Une anecdote révélatrice : structure et analyse
Cette anecdote du cocher se divise en trois mouvements distincts qui permettent à Olympe de Gouges de construire son argumentation. Le texte commence par le récit minutieux de sa matinée, poursuit avec sa dispute avec un cocher, et s'achève sur sa confrontation avec un magistrat.
Dans le premier mouvement, l'autrice établit sa crédibilité par un récit précis. Elle utilise le présent narratif et multiplie les indications temporelles et spatiales : "Neuf heures sonnent", "à neuf heures un quart, à deux montres différentes", "au Pont-Royal", "rue Christine". Ces détails chronologiques créent une impression de fiabilité et de rigueur.
Le champ lexical de l'imprimerie ("en corrigeant mes épreuves", "composition", "impression") présente Olympe de Gouges comme une femme active et autonome. La métaphore "je vole chez mon imprimeur" souligne sa vivacité et son dynamisme. Ce portrait d'une femme travailleuse et précise incite le lecteur à lui faire confiance pour la suite du récit.
💡 Cette mise en scène narrative n'est pas anodine : en se présentant comme une femme rationnelle et organisée, Olympe de Gouges renverse les préjugés de son époque sur l'incapacité des femmes à être logiques et rigoureuses.
Dans le deuxième mouvement apparaît le conflit avec le cocher. Olympe se montre généreuse mais refuse d'être dupée : "l'être équitable aime mieux être généreux que dupe". Face à l'attitude brutale du cocher qui "exige plus" et "fait du bruit", elle reste déterminée et invoque la loi, montrant ainsi qu'elle connaît ses droits.