Dans Les Caractères publié en 1688, Jean de La Bruyère, un célèbre moraliste du XVIIème siècle, dresse une série de portraits satiriques. La Bruyère condamne et raille les mœurs de la Cour. Cette remarque est la septième du chapitre "De la société et de la conversation" ainsi que le premier portrait singulier. Elle prend la forme d'un dialogue fictif entre Acis, un beau parleur sans esprit et le moraliste, qui se met en scène pour y faire une dénonciation piquante des défauts.
La théâtralisation d'un échange
Un faux dialogue entre le moraliste et Acis (1.1 à 10)
L'extrait repose sur la représentation d'un faux dialogue entre le moraliste et Acis. Celui-ci utilisant un ensemble de procédés tels que l'usage de questions rhétoriques, de tournures négatives redoublées et de l'alternance discours direct et indirect pour accentuer son incompréhension face aux propos de son interlocuteur. Ainsi, la voix d'Acis se fait entendre pour exprimer une objection tout en permettant au moraliste de rester au premier plan.
La complémentarité de l'esprit et de la simplicité (1.11 à 23)
La Bruyère expose son point de vue sur l'art de la conversation en dénonçant à travers les répliques d'Acis son discours pompeux et révélant la cause principale : le manque d'esprit. Face aux excès de langage d'Acis, il prône avec cruauté la qualité de la modération, implicitement valorisée.
Cette remarque dialoguée théâtralise une leçon de comportement en société et une leçon sur l'art de la conversation. Le moraliste, qui prend ici le rôle d'un personnage et se met en scène face à Acis et se présente comme un pédagogue. Il prône le modèle idéal "classique" de l'honnête homme et occupe le premier rôle à travers l'utilisation du "je" et d'un esprit immoral. Cependant, cette remarque reste dynamique et plaisante.