Analyse de la Condition Féminine dans Du domaine des murmures
La condition des femmes au Moyen Âge, telle que dépeinte dans Du domaine des murmures, révèle une société profondément patriarcale où la parole féminine est systématiquement étouffée. L'héroïne Esclarmonde se trouve modelée par les attentes et les désirs masculins, sans que sa propre volonté ne soit jamais considérée. Le texte met en lumière cette réalité à travers un vocabulaire particulièrement évocateur qui souligne la position subalterne des femmes.
Citation: "J'avais été dessinée, modelée par les paroles des hommes. Nous l'étions toutes, à l'entour, nous l'étions toutes, mais mon père sans doute était meilleur sculpteur."
La construction identitaire féminine apparaît entièrement façonnée par le regard et les paroles masculines. L'analyse révèle une gradation significative dans les termes utilisés pour décrire la femme idéale : de "pucelle" à "vierge" jusqu'à "trésor", démontrant l'objectification systématique du corps féminin. Cette progression lexicale souligne l'inconscience du personnage face aux dangers qui la guettent, prisonnière d'une vision idéalisée construite par les hommes.
Les mécanismes de domination se manifestent également à travers le traitement de la parole féminine, systématiquement dévalorisée et réduite à des "babillages". L'utilisation de comparaisons péjoratives ("paroles = babillages", "désir = dangereux caprice") révèle le mépris institutionnalisé envers l'expression féminine. Cette dévalorisation s'accompagne d'une violence tant symbolique que physique, suggérée par l'expression "balayer d'un mot, d'un coup de verge".