La parole comme enjeu central
Dans Juste la fin du monde, la parole et la communication sont au cœur de l'intrigue et de la forme de la pièce.
Dire ou ne pas dire
Le verbe "dire" apparaît plus de 200 fois dans le texte, souvent à la forme négative "ne rien dire". Cette omniprésence souligne l'importance et la difficulté de la communication dans l'œuvre.
Quote : "Imagine, on ne sait rien des raisons de son départ" - Suzanne (I,8)
Le silence et les non-dits créent une atmosphère pesante, typique du topos du secret de famille. La venue de Louis ravive ces tensions et oblige les personnages à confronter leurs silences.
Une parole qui se cherche
L'écriture de Lagarce est caractérisée par :
- Des répétitions et reformulations
- Des phrases laissées en suspens
- Des polyptotes et épanorthoses
Definition : Épanorthose - Figure de style consistant à revenir sur ce qu'on a dit pour le renforcer, le nuancer ou le rétracter.
Cette forme reflète la difficulté des personnages à s'exprimer clairement, créant une analyse linéaire de Juste la fin du monde complexe et nuancée.
Crise du langage
La pièce met en scène une véritable crise du langage :
- Les personnages, silencieux depuis longtemps, peinent à s'exprimer
- Les dialogues explosent souvent en disputes
- Les malentendus sont omniprésents
Example : La scène 4 de l'intermède, où le verbe "comprendre" est répété 9 fois, symbolise cette difficulté à communiquer.
Cette crise du langage est au cœur de l'action dramatique, faisant de Juste la fin du monde une œuvre profondément réflexive sur la communication humaine et les relations familiales.