Les risques de la démocratie selon Tocqueville
Tocqueville identifie un paradoxe troublant : notre passion pour l'égalité peut nous amener à sacrifier notre liberté. Plus les inégalités diminuent dans une société démocratique, moins elles sont tolérées, ce qui crée une quête permanente d'égalité absolue.
Ce phénomène pousse les citoyens à accepter ce que Tocqueville appelle un "doux despotisme" - une réduction progressive des libertés publiques au nom de l'égalité. Les individus, préoccupés par leur bien-être matériel immédiat, se désintéressent des affaires publiques et les délèguent volontiers aux représentants politiques.
Le despotisme démocratique naît précisément de ce désengagement citoyen. Quand les individus se retirent de la sphère publique, les dirigeants politiques accumulent les fonctions et se professionnalisent, favorisant l'émergence d'un État centralisé qui contrôle l'ensemble de la vie publique.
Tocqueville met également en garde contre la tyrannie de la majorité, autre danger majeur. Les élus représentant la majorité peuvent imposer leurs décisions aux minorités sous prétexte d'incarner "la volonté du plus grand nombre", négligeant ainsi l'intérêt général et marginalisant certains groupes sociaux.
💡 À méditer : La démocratie ne se limite pas au vote majoritaire. Une vraie démocratie protège aussi les droits des minorités et encourage la participation active de tous les citoyens aux affaires publiques.