Matières

Matières

Plus

Fiche récapitulative - Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce

01/01/2024

1297

46

Partager

Enregistrer

Télécharger


Jean-Luc Lagarce
Comédien, metteur en scène et dramaturge français contemporain. En 1998, il apprend qu'il
est atteint du sida et écrit Just
Jean-Luc Lagarce
Comédien, metteur en scène et dramaturge français contemporain. En 1998, il apprend qu'il
est atteint du sida et écrit Just
Jean-Luc Lagarce
Comédien, metteur en scène et dramaturge français contemporain. En 1998, il apprend qu'il
est atteint du sida et écrit Just
Jean-Luc Lagarce
Comédien, metteur en scène et dramaturge français contemporain. En 1998, il apprend qu'il
est atteint du sida et écrit Just
Jean-Luc Lagarce
Comédien, metteur en scène et dramaturge français contemporain. En 1998, il apprend qu'il
est atteint du sida et écrit Just

Jean-Luc Lagarce Comédien, metteur en scène et dramaturge français contemporain. En 1998, il apprend qu'il est atteint du sida et écrit Juste la fin du monde en 1990, avant sa mort en 1995. Lagarce est l'auteur contemporain le plus joué en France Un théâtre essentiellement fondé sur l'absurdité des situations et la déstructuration du langage, il y a souvent une absence d'histoire et traite de l'absurdité de l'homme et de la vie Juste la fin du monde Juste la fin du monde met en scène deux crises fondamentales, celles de la famille et celle du langage. Face à la mort inéluctable, le personnage cherche à rassembler des éléments de sa vie et à donner de la cohésion à son existence. Forte inspiration autobiographique. Théâtre de l'absurde Fiche 1 : La structure de la pièce Prologue 1ère partie Intermède Juste la fin du monde (1990), Jean-Luc Lagarce L'objet d'étude : le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle Parcours associé : crise personnelle, crise familiale 2ème partie Epilogue Comme un chœur tragique, Louis - 34 ans - annonce sa mort prochaine et sa décision de retourner dans sa famille pour annoncer la nouvelle Louis est accueilli par les membres de sa famille. La mère se rend compte que Louis ne connaît pas Catherine. Suzanne reproche à Louis de ne pas l'avoir prévenue de...

Rien ne te convient ? Explore d'autres matières.

Knowunity est la meilleure application scolaire dans cinq pays européens.

Knowunity est la meilleure application scolaire dans cinq pays européens.

Knowunity a été mis en avant par Apple et a toujours été en tête des classements de l'App Store dans la catégorie Éducation en Allemagne, en Italie, en Pologne, en Suisse et au Royaume-Uni. Rejoins Knowunity aujourd'hui et aide des millions d'étudiants à travers le monde.

Ranked #1 Education App

Chargement dans le

Google Play

Chargement dans le

App Store

Tu n'es toujours pas convaincu ? Regarde ce que disent les autres élèves ...

Louis B., utilisateur iOS

J'aime tellement cette application [...] Je recommande Knowunity à tout le monde ! !! Je suis passé de 11 à 16 grâce à elle :D

Stefan S., utilisateur iOS

L'application est très simple à utiliser et bien faite. Jusqu'à présent, j'ai trouvé tout ce que je cherchais :D

Lola, utilisatrice iOS

J'adore cette application ❤️ Je l'utilise presque tout le temps pour réviser.

