Analyse détaillée de l'argumentation de Montaigne
Montaigne commence par critiquer l'ethnocentrisme européen en refusant l'emploi des adjectifs "barbare" et "sauvage" pour qualifier les Amérindiens. Il va à l'encontre du point de vue dominant des Européens.
Vocabulary : Ethnocentrisme - Tendance à considérer sa propre culture comme supérieure et à juger les autres cultures selon ses propres critères.
L'auteur dénonce l'usage subjectif de ces termes, soulignant que chacun appelle barbare ce qui n'est pas de ses usages. Il implique ses lecteurs dans son raisonnement pour les faire réfléchir sur leurs propres préjugés.
Montaigne utilise l'ironie pour renforcer sa critique : "Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toute chose". Cette hyperbole souligne l'absurdité de considérer sa propre culture comme parfaite en tous points.
Example : Montaigne compare les Amérindiens aux fruits sauvages pour illustrer son propos. Il affirme que ces peuples sont "sauvages" au même titre que nous appelons sauvages les fruits produits par la nature, sans intervention humaine.
Cette comparaison permet à Montaigne de revenir au sens étymologique du terme "sauvage" et de le valoriser. Il oppose ces fruits naturels à ceux que "nous avons altérés par notre artifice", donnant ainsi un sens péjoratif à l'intervention humaine qui détourne les choses de "l'ordre commun".
Highlight : Montaigne établit une contradiction chez les Européens qui apprécient les fruits sauvages mais méprisent les peuples dits "sauvages".
L'auteur adopte une tonalité polémique en affirmant la supériorité des Amérindiens qui respectent la "mère nature". Il termine sur une réflexion plus générale sur la supériorité de la nature, utilisant une allégorie où la nature est présentée comme une mère étouffée par ses enfants cruels (les Européens).
Quote : "Ce n'est pas raison que l'art gagne le point d'honneur sur notre grande et puissante mère nature"
Montaigne conclut son argumentation en citant un texte latin, argument d'autorité qui conforte son idée en donnant d'autres exemples sur la beauté et la richesse de la nature.