Les sources d'inspiration comiques de Molière
Molière puise son inspiration dans une riche tradition comique. La comédie antique, florissante à Athènes puis à Rome du Vème au Ier siècle avant J.C., mettait déjà en scène de façon satirique les mœurs politiques avec Aristophane ou les comportements humains avec Ménandre, Plaute et Térence. Sa fonction morale consistait à "corriger les vices en les ridiculisant", principe que Molière adoptera.
La commedia dell'arte italienne du XVIème siècle apporte une innovation majeure : des types constants de personnages masqués (Arlequin le naïf, Isabelle et Léandre les amoureux, le Docteur pédant, Pantalon le vieillard, Scapin le valet rusé) qui improvisent à partir d'un simple canevas. Ces figures réapparaissent dans l'œuvre de Molière, notamment dans "Les Fourberies de Scapin".
La farce médiévale française, avec ses acteurs bouffons mêlant mime, danse et acrobatie, influence également Molière par son comique direct et parfois grossier. Mais sa source principale reste l'observation de ses contemporains : il voulait "peindre d'après nature" les défauts et vices de son temps, donnant à la comédie une ambition morale tout en cherchant avant tout à plaire.
Le génie de Molière réside dans sa capacité à transcender le simple divertissement. Comme l'écrit Musset à propos du "Misanthrope" : "Quelle mâle gaieté, si triste et si profonde / Que lorsqu'on vient d'en rire on devrait en pleurer." Son comique, en effet, n'exclut jamais la gravité et dépeint une humanité médiocre avec une lucidité désenchantée qui annonce, en un sens, la sensibilité romantique.