Analyse des tercets et conclusion
Les deux tercets du poème "Le mort joyeux" de Baudelaire constituent une apostrophe macabre aux vers, à la fois animaux décomposeurs et métaphore de la poésie.
Quote: "Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux, / Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ; / Philosophes viveurs, fils de la pourriture,"
Le poète s'adresse directement aux vers, les qualifiant de "compagnons" et de "philosophes", leur attribuant ainsi une forme de sagesse. Cette personnification des vers crée un effet de surprise et renforce l'atmosphère morbide du poème.
Definition: La syllepse sur le mot "vers" joue sur le double sens : les vers de terre et les vers poétiques.
Dans les derniers vers, Baudelaire exprime son désir de libération totale à travers la mort :
Quote: "À travers ma ruine allez donc sans remords, / Et dites-moi s'il est encor quelque torture / Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !"
Le poète invite les vers à parcourir sa "ruine", terme qui désigne à la fois son corps en décomposition et potentiellement l'ensemble de son œuvre. La question finale sur l'existence d'une souffrance après la mort introduit une note d'incertitude et d'angoisse.
Highlight: La dièse sur "ruine" au vers 12 accentue la décomposition lente et douloureuse du corps.
En conclusion, "Le mort joyeux" de Baudelaire offre une vision à la fois morbide et libératrice de la mort. Le poète y exprime son profond dégoût pour une vie qui ne le rend pas heureux, tout en questionnant la possibilité d'une paix véritable après la mort. Ce poème sur la mort joyeuse annonce déjà les prémices d'une poésie moderne, où la mort devient un moyen paradoxal de donner un sens à la vie.