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Le paysage de mes jours- Yourcenar

14/03/2022

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INTRODUCTION
• Le xxe siècle est marqué par une remise en cause du roman et des codes narratifs hérités du
réalisme et du naturalisme. En pu
INTRODUCTION
• Le xxe siècle est marqué par une remise en cause du roman et des codes narratifs hérités du
réalisme et du naturalisme. En pu

INTRODUCTION • Le xxe siècle est marqué par une remise en cause du roman et des codes narratifs hérités du réalisme et du naturalisme. En publiant les Mémoires d'Hadrien, Yourcenar renouvelle en profondeur le roman historique tout en proposant une réflexion très personnelle sur l'Histoire, le pouvoir et l'existence. Ces mémoires fictives s'efforcent de reconstituer la vie et l'intériorité de l'empereur romain Hadrien. L'extrait se situe à la fin de la toute première partie. À travers une réflexion sur la place du hasard dans l'existence et la difficulté de déterminer ce qui constitue l'individualité de chacun, on peut lire le projet romanesque de Yourcenar. Dans cet extrait, la métaphore filée du « paysage » de la vie permet d'interroger le sens de l'existence et le geste autobiographique. • Comment à travers cette extrait Hadrien nous fait-il son autobiographie à travers ce paysage ? EXPLICATION LINÉAIRE I. Écrire le « paysage de mes jours » (I. 1-8) Dès le début de l'extrait, le lecteur se trouve confronté à une métaphore frappante, puisque c'est le terme « paysage » qui est utilisé pour représenter l'existence. Cette image est déjà une indication sur la manière dont le personnage pense l'entreprise autobiographique : il veut composer une vision panoramique de sa vie, semblable aux « régions de montagne », et...

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non reconstituer les étapes d'une chronologie. Il s'agit de trouver les points communs, les motifs récurrents, et non de refaire la trame des événements. La << diversité » des « matériaux » qui composent l'existence de l'empereur est soulignée dès l'entrée du passage. Le désordre semble dominer, puisque ces matériaux sont « entassés pêle-mêle ». Yourcenar exploite ici le double sens du mot « nature », qui renvoie au caractère de son personnage et à la réalité qui lui sert à décrire. L'empereur insiste ici aussi sur le caractère « composite » de sa « nature », à la fois << instinct » et «< culture », et qu'il ne veut pas trahir en la simplifiant artificiellement dans l'écriture. L'entreprise autobiographique est présentée par Hadrien comme une tentative de « reparcourir [s]a vie ». Cependant, la possibilité de dessiner un « plan », de cartographier précisément ce << paysage » est immédiatement mise à distance. Si le « souvenir » reconstitue un « plan »>, autrement dit rend lisible le passé, ce n'est qu'une illusion, un «< trompe-l'œil ». Affleurent ici une méfiance à l'égard de la mémoire et une éthique du doute qu'on retrouve tout au long de l'œuvre. La métaphore filée du « paysage », qui passe par l'évocation d'une « veine de plomb ou d'or » ou « l'écoulement d'une rivière souterraine », confère une dimension poétique et lyrique au texte. II. Ordre et désordre (l. 8-14) L'empereur évoque la possibilité de parfois << reconnaître une fatalité », c'est-à-dire une forme de nécessité dans ce qui lui arrive, mais pour la mettre aussitôt à distance par la modalisation (<< je crois >>). L'objection faite à soi-même est en effet constante dans cet extrait. La répétition de l'adverbe « mais >> témoigne de cette recherche de nuance. De la même manière, les énumérations de termes proches (« dans cet diversité, dans ce désordre ») révèlent une recherche de précision dans le vocabulaire. Les longues phrases ponctuées de points-virgules épousent les détours de la réflexion et témoignent d'un effort pour restituer la réalité dans toute sa complexité. Au-delà des « événements », c'est lui-même que l'empereur considère comme un autre : Hadrien cherche à évoquer les << traits » de ce que serait sa << personne »>. Ici encore, toute nécessité semble écartée : la << pression des circonstances » détermine la « forme » que prend sa personne. La comparaison avec << l'image reflétée sur l'eau » peut se lire comme une référence aux difficultés de l'entreprise biographique menée par Yourcenar, qui dispose d'informations toujours partielles et biaisées pour donner << forme » à la vie et à l'intériorité de son personnage. III. Une éthique de l'action (l. 14 - 20) Par la formule << je ne suis pas de ceux », Hadrien écarte tout un champ des possibles du discours sur soi, en refusant l'idée que ses actions ne lui << ressemblent pas ». L'importance de l'action comme << seul moyen » de se comprendre, de se « mesurer », mais aussi de se « dessiner » pour le futur, autrement dit de donner une << forme » à soi-même et à sa vie apparaît ici. La deuxième partie de la phrase définit comme le fait de « s'exprimer et se modifier par l'action ». On retrouve par ailleurs ici l'alternance entre le discours sur soi et le discours à valeur générale qui caractérise Mémoires d'Hadrien : la réflexion sur soi se veut aussi conception d'une sagesse. Cela rappelle que le destinataire du texte est un futur empereur : pour l'empereur philosophe qu'est Hadrien, il s'agit de transmettre une éthique à un de ses successeurs. IV. L'incertitude comme art de vivre et de penser (l. 20 - 26) Dans les dernières lignes, Hadrien met à nouveau à distance ce qu'il vient d'affirmer, en soulignant l'écart, le << hiatus indéfinissable » entre lui et ses actes. Cela peut s'entendre aussi comme une mise question par l'autrice de son propre projet d'écriture. Si on ne peut pas réduire Hadrien à ses actes, à ce qui laisse des traces dans l'histoire, comment pourrait-on reconstituer sa « personne », son être, sa « nature >> ? Dans ce passage, l'empereur se rapproche du Montaigne des Essais, lorsqu'il affirme devoir « sans cesse >> << peser »>, << expliquer » ce qu'il fait. La vision qu'il construit de lui-même est toujours en mouvement, toujours à refaire. Hadrien souligne aussi le biais temporel : le discours sur soi est à mettre en regard du « moment où j'écris ceci ». À travers ce discours, Yourcenar réfléchit sur les artifices de l'écriture autobiographique et plus largement sur l'illusion permanente que constitue toute tentative de récit de soi, quand bien même il serait fait à soi-même. Cet extrait met également en exergue un des thèmes importants de l'œuvre, qui est l'écart entre le public et le privé, entre ce qui est le plus visible d'une existence («< des occupations qui s'étendirent sur toute la vie ») et ce qui y est véritablement « essentiel ». La figure d'Hadrien, d'abord connu comme << empereur »>, cristallise cette préoccupation fréquente dans l'œuvre de Yourcenar. CONCLUSION Ainsi à travers ce passage, Hadrien faire sa propre autobiographie à travers ce paysage ou il caractérise sa vie comme un « pêlemêle »>.