Juste la fin du monde, 1990, Jean Luc Lagarce, écrit par le dramaturge, est une pièce de théâtre contemporaine. Le prologue du texte A met en scène le protagoniste Louis revenant dans sa famille après dix ans pour annoncer sa mort prochaine, exposant ainsi le sujet de sa crise familiale/personnelle.
La disparition et la famille sont au cœur de la problématique de ce prologue déroutant qui met en scène le projet du personnage destiné à dire sa mort prochaine.
Le prologue a une visée informative et fait référence au théâtre antique, annonçant le sujet de la pièce avant l'entrée du protagoniste. Il présente une situation tragique et le projet de dire sa mort prochaine, suivi de la volonté de Louis de garder le contrôle sur sa vie. Le prologue utilise des éléments tels que la temporalité, l'imparfait pour évoquer la mort, le futur simple pour créer un sentiment confus et mystérieux, ainsi qu'un leitmotiv de musique mortuaire. Il y a également une distance avec le rôle qu'il interprète, une répétition de pensées obsédantes, un champ lexical de la mort et une résignation face à celle-ci.
Au terme du prologue, le spectateur a appris avec certitude que le protagoniste est mort l'année suivante, ce qui sera joué dans la pièce. Cependant, la temporalité incertaine et la parole distanciée de Louis évitent un registre pathétique. La tragédie est déjà en lien avec le lecteur comprenant que le sujet primordial est l'expression de soi et la tentative de communiquer à travers une parole hésitante et imprécise, qui est aussi l'essence du dire au théâtre, surtout au XXe et XXIe siècle.