Présentation des Caractères de La Bruyère

"Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle" est un recueil essentiel de la littérature française classique. Jean de La Bruyère y déploie une écriture à la fois satirique et moraliste pour observer la nature humaine avec perspicacité.

L'œuvre est structurée en plusieurs livres, chacun explorant un aspect particulier de la société. Dans le livre V "De la Société et de la Conversation", l'auteur analyse l'art d'être en société, tandis que le livre VI "Des Biens de Fortune" critique le rôle déstabilisateur de l'argent dans l'ordre social.

Le livre VII "De la Ville" présente la ville comme un théâtre où tout est masqué, où le regard devient instrument de comparaison et de moquerie. Dans les livres VIII et IX, La Bruyère dresse respectivement le portrait satirique de la cour de Louis XIV et des hommes de la haute noblesse, opposant souvent le rang social au mérite véritable.

À retenir ! "Les Caractères" ne se contente pas de décrire son époque mais propose une vision intemporelle de l'humanité qui résonne encore aujourd'hui, ce qui explique sa place dans le programme de français.

Les grands thèmes des Caractères

L'honnête homme, cet idéal du XVIIe siècle, constitue un thème central des Caractères. La Bruyère présente souvent des contre-modèles, comme Théodecte (V, 12), trop théâtral, ou Narcisse (VII, 12), uniquement préoccupé par lui-même. L'honnête homme, au contraire, se distingue par sa modestie et sa maîtrise des relations sociales.

Le théâtre du monde représente un autre motif majeur dans cette œuvre moraliste. La société est décrite comme une scène où chacun met en scène sa richesse dans un univers d'artifice. Le regard y est omniprésent - tout est spectacle et destiné à être vu, comme l'illustre ce "spectateur de profession" (VII, 13) qui fréquente la Cour uniquement pour voir et être vu.

La Cour et la ville sont dépeintes comme des espaces de changement perpétuel où rien n'est stable. Dans le résumé des Caractères, La Bruyère livre 5 à 10, on observe que ces lieux sont dominés par la figure de la Roue de Fortune qui fait et défait les destins aveuglément.

L'argent perturbe l'ordre social censé reposer sur le mérite. Dans "Des biens de Fortune", La Bruyère montre comment la richesse est devenue un instrument de décadence qui exclut celui qui n'en possède pas, comme le malheureux Phédon (VI, 83).

Conseil de lecture: En lisant Les Caractères de La Bruyère, prête attention à la façon dont il critique l'art de gouverner dans le livre X. Sa vision d'un roi comme "Père du peuple" qui doit assurer la paix plutôt que poursuivre sa gloire personnelle reste étonnamment moderne.

Le style et l'écriture des Caractères

La Bruyère adopte une écriture incisive qui prend souvent la forme de maximes brèves au présent de vérité générale. Son style relève avant tout d'une écriture satirique qui lui permet de brosser rapidement des caricatures efficaces grâce à des portraits en action.

L'auteur utilise habilement l'effet cumulatif pour montrer la démesure et l'impolitesse choquante de ses personnages. Dans Les Caractères, La Bruyère PDF que l'on trouve en ligne, on peut observer comment il dénonce la comédie sociale : chacun essaie de paraître pour ce qu'il n'est pas, s'éloignant ainsi de l'idéal de l'honnête homme.

Bien que La Bruyère présente son œuvre comme une simple continuation des Caractères de Théophraste, il enrichit considérablement le modèle pour créer un véritable chef-d'œuvre. Ses remarques dressent un tableau des mœurs du XVIIe siècle tout en tendant vers l'universalité, car derrière chaque portrait se cache la peinture d'un type humain intemporel.

Pour mieux dénoncer cette comédie sociale, l'écriture des Caractères de La Bruyère se fait délibérément théâtrale. Certaines remarques adoptent la forme de dialogues, tandis que d'autres portraits s'apparentent à de véritables saynètes comiques, comme celui d'Arrias qui se termine par un coup de théâtre. Ce style vivant révèle l'hypocrisie et la rivalité qui se cachent sous l'artifice social.

Astuce d'analyse: Dans une dissertation sur Les Caractères de La Bruyère, montre comment l'œuvre peut être considérée comme une véritable "comédie de mœurs" grâce à son écriture théâtrale et à sa mise en scène des comportements sociaux.

Citations clés des Caractères

Les citations des Caractères offrent une porte d'entrée idéale pour comprendre la vision critique de La Bruyère. Quand il écrit : "L'on se donne à Paris (...) pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres" (VII, 1), il souligne le caractère superficiel des relations sociales urbaines.

La condition des courtisans est parfaitement résumée par cette formule percutante : "Qui est plus esclave qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus assidu" (VIII, 69). Dans ce portrait des Caractères, La Bruyère révèle la servitude volontaire de ceux qui cherchent les faveurs royales.

Certaines maximes des Caractères ont une portée universelle qui dépasse leur contexte : "On peut être savant avec peu d'esprit, et habile avec peu de jugement" (V, 1) ou "Le silence est souvent plus éloquent que la parole" (VIII, 2). Ces observations sur la nature humaine expliquent pourquoi Les Caractères de La Bruyère fascinent encore les lecteurs modernes.

L'art de l'accumulation est visible dans des formules comme "il rit, il crie, il éclate" ou "il mange, il boit, il conte, il plaisante" (V, 12), qui peignent avec vivacité l'excès de Théodecte. Dans l'analyse linéaire des Caractères, La Bruyère utilise souvent ce procédé stylistique pour accentuer les traits de ses personnages.

Conseil d'examen: Pour réussir ton analyse des personnages principaux des Caractères de La Bruyère, choisis quelques citations frappantes qui illustrent parfaitement les vices ou travers que l'auteur cherche à dénoncer, comme "L'air de Cour est contagieux" (VIII, 14).