L'osmose entre Ophélie et la nature
Dans les deux dernières strophes, la fusion entre Ophélie et la nature devient le thème central. Le champ lexical de la nature s'intensifie avec "Le vent", "les eaux", "les saules", "les roseaux", "Les nénuphars", révélant une nature omniprésente.
Rimbaud utilise de nombreuses personnifications qui animent les éléments naturels : "Le vent baisse ses seins", "Les saules frissonnants pleurent", "Les nénuphars froissées soupirent". Ces éléments semblent compatir au sort d'Ophélie et l'accompagner dans sa mort, créant une atmosphère de deuil collectif.
Le corps d'Ophélie est évoqué par quelques parties significatives : "ses seins", "épaules", "son grand front". Ces références suffisent à incarner le personnage tout en soulignant sa féminité et sa maternité, renforcées par des expressions comme "bercés" et "nid". L'image "bercés mollement par les eaux" suggère que la nature console Ophélie.
💡 Tu peux voir ce poème comme un double portrait : celui d'Ophélie mais aussi celui du jeune Rimbaud qui, à travers cette figure, exprime ses propres tourments poétiques.
Finalement, Rimbaud utilise le mythe d'Ophélie pour évoquer sa propre expérience poétique. À travers cette figure spectrale et son osmose avec la nature, il exprime la désillusion et l'errance de son esprit tourmenté d'adolescent. Ce thème se poursuivra dans "Le Bateau ivre", écrit un an plus tard, où la nature devient également le cadre d'expression privilégié du poète.