Analyse linéaire de la scène du poumon
La scène 10 de l'acte 3 du Malade imaginaire se déroule après une série de disputes entre Argan et ses médecins. Toinette, la servante rusée, met en œuvre son plan pour guérir Argan de sa dépendance aux médecins en se déguisant elle-même en médecin.
La consultation se décompose en trois parties distinctes. D'abord, le faux médecin (Toinette) examine Argan et le questionne pour gagner sa confiance. Ensuite vient le diagnostic absurde où Toinette répète inlassablement "c'est le poumon !", créant une stichomythie comique (dialogue rapide en ping-pong). Finalement, elle conclut par une ordonnance ridicule et des adieux pompeux.
Molière utilise brillamment plusieurs figures de style pour accentuer le comique de la scène : l'exagération du mal d'Argan, une graduation "de ville en royaume", des répétitions du mot "bonne", et une énumération de maladies graves totalement inappropriées. La personnification du "pouls" d'Argan renforce également l'absurdité de la situation.
💡 Cette scène est essentielle car elle permet à Argan de commencer à prendre conscience de l'hypocrisie de la médecine, thème central de la pièce et critique sociale importante de Molière.
Le comique fonctionne à plusieurs niveaux : comique de situation (Toinette déguisée), comique de caractère (crédulité d'Argan), et comique de répétition (le fameux "poumon !"). Cette scène fait écho aux théories de Descartes qui comparait les animaux à des machines, suggérant que la médecine de l'époque traitait les humains de façon tout aussi mécanique.