Le chapitre 19 de Candide ou l'optimisme représente un moment crucial dans l'œuvre de Voltaire où la critique sociale atteint son paroxysme.
Dans ce passage fondamental, Candide et Martin arrivent au Surinam où ils font la rencontre d'un esclave mutilé qui leur raconte son histoire tragique. Cette scène permet à Voltaire de dénoncer violemment l'esclavage et le commerce du sucre à travers la célèbre phrase "C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe". Le registre dominant est celui de la satire et de l'ironie, typique du style voltairien, qui sert à dénoncer la barbarie de l'esclavage et l'hypocrisie de la société européenne. La rencontre avec le marchand Vanderdendur, dont le nom même est une caricature des marchands hollandais, renforce la critique du capitalisme mercantile et de l'exploitation humaine.
La leçon de morale qui se dégage de ce chapitre s'inscrit dans le message de l'œuvre plus large : une dénonciation des injustices sociales et une remise en question de l'optimisme philosophique. Voltaire utilise les techniques des Lumières pour combattre l'esclavage, notamment à travers l'ironie et le sarcasme. Le chapitre constitue un tournant dans le voyage initiatique de Candide, qui commence à comprendre que le "meilleur des mondes possibles" de Pangloss est une illusion face à la réalité brutale de l'exploitation humaine. Cette prise de conscience progressive participe à la construction du personnage et à l'évolution de sa pensée, le menant vers la conclusion célèbre qu'il "faut cultiver notre jardin", une philosophie plus pragmatique et moins naïve.