Légende alternative :

sa venue et évoque le vide de sa vie. Catherine parle de ses enfants et du choix du prénom de son fils Louis. La mère raconte sa vie de famille et ses souvenirs (le père, la voiture familiale, le rapport entre Louis et Antoine). Catherine décrit la vie banale de son mari Antoine. Suzanne dépeint Catherine. Chaque personnage est ainsi l'objet du discours d'un autre. Les rapports entre les personnages sont tendus et des disputes éclatent. Antoine notamment s'emporte contre Louis au sujet du motif de sa venue. Suzanne reproche à Louis de s'être absenté pendant douze ans, sans jamais leur rendre visite. Dans un long monologue, Louis évoque la façon dont il a essayé de fuir la mort, de lui résister pour finalement s'y abandonner. Un jeu de chassé- croisé entre des personnages qui se cherchent mais ne s'entendent pas, donnant lieu à un ballet au centre duquel la confrontation d'Antoine et Suzanne est mise en avant Louis décide de partir sans révéler sa mort prochaine. L'annonce de son départ crée de vives tensions. Antoine veut en effet raccompagner Louis à la gare mais Suzanne se propose également, provoquant la colère d'Antoine qui reproche à sa sœur de vouloir tout le temps changer de plan. Catherine dit qu'Antoine est «< brutal » : ce mot déchaîne la colère de son mari qui devient violent à l'égard de Louis. Antoine revient sur ses souvenirs d'enfance et reproche à son frère de s'être toujours plaint de ne pas recevoir assez d'amour. Post mortem, Louis évoque une promenade nocturne au cours de laquelle il n'a pas poussé « un grand et beau cri » comme il l'aurait souhaité : c'est son seul regret. Fiche 2: Les principaux thèmes I. La famille Dans Juste la fin du monde, la famille occupe une place centrale. Ironiquement Lagarce souligne que la scène se déroule un << dimanche, évidemment », moment symbolique de la réunion familiale. Cependant il y a un grand absent : le père, Louis et Antoine, les deux hommes de la famille semblent vouloir s'approprier cette place du père, mais la mère domine en chef de famille. On découvre que trois hommes de trois générations successives portent le prénom de Louis comme dans la royauté française. La mère, dont le sentiment maternel est peu perceptible (elle a oublié la date de naissance de son fils Louis), s'apparente à une régente détentrice d'une couronne dont ses fils ne parviennent pas à se saisir. La famille est ainsi présentée comme une cour parodique. II. La difficulté à se comprendre Les personnages ne parviennent pas à communiquer et les malentendus et quiproquos provoquent des disputes, comme l'emportement d'Antoine sur le mot « brutal ». Le plus souvent, les personnages monologuent et le langage est fermé sur lui-même, en forme de chiasme (A-B-B-A): «< Ce n'est pas bien que tu sois parti, parti si longtemps / ce n'est pas bien» (1re partie, scène 3). L'épanorthose, figure de style qui consiste à corriger ou nuancer une affirmation, est abondamment utilisée. Les personnages poursuivent une quête obsessionnelle du « mot exact », mais ironiquement, cette quête ne porte pas ses fruits : les personnages tournent autour du réel, sans parvenir à le nommer. III. Le conflit Lagarce met en scène la difficulté à communiquer, mais il montre aussi le culte de la complication la recherche de la crise pour la crise comme si c'était la seule manière d'exister. L'obsession psychologique des personnages qui se disputent sur chaque mot prête parfois à sourire alors que la mort, elle vraiment tragique, n'émerge pas sur scène. Les personnages se déchirent pour des broutilles tout en passant à côté de l'essentiel. IV. Le jugement La famille est un véritable tribunal comme en témoigne le champ lexical du droit qui parsème le texte («< m'accuser >>, << m'accable »>, << droit », « juste », « crimes »). Catherine dit elle-même : « je ne voudrais pas avoir l'air de vous faire un mauvais procès »> tandis que