Ivresse poétique et modernité
Le troisième quatrain marque le triomphe du chant poétique avec une personnification du Rhin et un jeu de reflets créant un effet miroir. Les étoiles deviennent "des poissons d'or", belle métaphore mais teintée d'inquiétude car évoquant une chute. Le néologisme "râle-mourir" ajoute une dimension morbide à cette inspiration poétique.
Le dernier vers isolé ("Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire") rompt la structure du sonnet traditionnel. Ce monostiche évoque la fin brutale de l'ivresse, tant physique que créatrice, tout en bouclant le poème par un rappel au premier vers. Cette structure circulaire renforce le mouvement littéraire moderniste d'Apollinaire, qui réinvente les formes poétiques.
"Nuit rhénane" peut se lire à deux niveaux : comme une métaphore de l'inspiration (avec ses néologismes et ses images fortes) et comme un hymne à la poésie moderne qui s'appuie sur un matériau traditionnel pour le transformer. Ce poème, écrit en 1901 mais publié dans Alcools en 1913, illustre parfaitement la conception apollinairienne de la poésie.
🌟 Apollinaire explore d'autres légendes rhénanes dans son œuvre, notamment "La Loreley" qu'il raconte directement, sans intermédiaire, montrant sa fascination pour cet imaginaire germanique.