Le roman Gargantua a été écrit par François Rabelais, un écrivain français humaniste de la Renaissance et un célèbre médecin. Publié à Lyon en 1534, il promeut les valeurs de l'humanisme à travers le récit de la vie "très horrifique" du géant éponyme. Ce roman fait suite à Pantagruel, paru deux ans auparavant, bien que la chronologie narrative doive être inversée. Les œuvres ont été condamnées par la Sorbonne. Nous suivons l'histoire de Grandgousier, Gargantua et Pantagruel, des rois et des géants qui règnent en Utopie, près de Chinon, en Touraine. L'auteur introduit ses personnages dans la vie, raconte leur enfance, critique l'éducation de l'époque, puis introduit des épisodes burlesques.
Contexte dans le livre
L'extrait étudié constitue le prologue du livre, ouvrant ainsi Gargantua. Il se présente comme une scène de théâtre sur laquelle apparaît l'auteur lui-même, sous un pseudonyme, Alcofribas Nasier. Ce prologue n'est pas simplement un discours destiné à provoquer la curiosité en différant le début du récit. L'auteur affirme bien dans ces lignes ses objectifs : il s'agira moins de considérer ce roman comme un divertissement que dans son intention didactique. Autrement dit, Rabelais fournit à son lecteur des pistes pour l'aider à lire soigneusement son œuvre narrative.
Mouvements
Lignes 1 à 4
On peut parler d'une captatio benevolentiae plutôt surprenante. Rabelais développe le premier volet de l'analogie : les silènes.
Lignes 4 à 9
Le second volet de l'analogie : Socrate
Lignes 10 à 20
Premier mouvement : une captatio benevolentiae surprenante (L1 à 4)
Analyse
Cette invitation à lire et à rire devient une invitation à boire, à trinquer joyeusement. Rabelais valorise par des qualificatifs laudatifs les lecteurs aux caractéristiques particulières ; il s'adresse à un public à l'esprit joyeusement libre, à des lecteurs qui privilégient le plaisir. Il passe directement des "buveurs", "vérolés très précieux" à la philosophie grecque, permettant aux premiers de côtoyer sans difficulté les seconds. Après une adresse en apparence triviale, Rabelais accumule des références savantes, plaçant Socrate tout en haut d'une hiérarchie de penseurs. Cette autorité apporte une caution prestigieuse à l'idée que l'on peut mêler sérieux d'un débat philosophique et plaisir.