par une prolepse << l'ascendant de ma destinée qui m'entrainait à ma perte » Des grieux annonce la fin funeste de cette aventure dès le début du texte. Conclusion Des Grieux fait de cette rencontre un événement fondateur qui a profondément changé le cours de sa vie. Manon surgit et se détache d'un arrière-plan qui est une scène de la vie quotidienne. Devant la beauté et le charme extraordinaires de la jeune femme, Des Grieux tombe amoureux dans une scène à la tonalité romanesque. Toutefois le lecteur a déjà bien perçu l'issue fatale de cette histoire d'amour. La passion est puissante, Manon sait le manipuler et Des Grieux est un héros bien faible. Ouverture : scène de la mort de Manon