Portrait moral de la jeunesse de la cour
La Bruyère commence son analyse de la cour en se concentrant sur le comportement de la jeunesse. Il adopte le point de vue d'un observateur étranger découvrant une "région" mystérieuse, qui n'est autre que Versailles.
L'auteur établit un contraste saisissant entre les générations. Les vieillards sont décrits comme "galants" et "civils", incarnant l'idéal de l'honnête homme. En revanche, les jeunes sont présentés de manière péjorative comme "durs, féroces, sans mœurs ni politesse".
Highlight: Cette opposition met en lumière la régression morale de la cour, où l'idéal de l'honnête homme semble se perdre avec la nouvelle génération.
La Bruyère poursuit en expliquant ce jugement négatif. Il souligne le paradoxe d'une jeunesse qui s'affranchit prématurément de l'amour, alors que c'est normalement l'âge où il devrait commencer. Cette attitude est présentée comme contraire à la norme ("ailleurs").
Quote: "Ils sont affranchis de la passion des femmes dans un âge où l'on commence ailleurs à la sentir"
L'auteur dénonce ensuite l'absence de mesure chez ces jeunes courtisans, notamment leur penchant pour la boisson. Il utilise une accumulation de termes péjoratifs pour souligner ce vice.
Vocabulary: "Débauche" - Excès dans les plaisirs, particulièrement dans la consommation d'alcool.
La description des habitudes de consommation d'alcool révèle un dérèglement des sens. La Bruyère emploie une gradation ascendante "vin,eaux−de−vie,liqueursfortes,eau−forte" pour illustrer la démesure de ces pratiques.
Example: Les jeunes courtisans passent du vin aux liqueurs fortes, cherchant toujours des sensations plus intenses pour "réveiller leur goût déjà éteint".
Cette première partie de l'analyse permet à La Bruyère de dresser le portrait d'une société décadente et corrompue. Le regard de l'étranger apporte un jugement authentique et sans complaisance sur les mœurs de la cour.