L'égocentrisme au-delà de la table
La dernière partie du texte étend le portrait de Gnathon au-delà de la scène du repas, montrant que son égoïsme imprègne tous les aspects de sa vie. La Bruyère décrit comment Gnathon s'approprie l'espace public comme s'il était chez lui, illustrant son incapacité à considérer les besoins des autres.
Quote : "Il se fait, quelque part où il se trouve, une manière d'établissement, et ne souffre pas d'être plus pressé au sermon ou au théâtre que dans sa chambre."
Cette attitude révèle un mépris total des conventions sociales et une volonté constante de dominer son environnement.
L'auteur poursuit en décrivant les exigences de Gnathon lors de ses voyages, montrant comment il exploite les autres pour son confort personnel :
Highlight : Gnathon "prévient dans les hôtelleries, et il sait toujours se conserver dans la meilleure chambre le meilleur lit."
La signification de ce comportement est claire : Gnathon considère que tout lui est dû et ne se soucie aucunement du bien-être d'autrui.
Le texte se conclut sur une note particulièrement frappante, résumant l'égoïsme absolu de Gnathon :
Quote : "Il ne connaît de maux que les siens, que sa réplétion et sa bile, ne pleure point la mort des autres, n'appréhende que la sienne, qu'il rachèterait volontiers de l'extinction du genre humain."
Cette hyperbole finale souligne l'absence totale d'empathie de Gnathon et son indifférence complète envers le sort de l'humanité, tant qu'il peut préserver sa propre existence.
À travers ce portrait satirique, La Bruyère offre une critique sociale acerbe des excès de son époque, utilisant l'ironie et l'exagération pour dénoncer les travers de certains membres de la société. Ce texte des Caractères reste d'une étonnante actualité, invitant le lecteur à réfléchir sur l'égoïsme et ses conséquences dans la vie en société.