Louis accepte d'endosser la culpabilité : « et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette, j'en éprouve du remords » (2° partie, scène 1). Louis est manifestement accusé de s'être absenté durant douze ans. Mais ce tribunal familiale juge de manière expéditive. Louis ne parvient pas à dire ce qui lui tenait à cœur et les membres de la famille préfèrent le sacrifier pour retrouver leur équilibre familial. V. Le temps et la mort Le temps travaille et dévore les personnages. Ainsi, ils répètent les verbes à des temps différents comme Catherine : << Nous vous avions, avons, envoyé Une photographie d'elle » ou Louis : « Cela me fait plaisir, je suis touché, j'ai été touché » (1° partie, scène 2). Ces répétitions donnent l'impression que le temps se dilate et échappe aux personnages. Quant à la mort, elle est le grand non-dit de ce texte : Louis est venu pour annoncer la sienne mais il repart sans avoir rien révélé. Fiche 3: Les particularités de l'écriture de Lagarce Juste la fin du monde est structurée comme une TRAGEDIE avec le Prologue de Louis qui fait songer au chœur tragique annonçant le destin des personnages. Le prénom Louis porté par trois générations d'hommes donne également une dimension héréditaire à cette histoire familiale. La tension entre les deux frères relève de la rivalité fraternelle des tragédies ou rappelle les figures de Caïn et Abel. Quant à Louis, dont la mort est inéluctable, il incarne le héros tragique par excellence, << L'Homme malheureux » selon Antoine. Mais on aurait tort de considérer Juste la fin du monde comme une pièce uniquement tragique. Jean-Luc Lagarce n'est pas sans IRONIE à l'égard de ses personnages, comme le souligne le titre de la pièce Juste la fin du monde. Alors que l'expression << la fin du monde » renvoie à une situation apocalyptique, l'adverbe « juste » ajoute une touche de distance et d'ironie qui dédramatise la situation. Louis lui-même fait souvent preuve d'ironie, par exemple lorsqu'il répond à sa famille qui lui propose de rester plus longtemps: << Mieux encore [...] je renonce à tout, j'épouse ma sœur, nous vivons très heureux » (2° partie, scène 2). L'écriture de Lagarce est également LYRIQUE. Derrière les répétitions et la parole mécanique, on entend une musique. Les retours à la ligne donnent aux répliques des personnages une forme versifiée dans laquelle les effets de rimes internes sont nombreux : « il a le droit, ne lui dis rien / Je vais bien / Suzanne et moi, ce n'est pas malin » (2° partie, scène 2). Une pièce également AUTOBIOGRAPHIQUE : une clé pour la compréhension de la création de l'œuvre. Fiche 4: Le parcours, crise personnelle, crise familiale (à travers une crise du langage) Louis traverse tout d'abord une CRISE PERSONNELLE en raison de la menace imminente de sa propre mort. C'est cette crise personnelle qui l'amène à revenir dans sa famille. La difficulté à communiquer : le renfermement dans une crise intérieure Dès le prologue, Louis annonce sa mort prochaine : « Plus tard, l'année d'après /-j'allais mourir à mon tour [..] ». Le nœud de l'action ne réside pas dans la maladie de Louis - le personnage se sait condamné et le dénouement est connu d'avance par le spectateur - mais dans son aveu : parviendra-t-il à dévoiler ce douloureux secret? Son mal-être est perceptible dès le début de la pièce car sa révélation est difficile : « C'est pénible, ce n'est pas bien. / Je suis mal à l'aise, / [...] mais tu m'as mis mal à l'aise et là, / maintenant, / je suis mal à l'aise. » (1r partie, scène 2). Les épanorthoses et la structure en chiasme (ABBA) de ses phrases révèlent son enfermement dans une crise intérieure dont il ne parvient I. pas à se libérer. En cela, Jean-Luc Lagarce crée un parallèle avec la pièce Phèdre de Jean Racine dans laquelle l'aveu de l'héroïne éponyme est au centre de la tragédie. Le temps qui passe et la mort : création d'un héros tragique Dans