Une justice à deux vitesses
Le lion, roi des animaux, fait preuve d'hypocrisie en s'adressant à la cour avec des termes affectueux ("Mes chers amis"). Il propose un sacrifice pour apaiser la colère divine, avouant avoir "dévoré force moutons". Mais sa confession est calculée - il sait parfaitement qu'il ne sera jamais condamné grâce à son rang.
Le renard, parfait courtisan, s'empresse de flatter le lion avec des termes mélioratifs ("trop bon", "vos scrupules"). Il rabaisse les victimes du lion en les qualifiant de "canailles" et "sottes espèces", justifiant ainsi leur sort par leur infériorité sociale.
Puis vient le tour de l'âne, symbole du peuple naïf. Son crime est ridicule : avoir brouté "quelque peu d'herbe" dans un pré de moines. Pourtant, cette "peccadille fut jugée un cas pendable", illustrant la disproportion flagrante entre la faute et la sentence. L'animal faible devient le bouc émissaire idéal.
La morale de cette fable, exprimée à travers des parallélismes frappants ("blanc ou noir", "puissant ou misérable"), dénonce une justice à deux vitesses où le rang social détermine le verdict. La Fontaine nous livre ainsi une critique acerbe du système judiciaire de son époque, tout en respectant l'idéal classique du "plaire et instruire" (placere et docere).
⚖️ À travers le procès de l'âne, La Fontaine nous rappelle que la justice n'est pas toujours juste - une leçon qui résonne encore aujourd'hui !