Analyse des strophes centrales
Les strophes centrales de "Charleroi" poursuivent l'exploration sensorielle du paysage industriel, en mettant l'accent sur les sensations auditives, visuelles et olfactives. Verlaine emploie une syntaxe heurtée et des images saisissantes pour transmettre l'expérience désorientante du voyage en train.
La deuxième strophe introduit des éléments sonores :
Quote: "Quoi donc se sent ? / L'avoine siffle. / Un buisson gifle / L'œil au passant."
Les allitérations en [s] et [f] évoquent le sifflement du train, tandis que la personnification des éléments naturels (l'avoine qui siffle, le buisson qui gifle) crée une atmosphère presque hostile.
La troisième strophe offre un aperçu visuel du paysage industriel :
Quote: "Plutôt des bouges / Que des maisons. / Quels horizons / De forges rouges!"
L'utilisation de phrases nominales et l'absence de verbes renforcent l'impression d'un paysage figé, dominé par l'industrie.
Example: L'image des "forges rouges" évoque de manière vivide les hauts fourneaux de la région de Charleroi, connue pour son industrie sidérurgique.
La quatrième strophe introduit une sensation de désorientation :
Quote: "On sent donc quoi ? / Des gares tonnent, / Les yeux s'étonnent, / Où Charleroi ?"
La répétition de la question initiale ("Quoi donc se sent ?") sous une forme légèrement modifiée souligne la confusion du voyageur. La synesthésie, mélange des sens, est suggérée par l'association des gares qui "tonnent" et des yeux qui "s'étonnent".
Definition: Synesthésie - Phénomène neurologique dans lequel la stimulation d'un sens provoque une expérience dans un autre sens.
Ces strophes centrales illustrent la maîtrise de Verlaine dans l'art de créer une atmosphère à la fois réaliste et onirique, caractéristique de son analyse linéaire du paysage industriel.