La religion dans Gargantua : une critique acerbe
François Rabelais, ancien moine devenu médecin, utilise son roman Gargantua pour critiquer certains aspects de la religion tout en proposant une vision humaniste. À travers son récit d'apprentissage, il dénonce par le rire les travers de différentes branches religieuses.
Les théologiens de la Sorbonne sont particulièrement visés pour leurs discours creux, comme l'illustre le personnage de Bragmardo dans le chapitre 19. Ces sophistes s'opposaient aux idées humanistes et aux réformes religieuses.
Exemple: Dans le chapitre 19, Bragmardo tient un discours vide de sens pour tenter de récupérer les cloches de Notre-Dame.
Les pèlerins sont également critiqués, notamment par Grandgousier qui dénonce leur superstition et leur oubli de l'essentiel, à savoir leur famille.
Citation: Le chapitre 45 s'intitule "Comment le moine amena les pèlerins et les belles paroles que leur dit Grandgousier", illustrant cette critique.
Quant aux moines, Rabelais leur reproche leurs prières mécaniques, leur hypocrisie, leur paresse et leur ignorance. Ils sont dépeints comme inadaptés au monde extérieur.
Exemple: Dans le chapitre 27, lors de l'attaque de l'abbaye par les hommes de Picrochole, les moines fuient pour tenir une réunion au lieu de se battre.
Malgré ces critiques, Rabelais parvient à intégrer son idéal humaniste à la religion à travers deux éléments clés :
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Le personnage de Frère Jean, un moine peu conventionnel qui incarne l'idéal religieux vers lequel tendre. Il boit, festoie, utilise un langage peu châtié et s'endort même pendant ses prières. Cependant, il est le seul à se défendre lors de la guerre picrocholine, devenant ainsi un héros.
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L'abbaye de Thélème, créée par Gargantua pour récompenser Frère Jean. Cette abbaye représente le modèle utopique de l'humanisme, s'opposant aux modèles traditionnels.
Highlight: L'abbaye de Thélème est symboliquement ouverte, sans mur d'enceinte, et accueille hommes et femmes ensemble.