L'Analyse des "Des Cannibales" et "Des Coches" de Montaigne : Une Critique de l'Ethnocentrisme Européen
Dans ses essais "des cannibales" et "des coches", Montaigne développe une critique acerbe de l'ethnocentrisme européen face aux peuples du Nouveau Monde. À travers une analyse approfondie, l'auteur démontre comment les Européens, se considérant comme civilisateurs, ont imposé violemment leur mode de vie et leur religion aux peuples indigènes.
Définition: L'ethnocentrisme est la tendance à considérer sa propre culture comme supérieure et à juger les autres cultures selon ses propres critères.
La vision de Montaigne s'oppose radicalement à la doxa de son époque. Il présente les habitants du Nouveau Monde comme des êtres dotés d'intelligence, possédant leurs propres coutumes et un mode de vie en harmonie avec la nature. Cette description contraste fortement avec l'image du "sauvage" véhiculée par ses contemporains. Les Indiens, selon Montaigne, incarnent une vertu et une pureté authentiques, vivant dans un état proche du jardin d'Eden.
Citation: "Il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation ... sinon que chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage."
L'auteur utilise habilement le parallèle entre les pratiques européennes et indiennes pour démontrer l'hypocrisie de ses compatriotes. Alors que les Européens condamnent le cannibalisme rituel des Indiens, Montaigne souligne que la torture et les persécutions religieuses pratiquées en Europe sont bien plus barbares. Il décrit notamment comment les conquistadors ont brutalement traité le dernier roi du Pérou, illustrant la cupidité et la cruauté des colonisateurs.
Point Important: La critique de Montaigne ne se limite pas aux actions physiques, mais s'étend également aux valeurs morales corrompues des Européens : l'avarice, la trahison, la dissimulation et l'envie.
La conclusion de "des coches" présente une scène particulièrement révélatrice où des Indiens, amenés à Rouen, portent un regard critique sur la société française. Leurs observations sur les inégalités sociales et l'absurdité de certaines coutumes européennes renforcent la thèse de Montaigne : la véritable barbarie réside peut-être dans la société qui se prétend civilisée.