L'éducation sophiste de Gargantua
Gargantua, personnage plein de potentiel, se lance dans l'étude sous la direction de Ponocrates. Ce dernier, adoptant une démarche scientifique, observe d'abord les habitudes du géant pour comprendre comment ses anciens précepteurs sophistes l'ont rendu "si sot, niais et ignorant" malgré tant d'années d'éducation.
La journée typique de Gargantua commence par un réveil tardif, entre huit et neuf heures, suivant les recommandations de ses "régents théologiens" qui citent la Bible de façon tronquée : "Vanuum est vobis ante lucem surgere". Cette citation incomplète révèle déjà l'usage malhonnête des références par les théologiens.
Le rituel matinal du géant est détaillé avec ironie : il "s'étirait, s'ébattait et se vautrait" dans son lit avant de s'habiller d'une "grande et longue robe de grosse laine fourrée de renard". Son hygiène est déplorable - il se peigne "du peigne d'Almain", c'est-à-dire avec ses doigts, puis enchaîne actions peu ragoûtantes : "chiait, pissait, crachait, rotait, éternuait et se mouchait".
À retenir ! L'accumulation des termes liés au corps et au manque d'hygiène n'est pas gratuite : Rabelais souligne que l'éducation sophiste néglige complètement le corps au profit d'un savoir purement théorique et déconnecté.
Son petit déjeuner pantagruélique, fait de "belles tripes frites" et autres plats lourds, complète le tableau d'une vie quotidienne où l'apprentissage véritable est totalement absent. Ce chapitre 21 de Gargantua pose les bases de la critique rabelaisienne de l'éducation médiévale.