La Comédie Sociale chez La Bruyère
"Les Caractères" de La Bruyère transforme la cour et la ville en une vaste scène de théâtre où se joue la comédie sociale. L'auteur présente la Cour comme un espace de corruption et de représentation permanente, où les courtisans sont à la fois acteurs et spectateurs de leur propre vie.
La force de cette œuvre réside dans son écriture théâtrale qui emploie dialogues, caricatures et saynètes de comédie avec des chutes percutantes. Par exemple, à propos d'Arrias, La Bruyère conclut: "c'est Sethon lui-même à qui vous parlez", révélant ainsi la vanité du personnage. Comme dans la comédie classique, l'auteur dépeint des types humains reconnaissables: Théodecte qui occupe tout l'espace, Acis au langage précieux.
La Bruyère dénonce les vices de son époque - vanité, avarice, amour-propre - dans la tradition du "castigat ridendo mores" (corriger les mœurs en riant). Il montre comment l'ordre social est perturbé par l'argent qui prévaut désormais sur la vertu. Sa critique dévoile le jeu des apparences dans une société où le paraître l'emporte sur l'être.
💡 Astuce de lecture: Repérez les noms des personnages (Acis, Clitandre...) qui évoquent souvent la comédie italienne et indiquent que vous êtes face à des personnages-types excessifs, caractéristiques de la comédie.
En véritable moraliste, La Bruyère cherche à corriger et critiquer les Hommes tout en recherchant l'Honnête homme, comme il l'affirme dans sa préface: "je cherche un homme". Ses portraits, maximes et aphorismes atteignent une valeur universelle qui transcende son époque, faisant des "Caractères" un chef-d'œuvre de la littérature classique.