La mise en scène du mensonge et sa punition
La Bruyère poursuit sa peinture d'Arrias à travers ses actions : il "s'oriente dans cette région lointaine" du Nord, "discourt des mœurs" et "récite des historiettes". Le choix des verbes est révélateur - Arrias ne parle pas, il "discourt" et "récite", suggérant un discours creux et préparé.
Quand "quelqu'un se hasarde à le contredire", Arrias ne recule pas. Au contraire, il "prend feu" et invoque l'argument d'autorité par excellence : il tient ses informations directement de "Sethon, ambassadeur de France dans cette cour", qu'il prétend connaître "familièrement".
La chute comique arrive comme un coup de théâtre : l'un des convives révèle qu'Arrias parle justement à Sethon lui-même ! Cette conclusion brutale, marquée par le passage au discours direct, ridiculise définitivement le pédant pris en flagrant délit de mensonge.
Cette structure de l'anecdote illustre parfaitement le projet de La Bruyère qui, conformément à l'esthétique classique, cherche à "châtier les mœurs par le rire" dans Les Caractères. Le portrait d'Arrias rejoint ainsi d'autres figures de pédants de la littérature classique, comme Trissotin dans Les Femmes savantes de Molière.
⚠️ N'oubliez pas que dans l'analyse littéraire des Caractères de La Bruyère, les chutes comiques sont souvent les moments où la critique sociale est la plus mordante.