La dénonciation de l'injustice
Le récit de l'esclave se poursuit avec une ironie déchirante. Il évoque les paroles de sa mère qui, en le vendant, lui disait qu'il aurait "l'honneur d'être esclave des blancs". Cette promesse mensongère contraste cruellement avec sa réalité actuelle, soulignant l'absurdité du système esclavagiste.
L'esclave démontre une intelligence remarquable dans son argumentation. Il compare sa condition à celle des animaux domestiques : "Les chiens, les singes, et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous". Cette comparaison saisissante révèle l'inhumanité du traitement des esclaves, placés plus bas que les animaux dans la hiérarchie sociale.
Le plus puissant argument vient quand l'esclave reprend le discours religieux des prêcheurs hollandais qui affirment que "nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs". Si tous les hommes sont égaux et "cousins", comment justifier un traitement aussi barbare ? Cette utilisation des arguments chrétiens contre l'esclavage est particulièrement efficace dans la critique de Voltaire.
La réaction de Candide est décisive : "il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme". Face à cette abomination qu'est l'esclavage, la philosophie optimiste de Pangloss s'effondre définitivement. Pour la première fois, Candide définit l'optimisme comme "la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal", marquant une évolution cruciale du personnage.
🔑 Point clé : Ce passage marque un tournant dans l'évolution de Candide, qui abandonne l'optimisme naïf pour adopter un regard plus lucide sur le monde.