Dans Les Caractères, La Bruyère nous présente un portrait saisissant de la société française du XVIIe siècle à travers le contraste entre Giton et Phédon.
Le texte "Des biens de fortune" met en scène deux personnages emblématiques qui incarnent les extrêmes de la hiérarchie sociale. Giton, le riche bourgeois, est dépeint avec une attitude hautaine et présomptueuse. Sa démarche, ses gestes et son comportement reflètent son opulence et sa vanité. Il occupe l'espace avec assurance, parle avec autorité et regarde les autres avec dédain. À l'opposé, Phédon, le pauvre, est caractérisé par sa timidité et son effacement. Sa présence est discrète, presque invisible, et son attitude traduit la honte et l'embarras liés à sa condition sociale.
La Bruyère utilise une technique narrative particulière dans cette analyse des mœurs de son époque. À travers une description détaillée et une analyse linéaire minutieuse, l'auteur construit un parallèle systématique entre les deux personnages. Chaque aspect de leur vie - leur apparence, leur comportement en société, leur manière de parler - est méticuleusement comparé pour souligner le fossé qui sépare les classes sociales. Cette structure en miroir, caractéristique des Caractères, permet de mettre en évidence l'influence déterminante de la fortune sur les relations sociales et le comportement humain. Le texte constitue ainsi une critique acerbe de la société de l'époque, où la valeur d'un individu est jugée uniquement à l'aune de sa richesse matérielle. Cette œuvre majeure de la littérature française continue de résonner avec les lecteurs contemporains par sa pertinence et son analyse perspicace des rapports sociaux.