Introduction
Le poème étudié est un sonnet qui fait partie des 22 poèmes du recueil "Cahiers de Douai", publié en 1870. Rimbaud y dresse le portrait d'une Vénus hideuse, réécrivant ainsi le mythe de cette déesse. Le poème est un sonnet légèrement irrégulier, avec 2 quatrains suivis de 2 tercets en alexandrins, mais Rimbaud ne suit pas la règle voulant que les rimes soient embrassées.
Problématique
Comment Rimbaud enlaidit-il l'allégorie de la beauté de Vénus?
Mouvement du texte
1er mouvement
Le premier quatrain commence la description de la femme par la tête qui émerge.
2ème mouvement
Le deuxième quatrain s'intéresse au haut du corps.
3ème mouvement
Le premier tercet évoque l'échine de cette anti-vénus.
4ème mouvement
Le deuxième tercet achève le texte par la croupe et vers la chute.
Conclusion
Dans ce poème, Rimbaud utilise le cadre poétique traditionnel du sonnet pour se livrer à une féroce parodie du mythe de la déesse Vénus. Il s'agit d'un portrait lourdement dépréciatif, un contre-blason. La composition et la versification du poème orchestrent le dévoilement progressif d'un corps de femme, motif qui peut rappeler celui de la déesse émergeant des flots, mais qui en constitue ici le reflet inversé et obscène. Cette parodie libère aussi l'écriture poétique, faisant de la laideur une œuvre d'art usant de provocation.
Mouvement 1: Description de sa tête
Dans la première strophe, Rimbaud désacralise l'image traditionnelle de la beauté en évoquant un corps émergeant d'une baignoire, comparé à un cercueil. Les cheveux bruns et les termes associés à une mauvaise qualité soulignent l'aspect hideux et vieilli de la femme. Cette inversion de la représentation mythique de Vénus fait du poète le portrait d'une vieille femme au corps décrépit.
Mouvement 2: Haut du corps
Rimbaud décrit de manière négative les différentes parties du haut du corps de la femme. S'inspirant du blason, genre poétique du Moyen-Âge évoquant les parties du corps de la femme aimée pour en faire l'éloge, il utilise ici un contre-blason pour décrire la femme de manière négative.
Mouvement 3: Bas du dos, échine
Le poète interrompt l'ascension du corps pour inviter le lecteur à regarder certains détails, évoquant une maladie de peau pour enlever la sensualité. La superposition du sens olfactif et du sens gustatif permet également d'évoquer l'odeur désagréable et le dégoût face à ce corps.
Mouvement 4: La chute
La chute du poème met en évidence une confrontation entre la beauté et la laideur, où cette dernière devient une forme de beauté. Le corps exhibe son infirmité, le spectateur voyeur contemple l'aspect disgracieux de cette femme.
Ce portrait dépréciatif de Vénus se présente comme une parodie libératrice de l'écriture poétique, usant de provocation pour faire de la laideur une œuvre d'art.