Page 3 : Approfondissement de l'analyse
Cette page poursuit l'analyse détaillée de l'incipit de La Prose du Transsibérien, en se concentrant sur la représentation de l'adolescence et l'utilisation des images poétiques.
Cendrars décrit son adolescence comme "si ardente et si folle", utilisant le champ lexical du feu pour évoquer cette période intense de la vie. Cette métaphore du feu se poursuit dans les vers suivants :
"Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple d'Éphèse ou comme la place Rouge de Moscou"
Highlight : L'utilisation récurrente du champ lexical du feu ("ardente", "brûlait", "Rouge") souligne l'intensité et la passion de l'adolescence.
Cette comparaison audacieuse entre le cœur du poète et des lieux emblématiques (le temple d'Éphèse et la place Rouge) illustre l'ampleur des émotions et des aspirations du jeune Cendrars. Elle témoigne également de sa volonté de tout connaître, de l'Antiquité à la Russie contemporaine.
L'enjambement utilisé dans ces vers accentue l'impression d'énergie débordante et insatiable de l'adolescent. La structure même du poème, avec ses vers longs et son rythme saccadé, reflète l'enthousiasme et l'impatience du jeune voyageur.
Example : L'enjambement dans "Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple d'Éphèse ou comme la place Rouge de Moscou" crée un effet de continuité et d'expansion, mimant l'élan du voyage et de la découverte.
Le mouvement littéraire auquel appartient Cendrars, le modernisme, se manifeste clairement dans ce poème. La rupture avec les formes poétiques traditionnelles, l'utilisation de vers libres, et le mélange d'images contemporaines et historiques sont caractéristiques de ce courant du début du 20e siècle.
Vocabulary : Modernisme - Mouvement artistique et littéraire du début du 20e siècle caractérisé par l'expérimentation formelle et la rupture avec les traditions.
La thématique du feu, omniprésente dans cet extrait, renvoie également au pseudonyme de l'auteur, Cendrars, évoquant les cendres et la renaissance. Cette image du phénix qui renaît de ses cendres peut être interprétée comme une métaphore de la création poétique elle-même, toujours renouvelée.
En conclusion, cet incipit de La Prose du Transsibérien pose les bases d'un poème sur le voyage à la fois physique et intérieur. Blaise Cendrars y dépeint l'adolescence comme une période d'intense curiosité et d'ouverture au monde, justifiant ainsi le voyage comme une nécessité vitale pour le jeune poète en devenir.