les tragédies classiques, le héros est en proie à des passions violentes contre lesquelles il ne peut pas lutter : c'est la révélation de ses passions qui crée le chaos. C'est ce qui arrive à Louis dans Juste la fin du monde sa maladie est déjà là au début de la pièce. Impuissant, il ne lui reste plus qu'à la révéler à son entourage. Louis vit donc deux tragédies simultanées : son combat contre la mort et sa difficulté à avouer ce combat. À l'image de Phèdre (Jean Racine), son déchirement intérieur en fait un modèle de héros tragique en pleine situation critique. Le temps l'étouffe... Le destin est la véritable instance décisionnelle de la pièce. Louis est d'abord soumis à un destin biologique : celui de la maladie. Celle-ci est presque invisible - Louis ne parvient pas à en parler - mais elle est la véritable maitresse du jeu qui agit sur les personnages. Elle est d'ailleurs évoquée au début de l'œuvre, dans le Prologue («< J'allais mourir à mon tour ») et à la fin, dans l'Épilogue (« je meurs quelques mois plus tard »), dans une circularité parfaite. La maladie incarne la fatalité tragique inéluctable qui scelle le destin du personnage. Elle remporte le combat inégal et perdu d'avance par Louis. Le destin auquel est soumis le personnage est également héréditaire. On apprend que trois hommes de trois générations successives portent le prénom de Louis. Jean-Luc Lagarce joue sur la récurrence de ce prénom pour inscrire son personnage principal dans une lignée tragique qui fait songer à la malédiction des Atrides dans la mythologie grecque. La crise familiale semble donc être inscrite dans un continuum qui sous-entend que le sort des personnages est écrit d'avance, comme dans les tragédies. C'est en outre ce que suggère Louis dans la scène 1 de la deuxième partie : «< [...] c'est exactement ainsi, / lorsque j'y réfléchis, / que j'avais imaginé les choses ». III. La théorie freudienne II. Cette réunion familiale peut également se voir comme une cure psychanalytique. Selon Freud, trois instances sont présentes chez l'homme : le moi qui assure la stabilité et le contact avec la réalité extérieure, le ça, lieu de pulsions qui ne supporte pas la contradiction, et le surmoi, instance morale qui rappelle les interdits. Les personnages de Lagarce semblent symboliser ces trois éléments : la mère serait une sorte de surmoi (l'instance morale), Antoine le ça (les pulsions) et Louis le moi qui ne parvient pas à émerger et à dire la mort à la réalité extérieure. Le schéma de la crise familiale nous fait retomber sur la crise personnelle. Le lien essentiel entre la construction psychologique de Louis et celle de sa famille nous pousse à nous interroger sur la corrélation qui existe entre les deux. Louis n'est-il pas qu'une simple l'allégorie d'une famille en lambeau ? Si « L'homme est un animal social » comme le disait Aristote, dans le sens où l'homme devient homme parmi les autres, en vivant dans une société régie par des lois et des coutumes, la réponse est oui. Dès lors, nous sommes tous le fruit de notre famille... Emile Durkheim (socialisations)! Mais son retour vient bousculer le quotidien ronronnant d'une famille traditionnelle créant une véritable CRISE FAMILIALE. Les rouages d'un climat explosif a) La famille Louis fonctionne comme un catalyseur sa présence bouleverse l'équilibre familial et réveille les souffrances et les complexes de chacun : I. Pour la mère, c'est le retour du fils prodigue, écrivain, dont on n'a pas vraiment compris le départ (rappelle l'épisode biblique du retour du fils prodigue, la figure parentale l'accueille mais pas son frère). Pour Antoine, c'est le retour du frère aîné rival qui réactive les complexes, les passions et la jalousie (rappellent l'épisode biblique d'Abel et Caïn, qui iront eux jusqu'au fratricide). our Catherine et Suzanne, c'est un miroir qui les confronte à la médiocrité et à la banalité leur vie (particulièrement