L'analyse linéaire du portrait de Théodecte
Dès le début, La Bruyère utilise des éléments sonores pour caractériser l'arrivée bruyante de Théodecte. Une gradation ("il rit, il crie, il éclate") suivie de la métaphore du "tonnerre" montre comment ce personnage envahit l'espace sonore. La réaction des autres ("on bouche ses oreilles") illustre parfaitement la gêne qu'il provoque.
La bêtise de Théodecte est ensuite mise en lumière par une litote habile : ses propos ne sont que "vanités et sottises". Son impolitesse est soulignée par une série d'observations sur son manque total de respect des convenances : "si peu d'égard au temps, aux personnes, aux bienséances". Ce personnage blesse tous ceux qui l'entourent sans même s'en rendre compte.
À table, Théodecte monopolise l'attention par une série d'actions rapides et irrespectueuses : "il se met le premier à table", "il mange, il boit, il conte, il plaisante, il interrompt". Cette accumulation de verbes crée une impression d'agitation constante. Il usurpe même l'autorité du maître de maison, comme le souligne la question rhétorique : "Est-ce lui, est-ce Euthydème qui donne le repas ?"
🔍 La Bruyère ne critique pas seulement Théodecte, mais aussi la société qui tolère son comportement : "il n'y a sorte de fatuités qu'on ne lui passe".
La chute du texte est marquée par le retour du "je" : "Je cède enfin et je disparais". La répétition du verbe "souffrir" dans la dernière phrase exprime l'insupportable présence de Théodecte et condamne également ceux qui le tolèrent. La Bruyère nous présente ainsi un portrait vivant d'un personnage qui incarne tout ce qu'un honnête homme du XVIIe siècle ne devrait jamais être.