Découverte du crapaud et réaction suscitée
Dans la seconde partie du poème "Le crapaud", Tristan Corbière révèle progressivement l'identité du mystérieux chanteur nocturne, provoquant une réaction de dégoût chez l'interlocutrice supposée.
Le poète se présente d'abord comme un "soldat fidèle", créant un contraste saisissant avec l'image repoussante du crapaud qui sera dévoilée plus tard. Cette autodérision est typique du style de Corbière dans "Les Amours jaunes".
Definition: Autodérision - capacité à se moquer de soi-même, souvent utilisée comme procédé humoristique ou critique.
L'utilisation de la synérèse dans le mot "poète" (prononcé en deux syllabes) au vers 9 accentue le caractère peu conventionnel du texte. Corbière joue avec les attentes du lecteur en présentant une image dégradée du poète : "tondu, sans ailes".
Highlight: La métaphore "rossignol de la boue" synthétise parfaitement l'opposition entre la beauté du chant poétique et la laideur physique ou sociale du poète.
La réaction de dégoût face au crapaud est questionnée par le poète lui-même : "Horreur ! pourquoi ?". Cette interrogation rhétorique souligne la défense passionnée que Corbière fait de cette créature repoussante, s'identifiant clairement à elle.
La chute du poème, "Bonsoir - ce crapaud-là, c'est moi", révèle finalement l'identification totale du poète au crapaud. Cette conclusion, à la fois ironique et amère, résume toute la problématique du poème : l'incompréhension et le rejet dont souffre le poète dans la société.
Quote: "Bonsoir - ce crapaud-là, c'est moi" - Cette phrase finale concentre toute l'ironie et l'amertume du poète face au dégoût qu'il inspire.
Ce sonnet inversé de Corbière, avec ses quatrains placés après les tercets, illustre parfaitement le style original et provocateur du poète. Il s'inscrit dans le mouvement littéraire des poètes maudits, tout en gardant une singularité marquée par l'humour noir et l'autodérision.