Le discours du lion et l'hypocrisie des courtisans
Le discours du lion, représentant le roi, est un modèle d'hypocrisie habilement construite. Il commence par une fausse humilité en proposant que le plus coupable se sacrifie, tout en sachant qu'il ne sera pas désigné.
Quote: "Que le plus coupable de nous / Se sacrifie aux traits du céleste courroux"
Le lion avoue ses crimes (dévorer des moutons et même un berger) mais utilise des restrictions subtiles pour éviter toute conséquence:
- "S'il le faut, je me dévouerai"
- "Mais je pense qu'il est bon que chacun s'accuse"
Les courtisans, représentés par le renard, le tigre et l'ours, font preuve d'une flagornerie éhontée. Ils minimisent les crimes du roi et vont jusqu'à les présenter comme des honneurs pour les victimes.
Example: Le renard déclare: "Vous leur fîtes Seigneur / En les croquant beaucoup d'honneur"
Cette scène illustre parfaitement l'hypocrisie et l'injustice dans les fables de La Fontaine, montrant comment les puissants se protègent mutuellement au détriment des plus faibles.
La désignation du bouc émissaire et la morale
Le contraste est saisissant lorsque l'âne, symbole de l'innocence et de la faiblesse, confesse honnêtement une faute mineure: avoir brouté un peu d'herbe dans le pré des moines.
Cette confession déclenche une réaction violente et disproportionnée de la part des autres animaux. Le loup, en particulier, se fait le porte-parole de cette injustice criante:
Quote: "Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal"
La condamnation de l'âne pour un acte insignifiant, alors que les crimes graves du lion sont excusés, illustre parfaitement l'injustice du système.
La fable se conclut par une morale percutante qui résume l'essence de la critique sociale de La Fontaine:
Quote: "Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."
Cette conclusion invite le lecteur à analyser "Les Animaux malades de la peste" de La Fontaine comme une dénonciation puissante des inégalités et de l'arbitraire de la justice dans la société du 17e siècle. À travers le symbolisme des animaux, La Fontaine parvient à critiquer subtilement mais efficacement les travers de son époque, tout en évitant la censure grâce à l'allégorie animale.