Le croisement des registres
La scène prend un tournant décisif lorsque Cyrano, emporté par sa passion, oublie qu'il parle pour Christian et utilise le "je". Il exprime ses véritables sentiments de manière hyperbolique et pathétique avec des termes comme "souffrances muettes" et "triste et fidèle".
Le comique surgit brutalement quand Roxane, touchée par ce discours, complimente Christian sur sa beauté. Ce décalage entre ce qu'elle croit et la réalité crée une situation à la fois drôle et déchirante. Le triangle amoureux est alors pleinement visible, perturbant le rythme de la scène.
Lorsque Christian monte rejoindre Roxane, l'anaphore "Monte!" crée un effet comique dans le discours de Cyrano. La didascalie évoque "Roméo et Juliette", renforçant la dimension romantique de la scène, tout en soulignant son aspect tragique.
La douleur de Cyrano, exclu de cette union qu'il a pourtant orchestrée, s'exprime avec une teinte à la fois comique et pathétique. Son "Aïe!" et l'adjectif "bizarre" contrastent avec la poésie de son discours précédent. La comparaison avec Lazare et la métaphore du "festin d'amour" dont il ne peut goûter que les miettes renforcent le pathétique de sa situation.
💡 Cette analyse linéaire de l'acte 3 scène 7 (parfois numérotée scène 10 selon les éditions) montre comment Rostand mêle habilement le comique et le tragique, créant ainsi l'une des scènes les plus poignantes de la pièce.