L'ARGENT
L'argent joue un rôle omniprésent dans le roman. Les jeux d'argent, la mendicité, la ruine, les procès pour dettes conditionnent la vie de Raphaël. Balzac met en évidence la confrontation entre la générosité de la pauvreté et la sécheresse du luxe à travers les personnages. Malgré la pauvreté, Pauline donne de l'argent à Raphaël, mais il l'utilise pour séduire Foedora, renversant ainsi les valeurs conventionnelles où le pauvre donne et le riche reçoit. La vie de Raphaël est rythmée entre des périodes de dépenses inconsidérées et des périodes de richesse, sans pour autant trouver le bonheur.
LE JEU
Le jeu est un thème essentiel qui ouvre le roman. La description du Palais Royal dans l'incipit présente un lieu sordide, semblable à une arène de combat. La roue de la Fortune symbolise le hasard et l'aléatoire de la vie, où les richesses et les honneurs sont distribués de manière aléatoire. Le jeu fascine et attire Raphaël tout en le dégoûtant. Il entretient donc une relation complexe et ambivalente avec le jeu, une tentation permanente qu'il affronte tout au long du roman. Le jeu n'est pas seulement lié à l'argent, mais semble également toucher tous les aspects de la vie, comme le défi de survivre avec peu d'argent ou le "challenge" de séduire Foedora. Utiliser la Peau de chagrin ne serait-il pas également un jeu où il parie sa propre vie et son destin?
LE DÉSIR
Le roman met en lumière que le désir mène à la destruction. Raphaël meurt car il n'a pas su contrôler ses passions et ses désirs. Face à cette énergie destructrice, la fuite n'est pas une option, comme en témoigne l'épisode où la peau est repêchée dans le puit totalement intacte. Le refus des désirs et passions n'est pas non plus efficace, car même enfermé et déterminé à ne rien désirer, sa volonté est finalement vaincue. Ainsi, les désirs et passions sont destructeurs, prenant l'énergie vitale de ceux qui les hébergent.
LE FANTASTIQUE
Le fantastique est le thème central de l'oeuvre, incarné par un objet mystique, La Peau de chagrin, qui rythme tout le récit. Cet objet entouré d'une aura dorée et donnant un aspect surnaturel, tente Raphaël de manière diabolique. Le vocabulaire mystique et religieux omniprésent laisse penser qu'un pacte a été conclu et que son destin est scellé. Les faits surnaturels qui surviennent par la suite ne font que confirmer cette hypothèse, notamment le repêchement de la peau intacte ou son impossibilité à être aplatie ou agrandie.
LA SCIENCE
Raphaël cherche une explication rationnelle à tous ces phénomènes. Il consulte de nombreux scientifiques en vain, tous incapables de freiner le rétrécissement de la Peau et d'en donner une raison. Balzac met ainsi en lumière l'inefficacité de la science face à une énergie vitale destructrice. M. Lavrille, naturaliste, voit la Science comme une simple nomenclature. M. Planchette, mécanicien, est incapable de définir le rétrécissement, tandis que la presse hydraulique de Japhet ne permet pas de modifier la peau de chagrin. Cette confrontation entre l'irrationnel et la rationalité souligne la dimension fantastique et mystique du roman.
En conclusion, "La Peau de chagrin" de Balzac est un roman qui aborde des thèmes tels que l'argent, le jeu, le désir et le fantastique. Ce récit met en lumière l'incapacité de l'homme à contrôler ses désirs et passions, ainsi que la confrontation entre l'irrationnel et la rationalité.