Analyse du premier mouvement : Une attente silencieuse

Le premier mouvement du poème (vers 1 à 15) établit la scène et présente les protagonistes. Rimbaud utilise des antithèses frappantes dès le premier vers : "Noirs dans la neige et dans la brume" oppose l'obscurité des enfants à la blancheur de la neige, symbolisant leur innocence souillée par la misère.

Figure de style dans Les effarés : L'antithèse "noirs" / "neige" au premier vers symbolise le contraste entre la misère des enfants et leur innocence.

Le poète emploie des verbes de sensation au présent de narration ("Regardent", "voient", "écoutent") pour souligner la fascination des enfants devant le spectacle de la fabrication du pain. Cette technique immersive plonge le lecteur dans l'expérience sensorielle des enfants affamés.

Exemple : "Ils voient le fort bras blanc qui tourne / La pâte grise, et qui l'enfourne / Dans un trou clair." (vers 7-9)

Rimbaud utilise également des personnifications du pain et du four, renforçant l'aspect presque magique de la scène aux yeux des enfants affamés. L'anaphore "Ils" aux vers 7, 10 et 13 isole les enfants, soulignant leur exclusion de ce monde de nourriture et de chaleur.

Vocabulaire : L'hypallage "gras sourire" du boulanger (vers 11) souligne l'abondance dont il jouit, contrastant avec la maigreur supposée des enfants.

Deuxième mouvement : Un spectacle réconfortant

Le deuxième mouvement (vers 16 à 30) approfondit la description du processus de fabrication du pain, vu à travers les yeux émerveillés des enfants. Rimbaud utilise une accumulation d'adjectifs mélioratifs pour décrire le pain, reflétant la joie et l'envie des enfants : "Façonné, pétillant et jaune" (vers 17).

Les Effarés Rimbaud analyse linéaire : L'accumulation d'adjectifs positifs pour décrire le pain souligne le désir intense des enfants affamés.

Le poète continue d'utiliser des personnifications, rendant le pain et la boulangerie presque vivants : "Quand ce trou chaud souffle la vie" (vers 21). Cette technique renforce l'idée que pour ces enfants affamés, le pain représente bien plus qu'une simple nourriture ; c'est un symbole de vie et de réconfort.

Citation : "Ils ont leur âme si ravie / Sous leurs haillons" (vers 22-23)

Rimbaud introduit également une métaphore filée comparant les enfants à des animaux : "Collant leurs petits museaux roses / Au grillage" (vers 26-27). Cette image souligne à la fois leur innocence et leur condition misérable, réduits à mendier comme des bêtes affamées.

Les Effarés Rimbaud registre : Le registre pathétique est renforcé par la métaphore animalière, soulignant la déshumanisation des enfants par la misère.