Les différents types de comique dans Gargantua

L'œuvre de Rabelais mobilise tous les types de comique que l'on retrouve habituellement dans la comédie théâtrale :

1. Le comique de mots, illustré par l'usage d'onomatopées dans le discours de Janotus.
2. Le comique de gestes, comme la scène où Frère Jean est suspendu au noyer.
3. Le comique de situation, par exemple la guerre sanglante déclarée pour quelques fouaces.
4. Le comique de caractère, incarné par Picrochole $dont le nom signifie "la bile amère"$, ivre de conquêtes démesurées et tuant son cheval de colère après sa défaite.

Highlight: La diversité des types de comique utilisés par Rabelais contribue à la richesse et à l'efficacité de son œuvre.

Le rire subversif dans Gargantua

La satire est un élément central du comique dans Gargantua, visant à critiquer la société par le biais du rire. Les principales cibles de Rabelais sont la politique et la religion.

La satire politique se concentre sur la figure du mauvais roi, représentée par Picrochole. Ce personnage ridicule ambitionne de conquérir le monde alors qu'il ne maîtrise même pas sa propre colère. Les allusions à la devise "plus ultra" permettent de reconnaître Charles Quint comme la véritable cible de cette critique.

Exemple: La satire se manifeste également dans les noms ridicules attribués aux capitaines de l'armée de Picrochole, comme "Merdaille" ou "Trepelu".

La satire religieuse vise principalement les moines et les théologiens de la Sorbonne. Le premier précepteur de Gargantua, Thubal Holoferne $dont le nom signifie "confusion" en hébreu$, est décrit comme un "vieux tousseux" incompétent. Les moines de l'abbaye de Seuilly sont également tournés en ridicule, présentés comme incapables d'agir et fondamentalement inutiles.

Quote: "Leur seule idée pour résister aux ennemis est de faire une belle procession et de bégayer des prières où la déconstruction des mots témoigne de la perte du sens : 'ni, ni'm, pe, ne, ne, ne, ne, tum, tum...'"

En abaissant ce qui est censé être noble, la satire mobilise le registre burlesque, renforçant ainsi son impact comique et critique.

La parodie dans Gargantua

La parodie est un autre procédé comique important dans Gargantua. Elle consiste à reprendre un modèle reconnu en lui faisant subir des distorsions à des fins comiques.

De nombreux épisodes du roman parodient le genre de l'épopée et en particulier les chansons de geste médiévales. Les scènes de combat mettant en scène Frère Jean en sont un excellent exemple. L'accumulation des sévices infligés aux ennemis par le moine témoigne du ton parodique : "Aux uns il écrabouillait la cervelle, aux autres il rompait bras et jambes, à d'autres il démoulait les reins, effondrait le nez, pochait les yeux..."

Highlight: L'incongruité du registre médical dans ces descriptions de batailles renforce l'effet comique de la parodie.

L'épisode du Torchecul peut se lire comme une parodie des exploits guerriers commis par les héros épiques dans leur enfance, comme Hercule tuant des serpents dans son berceau.

Définition: La parodie repose sur des références communes à l'auteur et au lecteur. Le lecteur doit identifier le modèle pour pouvoir s'amuser de la façon dont il est détourné.

Ce comique parodique témoigne d'une sorte de communauté d'esprit entre l'auteur et ses lecteurs, ce qui se manifeste également dans les apostrophes aux "bons pantagruélistes".

Les vertus du rire dans Gargantua

Le rire dans Gargantua ne se limite pas à un simple divertissement. Il joue un rôle crucial dans la critique de la société et la transmission du savoir.

Une des principales vertus du rire est d'abattre les préjugés. Il permet de libérer le lecteur des opinions et des doctrines qui prétendent s'imposer comme des vérités. Le rire offre ainsi la possibilité de prendre de la distance par rapport à des modèles convenus dont on ne s'interroge plus sur le bien-fondé.

Exemple: À travers le personnage de Picrochole, la politique expansionniste de Charles Quint se révèle dans toute son absurdité.

Le rire dans Gargantua sert donc d'outil pour remettre en question l'ordre établi et encourager une réflexion critique sur la société. Il permet de concilier le plaisir de la lecture avec une dimension didactique, faisant de l'œuvre de Rabelais un parfait exemple de la maxime "instruire en divertissant".

Highlight: La combinaison du rire et du savoir dans Gargantua en fait une œuvre à la fois divertissante et profondément subversive, remettant en question les structures de pouvoir de son époque.

Les Vertus du Rire

Cette partie examine comment le rire dans Gargantua sert à combattre les préjugés et à établir un nouvel ordre.

Highlight: Le rire permet de développer l'esprit critique du lecteur face aux dogmes établis.

La Figure du Prince Idéal

Le roman présente une réflexion sur le pouvoir politique à travers le personnage de Grandgousier.

Highlight: La critique de la guerre dans Gargantua s'exprime à travers les efforts diplomatiques de Grandgousier.

Les formes de comique dans Gargantua

Rabelais emploie une grande variété de procédés et registres comiques dans Gargantua pour divertir le lecteur. L'obscénité se manifeste notamment à travers des références scatologiques, comme l'épisode où Gargamelle perd le contrôle de son "fondement" après avoir trop mangé de tripes.

La démesure est un autre ressort comique important, illustré par le gigantisme des personnages et les énumérations exagérées. Par exemple, le manteau de Gargantua nécessite "dix et huit cents aunes de velours bleu" $environ 2140 mètres$.

Vocabulaire: Obscénité - Ce qui blesse ouvertement la pudeur, surtout par des représentations d'ordre sexuel ou scatologique.

Exemple: La démesure se retrouve dans les décomptes chiffrés des scènes de combat, comme lorsque Gargantua noie "deux cent soixante mille quatre cent dix-huit $Parisiens$, sans compter les femmes et les petits enfants".

Définition: La démesure se traduit par l'exagération dans les propos, les sentiments ou l'attitude.