La cavalcade poétique ou la transfiguration du réel
Dans cette section du poème, Cendrars transforme complètement la réalité à travers des images surprenantes. Le Kremlin, siège du pouvoir russe, est comparé à un "gâteau tartare", évoquant subtilement l'univers des contes comme Hansel et Gretel. Cette transformation du réel s'opère à travers un mélange de champs lexicaux contrastés : celui de l'architecture religieuse ("cathédrales", "cloches") et celui de la pâtisserie ("amandes", "mielleux").
Les références culturelles abondent et participent à cette transfiguration. "La légende de Novgorode" fait écho au premier roman de l'auteur, créant une auto-intertextualité. L'expression "j'avais soif" suggère une quête de connaissance, tandis que les "caractères cunéiformes" introduisent un autre anachronisme frappant.
Les allusions littéraires enrichissent ce voyage poétique : l'"albatros" rappelle Baudelaire, et la "réminiscence" fait référence à Proust. La structure même du poème, avec ses vers irréguliers, imite l'allure inconstante du train mythique qu'il décrit, rendant la forme aussi significative que le fond.
Pour la fiche de lecture : Dans cet incipit, Cendrars brise les conventions poétiques traditionnelles en mélangeant époques, lieux et références culturelles. Son style unique a fait de "La Prose du Transsibérien" un texte fondamental pour comprendre le mouvement littéraire moderniste du début du XXe siècle.