ben représentée dans l'adaptation cinématographique de Xavier Dolan de 2016). b) Le conflit La crise familiale qui se déroule prend des formes diverses. Tous les personnages se disputent: Antoine et Catherine, Antoine et Suzanne, Suzanne et Catherine, la mère et ses enfants. Mais parmi toutes les autres, la violence d'Antoine est particulièrement spectaculaire. Tout oppose Antoine et Louis qui apparaissent comme deux frères ennemis. Louis est écrivain, il a voyagé, tandis qu'Antoine est ouvrier, père de famille, responsable. Louis est calme, poli; Antoine est agressif, «< brutal ». Le retour de Louis réactive chez Antoine la jalousie fraternelle, le complexe d'infériorité. Leurs échanges dégénèrent jusqu'à la menace physique (Antoine : << Tu me touches : je te tue ») (2° partie, scène 2). c) Le jugement On comprend dès lors le procès familial fait à Louis, le chef d'accusation étant sa longue absence. Dans le prénom << Louis », on peut d'ailleurs entendre le pronom << Lui », c'est-à-dire celui que l'on pointe du doigt et qu'il faut sacrifier. Louis emploie d'ailleurs lui-même le terme : « je me sacrifie » (1re partie, scène 10). La famille attend en fait de Louis qu'il joue le substitut paternel du fait qu'il est l'aîné masculin de la famille, un rôle éminemment manqué. Antoine sera également jugé pour sa brutalité. Huis clos, Jean-Paul Sartre : personnages, enfermés dans une même pièce après leur mort, se jugent les uns les autres II. Le tragique d'une famille fondée sur la crise du langage onde Soumis à un destin qui leur échappe, les personnages sont également emportés dans une crise collective du qui ne parvient plus à fonctionner. Le titre Juste la fin du monde invite d'ailleurs les spectateurs à être les témoins d'un monde en crise. L'expression « la fin du monde » fait allusion à une apocalypse collective tandis que l'adverbe « juste >> dévoile l'ironie d'un auteur qui observe ce chaos avec distance et humour. Tout comme Louis qui assiste, impuissant, à la crise familiale, le spectateur est invité à regarder l'état de crise permanent dans lequel sont plongés les membres de cette famille. Car si la crise intérieure de Louis, due à sa maladie, suscite la compassion, qu'en est-il de l'obsession psychologique des autres personnages qui se disputent sur chaque mot? Pris dans un culte de la complication, une recherche de la crise pour la crise, les personnages passent à côté de l'essentiel. Jean-Luc Lagarce montre ainsi un monde où tout se délite : les valeurs, la famille, le langage. Les dialogues des personnages ressemblent d'ailleurs parfois à ceux du théâtre de l'absurde, tel le dialogue banal entre Louis et Antoine qui rappelle les échanges mécaniques entre Vladimir et Estragon dans En attendant Godot de Beckett « Louis : Je vais bien. / Je n'ai pas de voiture, non. / Toi, comment est-ce que tu vas ? / Antoine : Je vais bien. Toi, comment est-ce que tu vas ? » (1° partie, scène 1). Le spectateur partage ainsi avec Louis une prise de recul qui avait anticipé les réactions familiales lors du prologue. Seulement, la prédiction de Louis (« C'est exactement ainsi, / lorsque j'y réfléchis, / que j'avais imaginé les choses, / vers la fin de la journée, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur ») prouve que c'est bien cette difficulté à se comprendre, déjà présente il y a 12 ans, qui est à la base de tout le tragique familial. Cette crise du langage donne lieu à ce qu'on appelle un « logodrame », une pièce dans laquelle la progression est rythmée par la parole. Les personnages sont incapables de trouver les mots exacts, d'où l'inflation d'épanorthoses. Langage : recherche du « mot juste » épanorthoses Communication : tabous familiaux, monologues, manque d'écoute entre les personnages Silence : le renversement du stéréotype théâtral, faire parler les autres créer la confusion, l'échec du langage et de la communication, instaure