L'évasion de Manon : La fuite et l'altercation avec le cocher
L'évasion et les retrouvailles
L'adverbe "Enfin" marque clairement le début du deuxième mouvement du texte : l'évasion de Manon proprement dite. Le rythme s'accélère immédiatement grâce à :
- L'utilisation d'un carrosse, véhicule luxueux qui souligne l'attention de Des Grieux envers Manon
- Une succession de verbes d'action au passé simple "nousnousrendı^mes","nousn′yfu^mes","ilsmonteˋrent","jerec\cus"
- Des phrases brèves qui dynamisent le récit
La comparaison "elle tremblait comme une feuille" révèle la fragilité de Manon, perçue par Des Grieux comme un être vulnérable qu'il doit protéger. L'expression hyperbolique "touche au bout du monde" traduit l'intensité des sentiments du chevalier, apportant une dimension lyrique à cette scène d'évasion de Saint-Lazare.
Moment crucial : Les retrouvailles entre Manon et Des Grieux constituent l'apogée émotionnelle de l'évasion de l'Hôpital, mêlant tension narrative et exaltation amoureuse dans un équilibre parfait.
L'altercation avec le cocher
Le troisième mouvement introduit un rebondissement inattendu avec l'intervention du cocher. La subordonnée relative "dont je ne fus pas le maître" souligne que Des Grieux perd momentanément le contrôle de la situation.
Le passage contient plusieurs éléments particulièrement savoureux :
- Le discours rapporté au style indirect du cocher, avec l'emploi du subjonctif imparfait
- Le ton ironique du cocher qui a percé à jour le déguisement de Manon
- Le retournement d'attitude du cocher avec l'expression hyperbolique "brûler l'hôpital même"
Cette scène révèle l'immoralité partagée des personnages : Des Grieux utilise des moyens malhonnêtes pour libérer Manon, tandis que le cocher tente d'extorquer davantage d'argent au jeune homme.
Dans l'analyse de l'évasion de Des Grieux et Manon, on observe comment ce passage relativement court parvient à combiner dynamisme narratif, rebondissements, touches comiques et profondeur émotionnelle. Ce texte de l'évasion de Manon Lescaut de l'Hôpital illustre parfaitement la fusion entre roman sentimental et roman d'aventure, caractéristique de l'œuvre de l'Abbé Prévost.