Analyse détaillée du poème "Vénus anadyomène"

Le premier quatrain de "Vénus anadyomène" plonge immédiatement le lecteur dans une atmosphère macabre et repoussante. Rimbaud subvertit l'image classique de Vénus émergeant des flots en la remplaçant par une apparition grotesque.

Citation: "Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête / De femme à cheveux bruns fortement pommadés"

Ces vers inauguraux établissent un parallèle saisissant entre la naissance mythique de la déesse et l'émergence d'un cadavre. La comparaison avec un cercueil et l'utilisation d'un vocabulaire péjoratif ("fortement pommadés") créent une image aux antipodes de la beauté divine traditionnellement associée à Vénus.

Analyse: La description péjorative des cheveux "fortement pommadés" s'oppose à l'idée de beauté naturelle, soulignant l'artificialité et le caractère déplaisant de cette apparition.

Le poète poursuit sa description en déshumanisant progressivement la figure féminine :

Citation: "D'une vieille baignoire émerge, lente et bête, / Avec des déficits assez mal ravaudés"

La "vieille baignoire" remplace la coquille mythique ou la mer d'où Vénus est censée naître, accentuant le contraste entre le mythe idéalisé et la réalité sordide présentée par Rimbaud. Les adjectifs "lente et bête" ainsi que l'évocation de "déficits mal ravaudés" contribuent à créer une image de décrépitude et de laideur.

Vocabulaire: "Ravaudés" signifie ici mal réparés, suggérant des tentatives infructueuses de masquer les imperfections.

Cette première strophe établit le ton parodique et provocateur qui caractérisera l'ensemble du poème, invitant le lecteur à reconsidérer ses attentes face à la représentation poétique de la beauté féminine.