de la gêne ATTENTION, si l'horizon de la mort et l'incommunicabilité des êtres créent un désarroi tragique, Juste la fin du monde ne raconte qu'une simple histoire de famille. La banalité du quotidien Juste la fin du monde ne met en scène que la banalité du quotidien familial. Les personnages racontent des anecdotes qui ressemblent à celles de nombreuses autres familles. La mère rappelle ainsi à ses enfants les habituelles promenades dominicales avec leur père : « Pas un dimanche où on ne sortait pas, comme un rite, / je disais cela, un rite, / une habitude » (partie 1, sc. 4). Elle se complaît à donner des détails d'une trivialité bien éloignée de la tragédie, comme lorsqu'elle décrit la façon qu'avait le père de laver sa voiture : « Le matin du dimanche, il la lavait, il l'astiquait, un maniaque, / cela lui prenait deux heures » (partie 1, sc. 4). Par cette description des petites choses de la vie, corollaire de l'absence de toute transcendance dans cette pièce, Juste la fin du monde se trouve très éloignée de la tragédie. Les sempiternelles disputes familiales De même, les seules actions qui ponctuent la pièce sont des disputes familiales, celles qui durent et se renouvellent entre les membres de la famille depuis des années et d'autres, qui surgissent tout à coup. Le retour de Louis provoque en effet plusieurs brouilles entre Antoine et Suzanne qui rythment la pièce, Antoine accusant sa sœur de se retourner contre lui depuis que Louis est arrivé : << Toute la journée tu t'es mise avec lui, / tu ne le connais pas » (partie 2, sc. 2). Antoine s'en prend aussi à Louis, n'hésitant pas à le singer dans la scène 9 de la première partie, ce qui l'amène à répliquer : « Tu te payais ma tête, tu essayais »>. Autant de chamailleries ordinaires et insignifiantes en comparaison des grandes altercations de la tragédie. Alors que par le prosaïsme de l'histoire qu'elle représente, cette pièce s'oppose en tous points à une tragédie, Louis s'affirme comme un personnage tragique par la détresse qui l'habite et l'émotion qu'il suscite chez le spectateur mais fuit les effets de la tragédie qu'il représente. Citations Louis Antoine Antoine Louis Louis (prologue) Louis (p2 sc1) Louis (p1 sc1) Louis, interm Suzanne (p1 sc3) Suzanne, interm Antoine, interm La mère (p1 sc9) Je n'aime personne et je suis solitaire Tu me touches : je te tue. (L'asyndète accentue la violence et le dramatique) Je suis un peu brutal ? Pourquoi tu dis ça ? Non. Je ne suis pas brutal. Et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette Dire, / seulement dire, / ma mort prochaine et irrémédiable, / l'annoncer moi-même, en être l'unique messager [...] et paraître pouvoir là encore décider C'est exactement ainsi, / lorsque j'y réfléchis, / que j'avais imaginé les choses, / vers la fin de la journée, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœeur Je vais bien. / Je n'ai pas de voiture, non. / Toi, comment est-ce que tu vas ?/- Je vais bien. Dans mon rêve encore, toutes les pièces de la maison étaient loin les unes des autres Nous obliger ; de nous-mêmes, à nous inquiéter de toi. [...] une certaine forme d'admiration pour toi [...] tu ne nous en juges pas dignes Et que je sois malheureuse ? Que je puisse être malheureuse [...] Toi aussi, tu as de petits arrangements C'est lui, l'Homme malheureux Je suis contente, je ne l'ai pas dit, je suis contente que nous soyons tous là, tous réunis Huis clos, Jean-Paul Sartre : personnages, enfermés dans une même pièce après leur mort, se jugent les uns les autres En attendant Godot, Samuel Beckett: théâtre de l'absurde avec ses dialogues mécaniques et vides d'intérêt << Famille, je vous hais ! ». Le XXème siècle s'ouvre avec cette exclamation d'André Gide dans son roman Les Nourritures terrestres et se poursuit avec le développement de la psychanalyse qui considère que les liens familiaux ^peuvent être à l'origine de névroses diverses.